Des étudiants à la rencontre du patrimoine nord-côtier

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 3 septembre 2024
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Le professeur Maxime Gohier discutant avec les étudiants dans les ruines de l’ancienne scierie à Rivière-Pentecôte.

Une dizaine d’étudiants ont participé à une université d’été portant sur le patrimoine de la Côte-Nord. Ils ont pu sillonner la région de Tadoussac à Sept-Îles, pendant une dizaine de jours.

L’événement qui en était à une sixième édition était organisé par l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). 

« Le but de l’université d’été est de réfléchir aux différentes formes que peut revêtir le patrimoine. On va à la rencontre de sites et d’objets, mais aussi, de discours, parce que le patrimoine n’est pas le même pour tout le monde », explique Jean-René Thuot, professeur d’histoire à l’UQAR.

« On voulait voir à quoi les gens sont attachés et ce qu’il considère qui doit être protégé et mis en valeur sur la Côte-Nord », affirme pour sa part le professeur en histoire à l’UQAR, Maxime Gohier.

Diverses thématiques ont été abordées, dont l’exploitation des ressources, les mouvements migratoires, l’autochtonie, la navigation, les naufrages et les imaginaires de la région.

Les étudiants devront maintenant réaliser un travail de recherche, par rapport aux grands thèmes abordés durant ses journées passées sur la Côte-Nord.

Les étudiants ayant participé à l’école d’été, le long de la plage dans le secteur Moisie, à Sept-Îles. Photo courtoisie

Un patrimoine riche

Un fait particulier dans la région est qu’il n’y a pas énormément de sites classés patrimoniaux. Cela est causé par une sous-représentation d’édifices, ou de sites datant de la Nouvelle-France qui sont souvent protégés et classés. Malgré cela, la Côte-Nord à un riche patrimoine affirment les deux professeurs universitaires.

Il y a tout d’abord le patrimoine industriel, qui est très fort dans la région.

« Depuis le 19e siècle, la Côte-Nord a été soumise à des cycles industriels importants. C’est un territoire où on construit et on déconstruit. Il y a des ruines industrielles à beaucoup d’endroits. Tout cela raconte que la Côte-Nord est un territoire de démesure et de grands projets industriels. Cela fait qu’il y a de grandes structures sur son territoire, mais aussi des ruines », indique Jean-René Thuot.

Un autre type de patrimoine unique de la Côte-Nord est le patrimoine hydroélectrique. Une partie importante d’Hydro-Québec est bâtie sur la Côte-Nord avec les nombreux barrages.

« On parle d’installations qui ont sculpté le paysage et qui sont des bijoux d’ingénierie. C’est un patrimoine collectif de l’État québécois », affirme M. Thuot. « C’est un témoignage fort de la Révolution tranquille », ajoute M. Gohier.

Parmi les autres lieux qui ont retenu l’attention des étudiants durant cet exercice, on peut nommer Le Manoir de Baie-Comeau, l’ancienne base de Moisie à Sept-Îles et l’arboriduc à Port-Cartier.

Le patrimoine innu

Le patrimoine innu a pris une place importante durant la tenue de cette activité. Les professeurs rappellent que le territoire est lui-même un patrimoine important, notamment pour les communautés innues qui ont un fort attachement au Nitassinan, qui a un rôle important dans leur identité. 

Le groupe a pu visiter le Musée Shaputuan et le site de chapelle à Uashat.

Ils ont profité de leur passage pour organiser une présentation du documentaire de 1973 relatant l’histoire de la « Vieille réserve » des Innus de Uashat mak Mani-utenam, au Musée de la Côte-Nord.

« Il y avait 70 personnes qui ont assisté à cet événement, dont des descendants de Marcel Jourdain, l’homme qui est dans le documentaire. Ce fut un moment fort qui a permis de créer une rencontre entre les Innus et les allochtones, où on a pu apprécier un patrimoine documentaire », dit Maxime Gohier.