Supervision des droits d’accès : la Maison des familles sonne l’alarme

Par Karianne Nepton-Philippe 5:00 PM - 2 mai 2023 Initiative de journalisme local
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La Maison des familles de Baie-Comeau veut reprendre le service de supervision des droits d’accès. Photo courtoisie

La Maison des familles de Baie-Comeau | Centre de ressources périnatales de la Manic tente d’offrir la supervision des droits d’accès, mais se bute à des refus d’aides financières.

Stéphanie Saint-Gelais, directrice générale de la Maison des familles, sonne l’alarme sur sa situation par rapport au service qu’elle veut donner à la population.  Depuis deux ans, il n’existe plus de service de supervision des droits d’accès (SDA) dans la Manicouagan. L’organisme du même nom a été contraint de fermer, faute d’employés et bénévoles. 

« Avant même la dissolution, la présidente de l’organisme m’avait interpellé. Elle m’a demandé si la Maison des familles aimerait reprendre le service », explique Mme Saint-Gelais. Le processus a donc été enclenché, mais ce n’est pas sans embûches. 

Être aux normes 

Pour la SDA, la Maison des familles doit se conformer au guide normatif créé par le gouvernement du Québec. « C’est très normé et ça demande beaucoup d’ajustements, autant physiquement avec nos locaux, qu’au niveau des employés », spécifie la directrice générale. 

Un local, situé à l’arrière du bâtiment et servant d’annexe, offre une solution idéale, puisque les usagers de la fonction ne peuvent croiser ceux de la Maison des familles. Mais l’annexe n’est pas conforme. « On ne peut pas l’utiliser en ce moment, parce que la porte n’est pas accessible et il y a en plus de l’amiante », précise-t-elle. 

Actuellement, les travaux sont évalués à 200 000 $, plus les coûts d’ingénierie et d’architecture de 55 000 $. Selon Stéphanie Saint-Gelais, cela apporterait la possibilité de créer un milieu de vie adéquat pour l’enfant, ainsi qu’un système assurant la sécurité de toutes les parties. 

Pas de fonds 

« Il y a un guide normatif, je dois me conformer. Je ne réponds pas aux besoins, donc j’ai besoin d’argent pour me conformer », constate celle qui veut que ça aboutisse.

« J’ai cogné à beaucoup de portes pour avoir accès à du financement », exprime-t-elle, découragée des refus. La réponse : « Nous sommes conscients que ton service est important, mais on ne pourra pas donner d’appui si ton montage financier n’est pas plus avancé. »

Des bailleurs de fonds peinent à l’aider pour la simple raison qu’une partie de l’argent servira aux rénovations de l’infrastructure. Selon elle, il s’agit plutôt d’une remise à neuf pour implanter un service inexistant. 

Elle s’est aussi fait répondre que si le milieu se mobilise, il sera possible ensuite de débloquer des fonds. Ce qui l’amène à lancer un cri du cœur : « Est-ce qu’il y a des gens qui croient suffisamment à ce service-là, qui est essentiel pour permettre que l’enfant ait accès au deuxième parent de manière sécuritaire? Si vous y croyez, soutenez-nous! »

Elle a, à ce jour, seulement 60 000 $ de la part du CISSS de la Côte-Nord, de Centraide Haute-Côte-Nord–Manicouagan, de l’ancien organisme, du ministère de la Justice et du ministère de la Santé des services sociaux.

Mme Saint-Gelais reçoit en contrepartie de l’accompagnement. Peggy Bourque-Ouellet, l’attachée politique du député Yves Montigny, s’est mise à la recherche de programmes. Celle-ci indique qu’il est difficile d’obtenir du financement pour des travaux.

La directrice générale a d’ailleurs fait des approches auprès de six ministères, mais elle se désole que « chacun se relance la balle ».

Les besoins du milieu 

Plus de 60 familles utilisaient le service avant la pandémie et, selon Mme Saint-Gelais, les besoins ont augmenté. Pour l’instant, l’organisme peut offrir le service d’échange de garde seulement.

Rappelons que la SDA vise à offrir à un enfant et ses proches un lieu sécuritaire. Il est utilisé après une ordonnance de la Cour supérieure, la Cour du Québec ou la Chambre criminelle et pénale. Il peut aussi découler d’une entente entre les parents. 

Mme Saint-Gelais réitère sa pertinence : « La SDA, on le fait pour l’enfant, pour sa sécurité. » Elle demande : « Est-ce que les entreprises peuvent se mobiliser? »

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