Rendre le patrimoine innu accessible
Les 2600 photographies de la collection en ligne sur Kalos « Images des traditions innues » présentent des activités traditionnelles. Photo Serge Jauvin, collection « Images des traditions innues » de la bibliothèque de l’Université Laval
L’Institut Tshakapesh et l’Université Laval ont travaillé en collaboration pour rendre accessible une collection unique d’images représentant les traditions innues.
C’est en 2019 que remonte la genèse de ce projet. L’Université avait développé une plateforme numérique permettant de diffuser des photos et du contenu audiovisuel. L’organisation était donc à la recherche de projets pour utiliser cette nouvelle ressource.
« On se demandait si on pouvait faire une contribution concernant le patrimoine documentaire autochtone, c’est-à-dire, de rendre disponible cette ressource pour les communautés », explique Joë Bouchard, bibliothécaire-conseil à l’Université Laval.
Étant bien au fait qu’il y avait plusieurs collections intéressantes à l’Institut Tshakapesh, il les contacte pour voir s’il y a un intérêt à embarquer dans un tel projet.
C’est Maïka Jérôme, technicienne en documentation à l’Institut Tshakapesh, qui est rejointe à ce propos. Lorsque l’Université Laval lui demande s’il existe des photos dans leurs archives qui n’ont pas été numérisées, elle cible rapidement différents fonds.
« On est allé chercher des photos qui représentaient la vie au quotidien sur le territoire », affirme Mme Jérôme.
Parmi celles-ci, on retrouve le fonds Serge Jauvin. Des 2 600 photos faisant partie de la collection, plus de 2 300 ont été prises par M. Jauvin. Au début des années 1980, ce dernier a lui-même suivi, pendant plusieurs mois, une des dernières familles innues à vivre selon le mode de vie traditionnel.
Un aspect original du projet est que des étudiantes universitaires innues ont été engagées pour participer à la description des photos.
« Au lieu que ce soit des bibliothécaires, ou des techniciens en documentation de la bibliothèque de l’Université Laval qui fasse la description des photos, on s’est dit qu’on pourrait voir si ça serait possible que des étudiants innus contribuent au projet », souligne M. Bouchard.
« Les étudiantes innues qui ont participé au projet, elles ont pu développer leurs connaissances sur le mode de vie traditionnel innu et elles nous ont fait part que cela leur a permis de se connecter, ou de se reconnecter avec leurs traditions. C’était vraiment quelque chose de fantastique à entendre pour nous », affirme Joë Bouchard.
Diffuser la culture innue
Pour Mme Jérôme, l’un des grands avantages pour l’Institut Tshakapesh était de diffuser la culture innue. De plus, elle explique qu’étant situé à Uashat mak Mani-utenam, il pouvait être compliqué pour les membres des différentes communautés innues de venir en personne pour consulter eux-mêmes les archives. En les numérisant et en les rendant accessibles sur le Web, les Innus, peu importe où ils sont, pourront avoir accès à leur patrimoine.
« Il y a des gens qui vivent à Pakua Shipi ou Unamen Shipu, en Basse-Côte-Nord. Évidemment que cela va être plus facile pour eux d’aller consulter les photographies sur Internet », dit-elle.
Joë Bouchard va dans le même sens que Mme Jérôme. Ce qui est intéressant avec cette collection est qu’elle peut être utilisée à des fins académiques pour la communauté universitaire, mais il espère, de prime à bord, qu’elle sera consultée par les personnes appartenant à la communauté innue.
Par ailleurs, les internautes sont invités à y contribuer. S’ils peuvent apporter des détails supplémentaires comme l’identité des personnes, ou d’autres éléments figurant dans les photographies (activités, lieux, objets, vêtements, etc.), ils peuvent envoyer les informations directement à partir de la notice de la photo.
Ainsi, les descriptions des photos peuvent être bonifiées, ce qui permet d’avoir une meilleure compréhension de ce qui est présenté sur les images.
Il est possible de consulter la collection « Images des traditions innues » sur la plateforme Kalos, de la bibliothèque de l’Université Laval.
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