Bernard Drainville dévoile son Plan de prévention de la violence et de l’intimidation

Par Caroline Plante 4:27 PM - 27 octobre 2023 La Presse Canadienne
Temps de lecture :

Le ministre de l'Éducation, Bernard Landry. Photo La Presse Canadienne/Francis Vachon

Bernard Drainville a présenté, vendredi, son Plan de prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles qui s’accompagne d’une enveloppe de 30 millions $ sur cinq ans.

Le ministre de l’Éducation a dit avoir visité 54 écoles et entendu plusieurs personnes parler «d’anxiété, d’impatience, d’attitude agressive, d’intimidation et de violence».

Des incidents surviennent entre les élèves, mais aussi entre le personnel, les élèves et leurs parents, a souligné le ministre, en appelant tout particulièrement les parents à faire preuve de «respect et civisme».

«Nous sommes les premiers éducateurs de nos enfants, a déclaré le père de trois enfants. L’éducation, ça commence à la maison. (…) La famille doit faire partie de la solution.» 

De passage à L’Épiphanie, le premier ministre François Legault a également insisté sur la nécessaire «collaboration des parents». «Élever un enfant, c’est la responsabilité de tout un village», a-t-il tenu à rappeler.

M. Drainville avait promis en mars dernier de présenter une stratégie pour contrer la violence dans les écoles, après que la députée libérale Marwah Rizqy eut signalé une hausse des incidents violents partout au Québec.

À Laval, les policiers ont saisi 14 armes aux abords des écoles en 2021-2022, comparativement à six en 2018-2019. À Repentigny, on est passé de zéro à 14 armes saisies en deux ans, avait-elle illustré au Salon bleu.

Le ministre avait reconnu que les écoles du Québec connaissaient des «défis de plus en plus pressants», se disant «extrêmement inquiet» face à cette violence, qui pouvait être le résultat de la pandémie, selon lui.

Documenter, former, soutenir et sensibiliser

Le plan qu’il a présenté vendredi se décline en quatre axes — documenter, former, soutenir et sensibiliser. Il compte 11 mesures, dont la première vise à obtenir un portrait plus clair de la situation dans les écoles.

Une loi en 2012 avait obligé chaque école à se doter d’un plan de lutte contre la violence et l’intimidation, mais ces plans ont depuis «accumulé beaucoup de poussière», selon le ministre.

«La manière de comptabiliser les actes de violence n’est pas uniforme, si bien que je ne peux pas me fier sur les chiffres que j’ai», a-t-il déploré en conférence de presse.

Par exemple, dans certaines écoles, un acte de violence, c’est un acte qui a fait l’objet d’une plainte, alors qu’ailleurs, c’est un geste qui a nécessité un appel aux parents.

«À partir de maintenant, les écoles vont devoir consigner le nombre d’événements de violence et d’intimidation de manière uniforme» pour les transmettre au ministère, a-t-il tranché.

M. Drainville prévoit également l’ajout de contenus obligatoires au primaire et au secondaire, «afin de développer les compétences sociales et émotionnelles» des élèves.

Ceux-ci passeront donc entre sept et neuf heures par année à discuter de santé mentale et de prévention de la violence. Les écoles pourront choisir dans quels cours ces notions seront abordées.

Par ailleurs, l’ensemble du personnel scolaire sera formé pour intervenir efficacement lors de situations de violence et d’intimidation, a indiqué le ministre.

Il prévoit aussi l’embauche d’une ressource professionnelle par centre de services scolaire et dans le réseau privé pour faciliter la mise en oeuvre du plan de prévention.

Des équipes d’intervention spécialisées seront en outre formées dans les écoles présentant un risque élevé de violence. Un protocole d’urgence sera obligatoire dans chaque école. 

En ce qui a trait à la sensibilisation, une journée d’échanges entre experts, politiciens et acteurs du réseau sera organisée, suivie en 2024-2025 d’une semaine sur la prévention de la violence.

Entre-temps, le Programme de prévention de la délinquance par le sport, les arts et la culture sera bonifié, et la ligne d’écoute RENFORT, déployée à la grandeur du Québec, a promis M. Drainville.

Il compte aussi élaborer une campagne publicitaire visant la prévention de la violence et de l’intimidation à temps pour la prochaine rentrée scolaire.

Les syndicats plutôt satisfaits

Vendredi, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a salué l’annonce du ministre.

«Les cas d’intimidation et de violence entre les élèves augmentent, le personnel constate la dégradation de la situation tous les jours», a indiqué le syndicat dans un communiqué.

Son président, Éric Gingras, a tout de même insisté sur l’importance de «s’assurer que le personnel du réseau scolaire reçoive l’appui, le soutien et les ressources nécessaires dans leurs différentes interventions». 

Il a ajouté qu’il aurait préféré que le dossier «soit travaillé avec les gens du milieu et que le ministère s’assure d’attacher tous les fils avant d’en faire l’annonce».

«Celui-ci a encore manqué une occasion de travailler avec les gens du terrain sur une question qui les concerne», a renchéri la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini. 

La cheffe syndicale déplore également qu’«on en rajoute sur les épaules des enseignants, qui devront se former et dispenser du contenu dans le temps d’enseignement qui leur est alloué pour l’ensemble des matières». 

«C’est un plan nécessaire qu’on attendait depuis plusieurs mois», a réagi pour sa part la porte-parole de Québec solidaire (QS) en éducation, Ruba Ghazal.

«Il s’agit d’une charge de plus pour les profs et le personnel scolaire, donc les ressources et le temps doivent être au rendez-vous», a-t-elle cependant ajouté.