De plus en plus de carcasses avec lésions retrouvées le long du Saint-Laurent
La carcasse de phoque a été retrouvé sur une plage de Rivière-au-Tonnerre, en août. Photo RQUMM
De plus en plus de carcasses de phoques gris avec des lésions qui semblent le résultat d’attaques de requin blanc sont retrouvées le long des berges du Saint-Laurent.
« C’est quelque chose pour lequel on semble avoir plus de signalements depuis les deux dernières années, surtout vers la fin de l’été », dit Émilie L. Couture, vétérinaire et clinicienne enseignante pour le bureau régional du Réseau canadien pour la santé de la faune.
Pour l’instant, bien que le nombre de carcasses « suspectes » signalées soit en hausse, tout ceci demeure contextuel, note la vétérinaire, qui mène des nécropsies sur les animaux récoltés.
Les phoques, comme celui trouvé sur une plage de Rivière-au-Tonnerre dans les dernières semaines, sont congelés, puis transportés jusqu’à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe.
C’est le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM) qui chapeaute ce transport complexe. Il dispose de deux équipes mobiles d’intervention. L’une a Tadoussac et l’autre, à Rimouski. Elles sont prêtes à intervenir pour récupérer les carcasses, les congeler et les transporter jusqu’à la Faculté de Saint-Hyacinthe.
Depuis tout récemment, le Réseau compte aussi sur l’aide de trois équipes satellites, dont une à Anticosti. Cette dernière s’occupe de récupérer les carcasses en Basse-Côte-Nord et dans les environs. Celles qui font moins de deux mètres sont envoyées dans un congélateur, jusqu’à la base de Rimouski, via le navire Bella Desgagnés.
« Les berges du Saint-Laurent s’étendent quand même loin. L’ajout de capacité de congeler des carcasses est venu de beaucoup augmenter nos capacités à les recevoir ici, en nécropsie », souligne la vétérinaire.
Pour confirmer les hypothèses sur la présence accrue de requin blanc dans le Saint-Laurent, les scientifiques misent sur une technique moléculaire qui permettrait de déceler de leur ADN dans les plaies. La méthode existe déjà, mais doit être adaptée pour l’utilisation en lien avec les requins. On espère y parvenir d’ici la prochaine année.
Pourquoi faire tout ça ?
Documenter les zones où des phoques gris potentiellement attaqués par des requins sont retrouvés peut aider à suivre les populations et les dynamiques d’interaction entre les deux espèces.
Ces informations précieuses contribueront à dresser un meilleur portrait des causes de mortalité des mammifères marins qui occupent notre écosystème.
Prenons par exemple le cas concret des bélugas.
Sur 40 ans d’études des causes de mortalité des bélugas dans le Saint-Laurent, on a découvert un taux de cancer anormalement élevé.
« À la suite de ça, il y a eu des changements opérés dans l’industrie de l’aluminerie qui ont mené à une diminution, voire une disparition de ces cas de cancer », illustre Émilie L. Couture.
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