Une enveloppe très peu garnie en francisation
Le Centre d'éducation des adultes pourrait ne plus pouvoir offrir des cours de francisation dès 2025 en raison des restrictions budgétaires imposées par le gouvernement du Québec. Photo Centre de services scolaire de l'Estuaire
Deux possibles suppressions de poste en francisation du Centre d’éducation des adultes (CÉA) ont fait bondir les représentants du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Côte-Nord (SEHCN). Cette décision politique ne fait pas plus l’unanimité auprès du Centre de services scolaire de l’Estuaire qui est toujours en attente d’une réponse de financement de la part du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
Sur la Côte-Nord, des centaines de personnes ont immigré depuis les dernières années. Selon Statistiques Canada, une augmentation de 120 % a eu lieu à Sept-Îles tandis qu’une hausse de 56 % a été comptabilisée à Baie-Comeau. C’est un total de 535 personnes qui ont immigré lors de la période de recensement de 2011 à 2021.
Les données de 2022 à aujourd’hui ne sont pas encore disponibles. Par contre, on sait que les cours de francisation sont de plus en plus demandés sur le territoire nord-côtier et particulièrement dans la Manicouagan.
Pourtant, une somme de 112 000 $ compose l’enveloppe totale qu’a reçue le CSS de l’Estuaire pour démarrer des cours de francisation offerts au CÉA. Ce budget est basé sur le nombre d’élèves inscrits à temps plein en francisation durant l’année scolaire 2021-2022.
Le CSS de l’Estuaire n’avait pas encore d’inscriptions d’élèves en francisation en 2021-2022. Les quelques personnes intéressées disposaient des services individualisés et personnalisés puisqu’ils n’étaient pas assez nombreux pour démarrer une cohorte d’au moins cinq élèves.
Le budget étant à son minimum n’a pas suivi le nombre d’inscriptions qui, lui, a augmenté depuis. En 2022-2023, cinq personnes ont été recommandées par le MIFI. En 2023-2024, le chiffre a bondi à 29 et cette année, 28 élèves suivent des cours de francisation au CÉA.
« Depuis le 1er juin 2023, les gens désireux de recevoir des services de francisation au Québec doivent passer par un guichet unique, qui relève du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). C’est donc le MIFI qui réfère la clientèle aux CSS et aux organismes communautaires », précise Patricia Lavoie, régisseuse au CSS de l’Estuaire. « Même si nous voulions en accueillir plus et que nous sommes en mesure de le faire, ce n’est pas de notre ressort », ajoute-t-elle.
Nadine Desrosiers, directrice générale du CSS de l’Estuaire déplore également la situation. « Nous n’avons aucun contrôle sur le financement. Il s’agit de choix politiques sur lesquels nous n’avons aucun pouvoir », résume Mme Lavoie.
De plus, une demande a été adressée au ministère à laquelle le CSS de l’Estuaire n’a reçu aucune confirmation d’allocation actuellement. L’organisation scolaire doit donc se baser sur la somme reçue l’an dernier sans en savoir plus.
Syndicat
« Dans le CSS de l’Estuaire seulement, ces coupes représentent la fermeture possible de groupes et la perte de deux emplois », dénonce Rémi Therriault, président du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Côte-Nord. « Sans compter les multiples personnes qui se retrouvent sur des listes d’attente pour obtenir un service qui était pourtant disponible », renchérit-il.
« Alors que le ministère de l’Éducation sabre dans la francisation offerte dans les centres d’éducation des adultes, des profs de la région perdent cavalièrement leur emploi durant l’année, et des personnes immigrantes n’ont plus accès à des cours de français », déplore-t-il.
La valorisation des enseignants que la CAQ a pourtant fait récemment valoir est pour le président du SEHCN « que de beaux discours et que la CAQ ne joint pas la parole aux actes ».
Les représentants accompagnés de membres se sont également rendus dans les bureaux de Yves Montigny le 28 octobre afin de dénoncer cette réalité. Depuis, ils sont sans nouvelle du député de René-Lévesque.
« La francisation, c’est plus que l’apprentissage du français, c’est la transmission des codes de notre culture et de notre société », conclut M. Therriault.
Patricia Lavoie a confirmé au journal Le Manic que les employés en question ne seraient pas au chômage advenant la perte de service. « Nous serons en mesure d’affecter ces ressources enseignantes à d’autres besoins à l’intérieur du Centre de services scolaire de l’Estuaire », dit-elle.
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