Approfondir la démarche de la Régie de gestion des matières résiduelles de Manicouagan
Installation de la torchère au lieu d’enfouissement à Ragueneau. Photo courtoisie
Afin de comprendre pourquoi la Régie de gestion des matières résiduelles de Manicouagan (RGMRM) envoie une demande à Environnement et Changement climatique Canada sur son nouveau projet de règlement, il est important de démystifier la démarche de la RGMRM.
Rappelons que la Régie de gestion des matières résiduelles de Manicouagan (RGMRM) gère plusieurs plateaux d’opération, dont le lieu d’enfouissement, depuis 2002, situé à Ragueneau. « Dans sa globalité, ce lieu d’enfouissement émet des gaz à effet de serre », indique Isabelle Giasson, directrice générale de la RGMRM.
« Quand la décision a été prise d’aller de l’avant avec un système de captation des GES, des biogaz, il y avait cette préoccupation-là aussi de gérer le lieu d’enfouissement de la bonne façon et on va limiter les impacts à l’environnement », précise Mme Giasson.
Torchère
Le gouvernement du Québec a mis sur pied, en 2013, un système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour lutter contre les changements climatiques.
Concrètement, un protocole permettait de générer des crédits compensatoires pour un petit lieu d’enfouissement, si celui-ci s’équipait d’un projet de destruction ou de valorisation du méthane. Les plus gros sites d’enfouissement ont eu l’obligation de se conformer, sans recevoir de crédits compensatoires.
C’est donc en 2018 que la RGMRM s’est dotée de l’expertise de l’entreprise Terreau Biogaz pour prendre part de façon volontaire à l’initiative. Depuis, l’installation d’une torchère permet la réduction de l’émanation de biogaz dans l’atmosphère.
À ce jour, la RGMRM a réduit son empreinte carbone de plus de 40 000 tonnes de CO2. « La première année, on était aux alentours de 8 000 ou 9 000, là on se maintient à environ 10 000 par année », souligne Isabelle GIasson.
Revenus externes
L’entente que la RGMRM possède avec l’entreprise déclare qu’à partir du moment où toutes les infrastructures seront remboursées par la vente des crédits carbone, il y a des redevances qui pourront être reversées à la régie. « À terme, c’est un peu aussi un investissement », précise Mme Giasson.
Cette dernière rappelle la volonté de la RGMRM de diversifier ses sources de revenus afin d’éviter que les citoyens assument une charge supplémentaire. « Plus on diversifie nos sources de revenus, plus on peut offrir des services de qualité aux citoyens », admet-elle.
« Le but, c’est d’absorber certaines charges qu’on ne serait pas obligé pour ne pas se retourner vers le citoyen pour financer ou rentabiliser la régie », ajoute-t-elle.
2025
Pour l’instant, aucun revenu n’est associé à la vente des crédits carbone, car la RGMRM n’a pas terminé de rembourser les infrastructures liées à la mise en œuvre de la torchère.
Notons que le projet a nécessité des investissements d’environ 2 M$ à ce jour. « Il y a eu dernièrement des ajouts de puits […] pour soutirer le plus de biogaz », précise Isabelle Giasson. « Ce sont des projections. […] Mais à partir de 2025, à chaque année, on recevrait un montant d’argent associé à cette activité-là », indique-t-elle.
En effet, dans un peu moins de deux ans, la RGMRM pourra compter sur cette nouvelle source de revenus pour développer ses nombreux projets en lien avec les changements climatiques dans la Manicouagan.
Enjeu de taille
« La situation qu’on vit présentement, c’est que le nouveau cadre, qui est proposé par Environnement et Changement climatique, c’est comme s’il venait en contradiction avec celui sur lequel notre projet est basé », explique Mme Giasson, faisant référence au cadre réglementaire provincial en place depuis 2013.
« Toutes nos actions s’inscrivent dans ce cadre réglementaire là », ajoute-t-elle. Cependant, elle ne dénigre en rien la volonté derrière le projet du gouvernement fédéral.
« Il est en soi un projet louable […], mais lorsqu’un règlement fédéral est pensé, il a préséance sur les règlements provinciaux », explique-t-elle.
Isabelle Giasson demande aux paliers gouvernementaux d’envoyer un signal clair concernant la possibilité d’épargner les sites déjà en place dans le programme au Québec. « Est-ce que c’est possible d’aller de l’avant pour les lieux d’enfouissement qui n’agissent pas, mais de ne pas pénaliser ceux qui agissent comme nous ? »
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