Une professeure d’innu-aimun originaire de Mingan développe un jeu vidéo, afin de transmettre la langue et la culture innue aux nouvelles générations.
Le projet est piloté par Yvette Mollen, chercheuse et professeure agrégée au Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal (UdeM).
L’idée de créer un jeu vidéo pour mettre en valeur la langue innue lui est venue durant la pandémie.
Pendant le confinement, Mme Mollen recevait sa fille et sa petite-fille à la maison. Un jour, elle travaillait à son bureau. Elle a entendu sa petite-fille, qui jouait avec sa tablette dans l’autre pièce, prononcer des mots qu’elle ne comprenait pas.
« J’ai demandé à ma fille “mais qu’est-ce qu’elle fait là ?”, et elle m’a dit qu’elle apprenait le mandarin ! », lance Mme Mollen. « Elle prononçait les noms des animaux et le jeu la félicitait ! »
Cet événement a été suffisant pour la convaincre.
« C’est l’ère technologique », affirme Mme Mollen. « C’est sûr qu’il ne faut pas qu’un enfant soit tout le temps collé à ses appareils, mais avec une supervision parentale, il peut apprendre des choses. »
La femme originaire d’Ekuanitshit a consacré sa carrière au maintien et à la valorisation de la langue innue. Ce nouveau projet, réalisé en collaboration avec l’Institut Tshakapesh, est son plus récent effort dans cette mission.
« Des fois, les enfants ont moins accès à la langue », dit-elle. « C’est pour ça que je pense que ça peut aider. On est vraiment dans un moment critique pour les langues autochtones. Ça dégringole et pas à peu près. »
Langue et culture
Le titre du projet, Nui Innu-Aimin : Kushpitau !, signifie Je veux apprendre l’innu : Allons à l’intérieur des terres !, en innu-aimun.
Le projet vise non seulement à enseigner la langue innue, mais aussi à transmettre la culture traditionnelle des peuples autochtones. Pour ce faire, plusieurs activités sont proposées, allant de jeux de mémoire à des exercices plus complexes.
« Pour aller à l’intérieur des terres, il faut camper », indique Mme Mollen. « Dans le campement [le joueur] devra faire le sapinage pour monter la tente. Il devra savoir où mettre les branches. »
Pendant ces activités, les mots associés aux actions effectuées sont soufflés au joueur en innu-aimun. Les activités seront aussi traduites en français, pour que les parents puissent soutenir leurs enfants tout au long de l’expérience.
Mme Mollen veut aussi intégrer une légende dans le jeu, pour permettre aux enfants et aux apprenants de la langue de rester engagés dans l’histoire, au fur et à mesure que celle-ci progresse.
« Dans le prototype, on voit plusieurs personnages. Il y a le grand-père, la grand-mère, les parents et l’oncle qui parlent à un enfant et qui lui apprennent des choses », poursuit la professeure.
Des étudiants à l’œuvre
Des étudiants de l’UdeM et de Polytechnique Montréal collaborent dans la réalisation de ce projet.
« C’est un peu une formation en même temps », note Mme Mollen. « On a engagé des étudiants en design graphique, en animation, et en son. On avait aussi une illustratrice innue. »
Le projet est encore en développement. « Ça va prendre un bout de temps encore », partage la professeure. Parmi les projets envisagés, Mme Mollen cherche à intégrer les dialectes innus du centre et de l’ouest, afin de couvrir une plus large variété linguistique.
Un 5 à 7 a eu lieu au Indie Asylum à Montréal, le 9 octobre, afin de montrer l’avancement du projet jusqu’à maintenant. L’événement était organisé par la Guilde du jeu vidéo du Québec, en collaboration avec l’UdeM, l’Institut Tshakapesh et l’Indie Asylum.
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