Réconciliation: des dirigeants autochtones disent qu’il reste du travail à faire
Cassidy Caron, présidente du Ralliement national des Métis, figure sur cette photo. LA PRESSE CANADIENNE/Photo fournie- Ralliement national des Métis-David Stobbe
Le Parti libéral d’aujourd’hui n’est pas tout à fait le même que celui élu en 2015 qui promettait de favoriser de nouvelles voies et des relations de nation à nation avec les peuples autochtones, soutiennent les dirigeants des trois organisations autochtones nationales à l’approche de la quatrième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, lundi.
«Notre moment de réconciliation qui a commencé en 2015 avait vraiment, au début, cet espoir d’un Canada changé», a déclaré Natan Obed, le président d’Inuit Tapiriit Kanatami, une organisation qui sert de voix nationale à 70 000 Inuits au Canada.
«Aujourd’hui, dans de nombreux cas, nous essayons de comprendre comment mettre en œuvre nos positions claires – les choses que nous espérons faire pour faire valoir nos droits ou pour bâtir une meilleure relation avec ce pays. Mais nous constatons les défis que pose la collaboration avec le gouvernement fédéral pour y parvenir, ou même entre les peuples autochtones.»
Cassidy Caron, présidente du Ralliement national des Métis, qui représente les Métis de l’Alberta, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, affirme que le programme du gouvernement a connu un changement radical au moment de la pandémie de COVID-19.
La crise du logement et l’augmentation du coût de la vie ont fait la une des journaux, mais les politiciens n’ont pas reconnu que les peuples autochtones étaient en première ligne de ces crises bien avant qu’elles ne deviennent des sujets de discussion politiques, a-t-elle affirmé.
«À un an des élections fédérales, il reste encore beaucoup à faire, et nous avons la capacité de le faire en partenariat, a-t-elle soutenu. Mais nous avons besoin d’un partenaire volontaire de l’autre côté.»
Cindy Woodhouse Nepinak, cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN) qui représente quelque 630 chefs à travers le pays, a déclaré que la vie des peuples autochtones est littéralement en jeu dans ce partenariat.
Elle a souligné les meurtres de neuf Autochtones par la police au cours des dernières semaines.
«Si une telle situation se reproduisait dans les mêmes proportions dans une autre communauté, ce serait alarmant», a-t-elle déclaré.
«L’ensemble du gouvernement est responsable de cette situation.»
Les ministres des Services aux Autochtones et des Relations Couronne-Autochtones reconnaissent que les progrès ne seront peut-être pas aussi rapides que les peuples autochtones le souhaiteraient, mais insistent sur le fait que leur détermination – et celle de leur gouvernement – n’a jamais faibli.
Pourtant, des points à l’ordre du jour restent non traités, notamment la reconnaissance des droits, les réformes de la protection de l’enfance, le déficit croissant en matière d’infrastructures et l’eau potable.
Un projet de loi controversé
Le débat le plus tendu porte peut-être sur la question de savoir qui est reconnu comme autochtone.
Cette question a atteint son paroxysme après que les libéraux ont présenté le projet de loi C-53, un mécanisme visant à reconnaître officiellement les gouvernements métis en Ontario, en Alberta et en Saskatchewan.
Ce projet devait servir à créer une nouvelle relation entre les Métis et le gouvernement fédéral, mais il a rapidement dégénéré en questions sur ce qui devrait être considéré comme métis après une campagne de pression menée par les Premières Nations qui se sont opposées au groupe ontarien.
L’avenir de cette législation est incertain en raison d’un recours en justice et en l’absence d’un soutien unanime au projet de loi de la part des organisations de la nation métisse incluses dans le projet de loi.
«Le gouvernement fédéral a la responsabilité de trouver un moyen de concrétiser (l’autonomie gouvernementale), en collaboration avec nos gouvernements métis», a soutenu Mme Caron.
M. Obed supplie depuis des années le gouvernement fédéral d’avoir une discussion sur l’identité d’un groupe qui, selon lui, prétend frauduleusement être inuit.
Il affirme que le gouvernement fédéral est trop réticent à prendre des risques en voulant déterminer qui est autochtone, malgré la pression croissante des dirigeants autochtones pour que le gouvernement suive leur exemple et leur compréhension de l’histoire.
«Cette conversation définit l’avenir du Canada, et je ne dis pas cela d’une manière qui est censée être exagérée», a-t-il affirmé.
«Nous allons assister à une nouvelle vague de dépossession fondée sur le choix des Canadiens non autochtones d’être autochtones pour prendre ce qu’ils estiment leur appartenir.»
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, a déclaré que la confirmation des droits des Autochtones était un «processus ardu».
«Ne vous y trompez pas, le rôle du gouvernement canadien n’est pas d’être l’arbitre de l’identité autochtone», a-t-il déclaré.
«Le travail que j’essaie de faire est plutôt de veiller à ce que toute personne qui revendique cette identité bénéficie d’un processus équitable, guidé par l’article 35 (de la Charte), mais aussi par des documents historiques qui peuvent confirmer son identité.»
Les enjeux de la protection de l’enfance et de l’eau potable
La protection de l’enfance est un autre sujet de discorde majeur.
Le gouvernement fédéral a annoncé triomphalement en juillet qu’il avait conclu une entente de 47,8 milliards $ avec les Premières Nations pour réformer le système de protection de l’enfance dans les réserves. Le règlement est intervenu après des années de litige devant le Tribunal canadien des droits de la personne concernant le sous-financement chronique de ces systèmes.
Mme Woodhouse Nepinak a présenté cela comme une victoire pour le gouvernement fédéral dans ses efforts pour changer matériellement la vie des enfants des Premières Nations.
Mais la victoire n’est pas certaine : l’accord a provoqué des divisions parmi les chefs, dont certains pensent qu’il ne va pas assez loin. Il doit être mis aux voix lors d’une assemblée spéciale de l’APN en octobre.
Selon les chefs, un autre projet de loi pourrait changer la vie des Premières Nations : le projet de loi C-61, qui a été élaboré conjointement avec les Premières Nations pour garantir que les communautés disposent d’eau potable et puissent protéger les sources d’eau sur leurs territoires.
Toutefois, le projet de loi est bloqué devant un comité de la Chambre des communes, et de nombreux chefs se demandent si la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, estime que les Premières Nations ont droit à une eau potable propre.
Elle n’a pas répondu directement à cette question lors d’une entrevue, mais a déclaré que le comité avait entendu «une variété d’amendements différents» dans ce sens. Elle a indiqué qu’elle était ouverte à l’adoption de tout changement qui renforcerait l’objectif du projet de loi, qui est «de garantir que les Premières Nations ont accès à une eau potable propre» et qu’elles ont le contrôle de cette eau.
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