Seulement trois avocats criminalistes pour desservir Baie-Trinité à Blanc-Sablon et Fermont

Par Emy-Jane Déry 11:58 AM - 20 novembre 2024
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Palais de justice de Sept-Îles. Photo Sylvain Turcotte

De Baie-Trinité à Blanc-Sablon, en passant par Fermont, il y a seulement trois avocats criminalistes pour desservir la population, tandis que les besoins juridiques, eux, sont grandissants.

La pénurie d’avocats frappe partout au Québec. Départs à la retraite et besoins juridiques grandissants sont principalement en cause.

Sur la Côte-Nord, le manque de relève juridique est particulièrement frappant dans le district judiciaire de Mingan (Baie-Trinité à Blanc-Sablon et Fermont), selon le bâtonnier de la Côte-Nord, Me David Héroux. 

En matière de pratique du droit criminel, il y a seulement trois avocats pour couvrir le territoire. 

« Là-dessus, deux sont en fin de pratique et il n’y a personne en vue pour les remplacer », dit-il. « C’est inquiétant pour le futur. » 

La situation en matière de droit familial et de protection de la jeunesse n’est guère mieux. 

« Ça occasionne des délais plus longs pour régler les dossiers, on parle de plusieurs mois d’attente », souligne Me Héroux.

Des avocats de Baie-Comeau donnent parfois un coup de main pour le district de Mingan, mais il y a également beaucoup d’opportunités pour la pratique du droit là-bas, souligne le bâtonnier de la Côte-Nord.  

En Gaspésie, la pénurie est telle, qu’il y a eu des bris de services. 

« Les juges sont préoccupés par ça », note Me Héroux. 

À Sept-Îles, un des principaux enjeux face au recrutement serait l’accès et le coût des logements.

« Ça ne nous rend pas très attractifs pour attirer de jeunes avocats », dit le bâtonnier. 

Valoriser la pratique en région

Le Barreau du Québec vient de lancer une campagne de valorisation de la pratique du droit en région. Sortir des sentiers battus : les avantages de la pratique en région cible les étudiants, stagiaires, et les membres du Barreau. On y met en valeur les avantages de pratiquer en région, mais aussi, l’importance pour assurer un service accessible sur tout le territoire du Québec. 

C’est un enjeu important de protection du public, selon la bâtonnière du Québec. 

« Cela affecte l’offre de services à la population qui peine à se faire représenter dans des dossiers de nature importante tels qu’en droit criminel, droit de la jeunesse, droit familial. Les gens sont démunis et ne savent pas vers qui se tourner pour trouver des ressources », indique Me Catherine Claveau. 

Des avantages à pratiquer en région, il y en a, assure Me David Héroux. 

Au-delà de la qualité de vie et de l’absence de trafic, les petits milieux permettent de mettre la main à la pâte plus rapidement. 

« On intervient plus rapidement dans les dossiers qu’en ville. C’est un bel espace pour se faire un nom, se développer et qui sait peut-être même devenir juge. »

Il aimerait notamment la mise en place de mesure fiscale de la part du gouvernement, pour inciter à la pratique en région. 

« Globalement, le Québec ne souffre pas d’une pénurie d’avocats et d’avocates, mais plutôt d’une très forte concentration des effectifs dans les grands centres urbains au détriment de certaines régions », rappelle pour sa part la bâtonnière Claveau.