Audrey-Lise Rock-Hervieux alias Maman autochtone 

Par Karianne Nepton-Philippe 1:00 PM - 7 juin 2023 Initiative de journalisme local
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Audrey-Lise Rock-Hervieux, fondatrice et blogueuse de « Maman autochtone », est une mère innue de 2 enfants de la communauté autochtone de Pessamit. Photo courtoisie

Audrey-Lise Rock-Hervieux relève d’un parcours atypique, mais se sent aujourd’hui à sa place et fière d’être en mesure de partager son histoire et ses pensées. 

Maman autochtone est le blogue d’Audrey-Lise Rock-Hervieux.

Même avec la peur de se faire juger, son sentiment du syndrome de l’imposteur ou encore son parcours plutôt chaotique, la jeune femme de Pessamit s’est lancé le défi, il y a plus d’un an, de partager son histoire avec le monde. 

Pour se rendre où elle est aujourd’hui et pratiquer un métier qu’elle aime, elle a dû passer par plusieurs obstacles et remises en question. 

Route sinueuse 

Son parcours, elle le qualifie elle-même de difficile. Plus jeune, elle a été aux prises avec des troubles de consommation. Mais la rencontre de son conjoint a été une étape importante dans sa volonté de se prendre en main. 

« C’est grâce à lui en partie que je suis devenue la personne que je suis aujourd’hui, parce qu’il m’a toujours encouragée à aller plus loin, à me dépasser, à croire en moi et à relever des défis constamment », déclare l’Innue. 

Carrière en éducation 

La jeune femme de 34 ans a débuté sa profession dans le domaine scolaire en faisant de la suppléance. Ont suivi ensuite plusieurs opportunités pour lesquelles elle a choisi de parfaire ses connaissances avec plusieurs cours à l’université. 

En revanche, cette carrière ne s’est pas avérée ce dont elle pensait. « On m’avait pitché dans un monde complètement inconnu, je devais donc aller chercher d’autres connaissances », raconte Mme Rock-Hervieux sur le moment où elle s’est retrouvée à enseigner dans une classe d’adaptation scolaire.

Autour d’elle, on l’encourageait aussi à foncer et à s’inscrire à l’école dans le but de s’ouvrir des portes pour l’avenir. 

L’enseignement autochtone, la psychoéducation ou encore l’enseignement adapté, à ce moment-là, elle qualifie son état d’esprit ainsi : « Pourquoi pas, je n’ai rien à perdre. […] J’ai tellement souvent abandonné dans la vie que je n’abandonnerai pas cette fois-ci. […] Ça va me donner une autre expérience de plus. »

Manque à combler

Malgré les opportunités devant elle, son travail la rendait de moins en moins heureuse. « Je me remettais beaucoup en question », se souvient-elle. De fil en aiguille, les conditions d’emploi, les études, son environnement de travail commençaient à peser lourd sur son moral. 

C’est lorsque l’Innue est devenue intervenante scolaire dans une école, sans équipe d’intervention pour la supporter, que le verre a finalement débordé. « Je commençais à trouver ça difficile et je rentrais de reculons », poursuit-elle. 

« Je pense que ça m’a pris une hospitalisation pour me rendre compte qu’il se passait quelque chose », raconte Audrey-Lise Rock-Hervieux, hospitalisée pour une méningite en janvier 2022. « C’est là que j’ai commencé à me poser les bonnes questions », lance-t-elle. 

Écrire ses émotions 

La Nord-Côtière raconte également qu’une rencontre avec une dame qui croisait son chemin l’a énormément bousculée. « Écris et libère tes émotions », c’est ce qu’elle a lancé comme idée à la jeune femme, qui prenait conscience qu’elle avait effectivement de la difficulté à partager ses émotions et tendance à tout garder en elle. 

« Elle veut que j’écrive quoi ? Je n’ai jamais écrit de ma vie », pense d’abord Mme Rock-Hervieux, qui a ensuite décidé de noircir les pages blanches sur son ordinateur sans but précis. Tout y passait, ses bonnes comme ses mauvaises expériences depuis son enfance, même ses réflexions. 

Lentement, ses écrits « ont commencé à faire un sens ». 

Partir pour de nouveaux défis

L’Innue a finalement quitté son emploi en éducation en avril 2022. Elle voulait relever de nouveaux défis, mais avait longtemps hésité à faire le saut, par peur de l’inconnu. « Je veux trouver quelque chose qui va m’allumer, qui va me rendre heureuse, me challenger et me faire sortir de ma zone de confort », déclare-t-elle. 

Étant déjà ambassadrice de l’organisme Puamun Meshkenu du Dr. Stanley Vollant, c’est ce dernier qui lui a offert un emploi lors d’une rencontre le lendemain de son départ. Il a vu son potentiel et lui a offert un poste de chargée de projets aux communications et événements. 

Une voix autochtone 

« Je suis bien trop gênée, je ne peux pas me mettre à nu devant tous ces inconnus-là. Les gens vont rire de moi », c’est ce qu’à pensé Audrey-Lise Rock-Hervieux avant de finalement lancer son blogue.

Aujourd’hui, elle est fière de cette carte de visite qui l’amène partout au Québec et même à Ottawa pour donner des discours. Son écriture l’a aussi amenée à se promener sur le terrain pour Terre Innue, comme recherchiste, coordonnatrice de production ou encore assistante-réalisatrice.

« Je veux vraiment avoir la liberté d’écrire ce que je veux et ce que je ressens et écrire sur des sujets qui m’interpellent », lance-t-elle. 

Curieuse d’en apprendre davantage sur la réelle histoire de son propre peuple, elle est allée chercher une panoplie d’informations sur les réalités, les droits et les enjeux autochtones, à l’université. 

« Je suis autochtone et une maman et je veux laisser quelque chose de beau à mes enfants. Je veux que mes enfants soient fiers de leur mère, de ce qu’elle a accompli », souligne la jeune femme. C’est aussi une grande réalisation pour elle : « Je me suis prouvée à moi-même qu’on peut se dépasser constamment, qu’on peut tout faire. »

Il est possible de lire son blogue, Maman Autochtone, sur le web et de suivre ses pages sur les réseaux sociaux.

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