Comment le financement pour les élèves doués est dépensé sur la Côte-Nord?

Par Karianne Nepton-Philippe 5:00 PM - 23 mai 2023 Initiative de journalisme local
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Un investissement gouvernemental de 30 M$ pour les élèves doués est en vigueur depuis 2020. Photo iStock

Depuis trois ans, 547 036 $ ont été injectés par le gouvernement provincial dans les quatre centres de services scolaires (CSS) de la Côte-Nord afin d’aider les élèves doués. Puisqu’il n’existe aucun suivi provincial, il faut s’en remettre aux établissements savoir comment l’argent a été dépensé. 

Pour bien comprendre l’initiative de départ, il faut remonter en mars 2020, lorsque le gouvernement du Québec a annoncé dans son budget la Mesure 15027 — Soutien à la réussite éducative des élèves doués (à haut potentiel).

Celle-ci se présentait sous forme d’aide financière, sur trois ans, soit un investissement d’environ 10 M$ par année. 

Le but ? « Soutenir la persévérance scolaire et le développement du plein potentiel des élèves doués du primaire et du secondaire par la mise en place d’actions ajustées à leurs besoins », comme l’indique le responsable des relations de presse des ministères de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Famille, Bryan St-Louis. 

L’argent serait donc distribué dans chaque CSS pour permettre aux établissements, par exemple,  d’offrir du mentorat, d’élaborer de nouveaux projets, de soutenir la formation ou l’accompagnement des enseignants et des intervenants scolaires. 

Quels sont les besoins ? 

Mais pourquoi un enfant doué a besoin d’accompagnement au même titre qu’un élève en difficulté ? « On a la vision qu’un enfant doué, c’est un enfant qui réussit dans tout. Mais il y en a plusieurs qui sont décrocheurs. Il y a des enfants doués qui peuvent vivre des difficultés à l’école », explique Audrey Caron, psychoéducatrice en pratique privée à Baie-Comeau.

« Il y a des élèves qui ne se voient pas du tout dans le système scolaire ou qui s’ennuient. Ceux qui ont en plus un diagnostic ont plus de chance de vivre des difficultés », ajoute-t-elle. Effectivement, il y a parfois plusieurs diagnostics, comme une douance et un trouble d’apprentissage ou une douance et un déficit d’attention. 

Mme Caron remarque une évolution : « Je constate, dans les écoles et le centre de services scolaire, qu’il y a une diversification des services qui sont offerts aux élèves doués. Il y a une plus grande ouverture et il y a plusieurs élèves à haut potentiel pour lesquelles on va mettre en place différentes stratégies. »

« Je pense par contre que c’est un début. Il y a encore des choses à mettre en place, parce que les élèves doués ont différents besoins. Il n’y a pas de profil unique, donc il n’y a pas de solution unique », rappelle la psychoéducatrice. 

Pas de suivi du ministère

Comme indiqué en début d’article, plus de 500 000 $ ont été alloués sur la Côte-Nord depuis l’instauration de cette mesure. Le gouvernement a accordé au total 30,2 M$ pour l’ensemble des centres de services scolaires au Québec. 

« Par contre, le ministère ne possède pas d’informations sur le type de classes ouvertes puisque les modalités d’organisation de services appartiennent aux centres de services scolaires et aux commissions scolaires », précise Bryan St-Louis par courriel. 

À quoi sert l’argent chez nous?

Le CSS de l’Estuaire, qui a reçu 183 334 $, s’est donné le mandat « d’accompagner et supporter les enseignants dans leurs pratiques pédagogiques pour supporter les élèves à besoins particuliers, que ce soit des élèves en difficulté, les élèves doués ou tous les élèves ayant besoin d’accompagnement », comme le soutient Patricia Lavoie, régisseuse aux communications. 

En ce sens, les sommes sont incluses dans le « panier de services offerts aux élèves ». Cette centralisation se veut un moyen d’ajouter de nouveaux professionnels. Il est question ici de psychoéducateurs, travailleurs sociaux, ergothérapeutes et conseillers d’orientation.

Mme Lavoie précise : « Nos directions ont jugé plus gagnant de regrouper ces sommes pour ajouter des ressources qui seront déployées dans tous les milieux pour supporter les équipes-écoles plutôt que de répartir les sommes entre les établissements, ce qui aurait laissé très peu d’argent à chacun des milieux. »

Du côté du CSS du Fer, une somme globale de 181 563 $ a été injectée. La directrice des services éducatifs, Kathleen Boulianne, explique que les sommes ont permis à certaines professionnelles du CSS de préparer une capsule vidéo de sensibilisation quant à la douance. 

Elle a été élaborée de façon volontaire par des enseignants et des membres de la direction. Elle a été présentée à l’ensemble des professionnels et directions d’établissement du primaire et du secondaire et lors d’une rencontre régionale entre intervenants scolaires.

Il s’agit d’une mesure permettant de mieux encadrer les besoins et rapidement mettre en place des interventions pour les élèves doués dans leur classe. Les allocations ministérielles permettent aussi aux professionnels de bien assurer un suivi pour ces élèves. 

Pour sa part, le directeur des services éducatifs du CSS de la Moyenne-Côte-Nord, Eric Faguy, parle de formation dédiée au personnel scolaire ainsi que d’augmentation du soutien en éducation spécialisée pour répondre aux besoins des élèves.

L’organisation a reçu le deuxième plus petit montant, soit un total de 94 017 $, tout juste au-dessus du CSS du Littoral, avec 88 122 $, soit la plus petite allocation. Ce sont les deux seuls centres de services scolaires à recevoir en deçà de 100 000 $. 

Allocations par organisme de la Côte-Nord :

(2020-2021 / 2021-2022 / 2022-2023)

CSS du Littoral : 28 258 $ / 29 568 $ / 30 296 $

CSS de la Moyenne-Côte-Nord : 30 194 $ / 31 686 $ / 32 137 $

CSS du Fer : 58 133 $ / 61 926 $ / 61 504 $

CSS de l’Estuaire : 58 402 $ / 62 606 $ / 62 326 $

Sommes accordées au niveau provincial par le gouvernement :

Année scolaire 2020-2021 : 9,6 M$

Année scolaire 2021-2022 : 10,4 M$

Année scolaire 2022-2023 : 10,3 M$

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