On n’en est pas à une contradiction près, mais disons que celle-ci nous rattrape de tous les côtés : si les jeunes représentent l’avenir comme on se plait à le répéter dans nos sociétés dites modernes, comment se fait-il qu’ils soient les premiers à faire les frais de nos dérives sociales et politiques? Pas certain que si on leur demandait à quoi ils rêvent, peu importe leurs origines, ils décriraient ce monde avec lequel ils composent bien malgré eux.
Il n’y a pas que sur les champs de bataille, où les guerres font rage, que l’absurdité des hommes tient la vedette et tue la naïveté.
Bien sûr, la violence quotidienne à laquelle sont confrontés les enfants de la guerre n’a pas de commune mesure avec notre réalité nord-américaine, encore aujourd’hui à l’abri de ces bombes qu’on préfère fabriquer et vendre au plus offrant. Tout cet argent dans l’armement, pour non pas mettre fin à la guerre, mais l’entretenir hypocritement.
C’est ce qui explique sans doute que nos puissants voisins du sud en sont à leur xième visite en Israël pour quémander un ralentissement des hostilités, alors que meurent tous les jours femmes et enfants, au point où c’est devenu la norme.
Il semble que nous soyons devenus des spécialistes du double standard; il y a notre réalité et celle des autres et le plus malheureux dans tout ça, c’est qu’on s’en indigne de moins en moins.
Vous me direz que notre champ d’action est plutôt restreint, qu’on a bien peu d’influence sur ce qui se passe outre-mer, sinon de manifester à l’occasion ce qu’il nous reste d’indignation. C’est vrai, mais cette culture du double standard, elle se développe aussi chez nous, dans notre espace public. À commencer par cette laïcité qu’on peine à affirmer, tantôt pour ne pas froisser ou simplement faute de courage.
Le double standard mène à l’incompréhension et des enfants mêlés, ça fait des adultes mêlés et surtout, ça érige des barrières. De tous les temps, ces barrières ont été érigé par les religions et pour ma part, derrière cette pseudo quête de spiritualité, il y a celles de l’argent et du pouvoir…du moins pour l’élite. Un élitisme qui a beaucoup pâli, mais qui draine toujours une poignée de fanatiques prêts à en découdre avec la laïcité.
Donc, malgré toute cette interférence religieuse, le défi est entier : permettre à tous les enfants du Québec de rêver puisque l’avenir repose sur leurs épaules. Nous assurer d’offrir à chacun les mêmes opportunités pour qu’ils s’épaulent les uns les autres lorsque viennent les obstacles.
Un enfant dont la société ne prend pas soin, est un enfant qui cherchera une bouée à laquelle s’accrocher : gang de rue criminalisé, secte ou autre.
Un enfant dont la société ne prend pas soin, est un enfant qui cherchera une bouée à laquelle s’accrocher : gang de rue criminalisé, secte ou autre. Un enfant à qui on ferme les portes, tantôt pour son origine, tantôt simplement parce qu’il est différent, s’enfermera dans ce qu’il connaît en quête de valorisation.
Et si ce qu’il connaît c’est la violence, je nous souhaite bonne chance.
La société québécoise a tout ce qu’il faut pour offrir à chaque enfant une source de valorisation, à condition d’en faire une priorité. À contrario, l’isolement, la stigmatisation et la ghettoïsation alimentent la réflexion sur nos différences.
Mettre l’accent sur ces différences, c’est nourrir la frustration et réveiller la colère. Et la colère n’a pas de couleur, de race, ni de sexe.
L’arrivée massif d’immigrants a suscité et continue de susciter beaucoup de réactions, au point d’alimenter un certain ressentiment. L’essoufflement de nos institutions et parfois même la ruptures de service ici et là, n’y sont pas étrangers.
Nous avons toutes les raisons d’en vouloir au gouvernement fédéral d’avoir perdu le contrôle de l’immigration. N’empêche, tous ces immigrants ne repartiront pas, peu importe les discours populistes que nous servent certains politiciens.
Deux choix s’offrent alors à nous, qui un jour pas si lointain avons été des immigrants : entretenir le double standard en nous répétant qu’il y a le « nous » et le « eux », comme si nous étions une classe à part qui méritons mieux ou, nous assurer de prendre tous les moyens pour que les immigrants fassent partie de la solution.
Nos obstacles : nos préjugés, le double-standard qui les alimentent et le fanatisme religieux. Nos atouts : la laïcité dans tous les espaces publics, l’accès sans compromis à l’éducation pour tous et une politique d’emploi sans discrimination.
Tentons juste de nous rappeler que les inégalités mènent systématiquement au chaos.
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