Le maire de Ragueneau comparaît pour des manquements en éthique et déontologie

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 6 juin 2023
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Le maire de Ragueneau, Raymond Lavoie, a comparu, lundi, devant un juge administratif de la Commission municipale du Québec pour cinq manquements au Code d’éthique et de déontologie en matière municipale. Une recommandation commune, prévoyant notamment une suspension de 65 jours, a été déposée

Le maire de Ragueneau, Raymond Lavoie, a comparu, en fin d’après-midi le lundi 5 juin, devant le juge Thierry Usclat, de la division juridictionnelle de la Commission municipale du Québec (CMQ), pour des manquements au Code d’éthique et de déontologie révisé des élus. Ils sont liés dans la plupart des cas à un manque de respect.

Élu en novembre 2021, M. Lavoie est visé par cinq plaintes. Hier, une recommandation commune des des deux parties a été proposée au juge administratif.

Le plus récent manquement remonte à la mi-mars 2023. « L’élu a manqué de respect à une conseillère présente en frappant vigoureusement avec le plat de la main et le bras sur le bureau et en lui enjoignant de quitter le caucus immédiatement », écrit la CMQ dans le document sur la citation.

Le maire Lavoie a également manqué de respect du maire deux conseillers lors d’une rencontre au bureau municipal autour du 8 novembre 2022.

Finalement, trois événements datent de juin 2022. L’un fait référence à un manque de respect à l’égard de l’ancienne directrice générale, « sous-entendant qu’elle est menteuse et qu’il l’enregistrera la prochaine fois ».

Le même jour, l’élu a également manqué de respect aux personnes présentes à caucus « en tenant des propos déplacés et en frappant vigoureusement avec le plat de la main et le bras sur son bureau ».

Enfin, Raymond Lavoie est également cité en déontologie pour avoir divulgué, à une dizaine de reprises, des informations confidentielles à propos d’un employé à une dizaine de citoyens, « portant atteinte à la réputation de l’employé », est-il écrit.

Assumer ses erreurs

Au téléphone vendredi dernier, M. Lavoie a reconnu avoir faire des erreurs et être prêt à assumer. Le 31 mai, il a signé un plaidoyer de culpabilité à chacun des cinq chefs.

Il a justifié notamment les coups avec sa main sur un bureau par l’absence de son habituel marteau. « Le MAMH m’a dit de prendre le marteau, mais je l’avais oublié. »

Dans les faits, il possède ses explications pour chacun des manquements et martèle que ce qu’il a dit ou a fait de répréhensible, ç’a toujours été dans l’intérêt des citoyens de Ragueneau.

La recommandation présentée au juge prévoit une suspension de 65 jours de toutes activités liées à son rôle de maire. Il devra aussi participer à une formation sur l’éthique et la déontologie.

Selon lui, il était passible d’une amende de 20 000 $. « Ils (les avocats de chaque partie) se sont entendus qu’ils ne me donneront pas de pénalité, car j’ai reconnu que j’avais fait des erreurs », a-t-il indiqué.

Se tourner la langue

Au cours de l’audience de lundi, à laquelle Le Manic a assisté par visioconférence, le juge Usclat a invité M. Lavoie à se tourner la langue sept fois avant de parler à l’avenir.

Le juge Thierry Usclat, de la Commission municipale du Québec, a recommandé au maire Raymond Lavoie de faire attention à ses paroles, même si en politique municipale, les émotions sortent, parfois, a-t-il ajouté. Photo capture d’écran

“C’est sûr qu’en politique municipale, des fois, les émotions sortent. Je le dis toujours, dans tous les dossiers, tournez votre langue sept fois dans votre bouche avant de parler. Ça, vous allez avoir le temps d’y penser parce qu’aujourd’hui, même un poing sur la table, ça ne passe plus.”

L’avocate du maire a d’ailleurs fortement recommandé au maire de laisser tomber le marteau dorénavant pour contrôler les échanges en séance du conseil. “Ce n’est pas illégal, le marteau, le problème, c’est qu’on l’a vu à la télévision, il y avait le lancer du marteau aussi. Il y en a qui ont lancé le marteau sur d’autres conseillers”, a ajouté le juge.

Le magistrat rendra sa décision par écrit, une décision dans laquelle seront notés les facteurs atténuants, a-t-il assuré. La suspension de 65 jours devrait commencer le 13 juin. Le maire devra suivre sa formation en éthique et déontologie dans un délai de 60 jours.

Enfin, bien qu’il n’en fasse pas une obligation, le juge Usclat a suggéré à M. Lavoie de présenter des excuses aux plaignants pour avoir tenu des propos qui les ont offensés.

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