La crise forestière frappe la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 4:30 PM - 25 juin 2024
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Boisaco devra fermer son usine de Sacré-Coeur en raison de la crise forestière actuelle. Photo Pixabay

Les fermetures d’usines de bois s’enchaînent dans plusieurs régions du Québec et la Côte-Nord n’y fait pas exception. La crise forestière frappe de plein fouet la région et les entreprises attendent de pied ferme une réforme de l’industrie. 

Du côté du Groupe Boisaco, la scierie de Sacré-Cœur fermera temporairement pour une durée d’un mois. Elle sera au repos forcé du 11 juillet au 10 août.

« L’état actuel du marché est plutôt défavorable avec une baisse de la demande en bois de construction, ce qui génère un niveau d’inventaire élevé », explique la responsable des communications de la coopérative forestière, Julie Labille, précisant que cette situation est « exceptionnelle » et ne se produit pas tous les ans.

Cette mesure touchera une cinquantaine de travailleurs qui demeureront à la maison durant cette période. « Cela impacte aussi nos entrepreneurs », déplore également Mme Labille.

En plus des mises à pied temporaires, cet arrêt lié au contexte actuel entraîne des pertes économiques pour Boisaco en raison de l’augmentation majeure des frais fixes d’opération.

Chez Produits forestiers Résolu, des arrêts sont prévus dans l’ensemble des usines du groupe au cours de l’été pour des périodes allant de deux à trois semaines.

« Ces arrêts ne sont pas anormaux et sont destinés à la prise de vacances, à l’entretien des équipements et parfois à l’ajustement de la production aux conditions de marchés (volume de la demande et prix de vente) », précise le vice-président affaires publiques – Est du Canada et produits du bois, Louis Bouchard.

En ce qui concerne la Côte-Nord, la scierie Outardes cessera ses opérations de sciage durant deux semaines à partir du 30 juin. Cette période servira à la prise de vacances et à l’entretien, ainsi qu’à équilibrer la production. Les activités de rabotages, elles, se poursuivront.

Des mesures seront mises en place afin de limiter les impacts pour les employés touchés. « Des aménagements peuvent être faits afin de minimiser l’impact sur nos employés qui peuvent soit prendre leurs vacances, être réaffectés à d’autres tâches ou encore bénéficier de l’assurance-emploi dans les cas où les fermetures se prolongeraient », soutient M. Bouchard.

Aide gouvernementale

Dans un communiqué, le Parti québécois et son député Pascal Bérubé somment le gouvernement d’agir pour le soutien de l’industrie forestière. 

« Les scieries québécoises sont le pilier de nombreuses communautés, en particulier sur la Côte-Nord, en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Leur fermeture, même temporaire, a des répercussions dramatiques sur les familles et l’économie locale. Le gouvernement doit intervenir de manière urgente pour soutenir ce secteur vital et pour éviter que ces fermetures deviennent permanentes », a déclaré Pascal Bérubé.

Afin de pallier les effets de cette crise, le Parti québécois implore le gouvernement d’accorder des aides financières et des prêts à faible taux d’intérêt aux scieries touchées pour leur permettre de maintenir leurs activités et leurs employés.

Selon lui, il est primordial que la ministre des Ressources naturelles et de la Forêt agisse pour aider les entreprises à se rentabiliser à moyen terme et offrir un régime prévisible aux entreprises.

Quant à la coopérative de Sacré-Cœur, ses solutions vont dans le même sens. Elle propose la mise en place de prêts avantageux pour aider à supporter le fonds de roulement ainsi que d’un programme pour faire face à l’impact des taxes d’importation imposées par les États-Unis.

Boisaco demande aussi de s’assurer que les entreprises aient accès à une juste valeur marchande de la fibre en se dotant d’un système d’établissement des redevances adapté.

« Compte tenu de l’ensemble des enjeux auxquels notre secteur d’activité doit faire face, ajouter des pressions supplémentaires avec le projet de décret fédéral pour la protection du caribou apporte un autre lot d’incertitudes et d’inquiétudes pour nos travailleurs et nos communautés qui doivent rester solidaires pour passer à travers ce contexte de marché difficile », conclut la porte-parole.

Produits forestiers Résolu ne s’attend à rien de moins qu’une « révision en profondeur du régime forestier actuel afin que ce dernier puisse refléter et s’adapter aux enjeux actuels de la foresterie québécoise et répondre aux divers usages du territoire », dévoile le porte-parole.

« Seule une révision du régime forestier sera susceptible d’assurer la pérennité de l’industrie forestière et une cohabitation harmonieuse entre les différents bénéficiaires de la forêt », ajoute Louis Bouchard précisant que l’entreprise a fait part de ses demandes au gouvernement dans son mémoire déposé en marge des consultations publiques sur l’avenir de la forêt.