Cinq artistes de la Côte-Nord au Salon du livre des Premières Nations

Par Lucas Sanniti 12:01 PM - 13 novembre 2024 Initiative de journalisme local
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Kananish McKenzie, Raphaël Picard, Katia Bacon, Alexis Vollant et Carole Labarre seront de passage au 13e Salon du livre des Premières Nations. photo courtoisie

Une trentaine d’artistes autochtones seront présents au Salon du livre des Premières Nations cette semaine, dont cinq de la Côte-Nord. 

La 13e édition du Salon se produira à la Maison de la littérature, le Morrin Centre et la salle Multi de Méduse, à Québec, du 14 au 17 novembre.

Pour Kananish Mckenzie, artiste innue originaire de Matimekush-Lac John, ce sera l’occasion d’un premier passage au Salon. À seulement 21 ans, elle espère inspirer la jeunesse à s’investir dans des causes qui leur tiennent à cœur.

« [Il faut] inviter les jeunes à s’engager dans la protection du territoire. C’est vraiment important, que ce soit dans l’écriture ou dans la mobilisation », dit-elle.

Kananish est l’une des porte-parole du Réseau jeunesse des Premières Nations du Québec et du Labrador. Elle présentera au Salon le recueil Les jeunesses autochtones du Québec, dans lequel elle a écrit un chapitre intitulé Le territoire, une identité

« Je parle beaucoup de mon cheminement, depuis que je suis jeune. D’avoir vécu dans le nord jusqu’à mon déménagement [à Québec], ici en ville. »

Elle y animera un panel, vendredi, portant sur l’engagement de la jeunesse autochtone, aux côtés de Karine Awashish et Sabryna Godbout, qui ont également participé au recueil.

Écrire après la politique 

L’ancien chef de Pessamit, Raphaël Picard, y présentera son troisième roman, titré Nutshimit : Vers Uinipekuet et l’égarement. 

Il prendra également part à une discussion avec l’ancien grand chef de Wendake, Konrad Sioui, portant sur l’écriture après la politique.

« Moi, mon livre n’est pas d’ordre politique, finalement », partage Raphaël Picard. « J’ai un message culturel, historique et anthropologique que j’avais besoin de passer. »

Cependant, il estime que son bagage politique a eu une influence sur ces écrits, qui abordent tous l’occupation du territoire.

« On avait fait beaucoup de revendications territoriales au niveau des tribunaux », se remémore M. Picard. « J’ai quand même eu une bonne inspiration de la part de ce que j’ai fait en politique, mais pas au niveau des scénarios. [C’est] la motivation qui est venue de là. »

L’histoire d’un carcajou

Pour sa part, Katia Bacon, aussi originaire de Pessamit, fera la lecture d’un extrait de son tout premier roman au Cabaret littéraire Kwahiatonhk !, samedi. 

Le livre, au titre provisoire de Kuakuatsheu, ou carcajou en innu, racontera le parcours du grand-père de Katia, explorant son lien à cet animal méconnu.

« Le carcajou, en fait, c’est un mal aimé », explique-t-elle. « Je trouve que c’est injuste de ne pas l’aimer, parce que tout ce que le carcajou veut, c’est de vivre sa vie. Je pense que ça décrit bien mon grand-père. »

L’auteure croit que le Salon du livre des Premières Nations est un lieu qui peut donner de l’espoir pour les auteurs autochtones de tous âges.

« Je me rappelle quand j’étais plus jeune, secrètement je voulais être connue et faire quelque chose de bien spécial dans la vie », raconte Katia Bacon. « Mais tu sais, ça ne se pouvait pas en tant qu’Innue dans une communauté. Juste écrire un livre, c’était quelque chose que tu ne pouvais pas entrevoir. Tu pouvais rêver à ça, mais ça restait un rêve. […] Je veux que le monde retienne que ça se peut. »

Carole Labarre et Alexis Vollant, tous deux de Pessamit, seront aussi de passage au Salon du livre des Premières Nations.

Carole Labarre participera au spectacle de lancement officiel Kwaweyih/Ensemble, jeudi, accompagnée d’autres grandes figures féminines de la littérature autochtone. Alexis Vollant, pour sa part, participera au premier happening littéraire indigiqueer du Salon, vendredi, avec d’autres artistes invités.