CHRONIQUE | Enfin, une bonne nouvelle!

Par Raphaël Hovington 12:00 PM - 31 octobre 2024 Chroniqueur
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Voici une esquisse de ce que pourra avoir l’air le site de production d’ammoniac vert projeté par Hy2gen à Baie-Comeau. Image Hy2gen

Ça y est : Hydro-Québec a accordé 307 mégawatts à Hy2gen pour lui permettre d’implanter une usine d’hydrogène et d’ammoniac vert à Baie-Comeau. La nouvelle est tombée la semaine dernière à la satisfaction de tous.

Les élus y voient un juste retour de balancier après des années de vache maigre. Ils ont entièrement raison. Selon le préfet Marcel Furlong et le maire Michel Desbiens, le démantèlement des vieilles cuves de l’aluminerie Alcoa et l’arrêt des activités de la papetière de Résolu ont libéré des électrons que la Manicouagan a droit de recevoir à nouveau. La région a un urgent besoin d’un regain économique.

L’arrivée de l’entreprise allemande devrait contribuer à créer de 250 à 300 emplois. L’investissement est évalué à un milliard de dollars. Il redonne espoir et fierté aux Baie-Comois. Ils se lamentaient de la grisaille qui obscurcissait le ciel de leur communauté. Quand l’économie va, tout va !

Évidemment, l’avènement d’une entreprise d’une si grande taille ne va pas sans imposer de nombreux défis aux dirigeants locaux. À titre d’exemple, citons la question du logement. La difficulté sera vite surmontée. Selon le maire Desbiens, la Ville travaille avec 11 promoteurs immobiliers. S’il y a problème, c’est un heureux problème, car il est porteur de grandes promesses d’avenir.

Parmi elles, le début d’un solide frein à la décroissance démographique, dont la Côte-Nord est victime depuis quelques années. Le phénomène s’est stoppé de lui-même entre 2022 et 2023, alors que la population a même augmenté d’une personne pour atteindre le chiffre de 89 979. On est loin des belles années, mais ça permet de nuancer les prévisions pessimistes de l’Institut de la statistique du Québec qui anticipe une perte de 12 000 résidents d’ici 2051.

À quoi vont servir l’hydrogène et l’ammoniac qui seront produits à Baie-Comeau ? Selon le PDG d’Hy2gen, Cyril Dufau-Sansot, le projet va servir à décarboner le secteur minier. Dans les faits, ces deux produits entrent dans la composition d’explosifs miniers utilisés par les minières. Ceux-ci seront fabriqués à Fermont par le groupe EPC.

Est-ce que l’usine écoulera toute sa production à Fermont ? La question se pose si elle doit développer d’autres marchés ? Comment sera-t-elle transportée ? Par la route ? Par la mer ? La réponse viendra en temps et lieu. Pour le moment, contentons-nous de savourer cette bonne nouvelle.

Crise en santé             

Le congédiement de la PDG du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord, Manon Asselin, et de la présidente du conseil d’administration de cette organisation, Ginette Côté, a soulevé une rare levée unanime de boucliers sur la Côte-Nord. Tout le monde, médecins, infirmières, syndicats, préfets des MRC dénoncent la décision prise par le gouvernement du Québec.

Le ministre Christian Dubé n’a pas été clair lors d’un point de presse pour calmer la grogne. Il a dit, et je cite : « On avait un différend important dans la gouvernance avec la Côte-Nord ». Il n’a pas été davantage précis. Si l’on se fie à l’analyse de Ginette Côté, qui a qualifié le geste d’inhumain et d’irrespectueux, le ministre aurait voulu les faire taire. Elles dénonçaient la fin du recours des agences privées pour combler la pénurie de personnel dans les soins hospitaliers.

« Madame Asselin et moi, on a payé le prix d’une petite guerre politique », a-t-elle affirmé, en entrevue sur les ondes de Radio-Canada. Mme Côté promet de continuer à se battre pour les gens de la Côte-Nord. Différend sur la gouvernance ou petite guerre politique, il n’en reste pas moins que les problèmes sont loin d’être réglés. La pénurie de main-d’œuvre a occasionné des transferts de patients qui auraient pu être soignés chez nous, des ralentissements de services un peu partout, de même que de la détresse psychologique chez les médecins.

Ce troublant constat, c’est la médecin Marie-Laurence Dionne qui l’a fait lors d’une visite du président du Collège des médecins du Québec à Baie-Comeau. Le docteur Mauril Gaudreault s’est montré cependant rassurant en soutenant que la qualité des soins n’est pas en danger. De son côté, il fonde beaucoup d’espoir en l’arrivée de Santé Québec. Dès le 1er décembre prochain, le CISSS de la Côte-Nord deviendra un conseil d’établissement de cette agence. Sera-t-il une boîte aux lettres ou disposera-t-il de véritables pouvoirs ?

Le président du Conseil des médecins, Dr Youssef Ezahr, réclame la réintégration de la PDG Manon Asselin, qui, dit-il, « faisait des efforts considérables pour trouver de la main-d’œuvre » et de la présidente Ginette Côté, mais le ministre ne fera pas machine arrière. Tout ce qu’on peut espérer, c’est qu’il trouve des solutions pour que le milieu de la santé puisse fonctionner le plus normalement possible.

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