Un artiste Gaspésien en résidence à Pakuashipi

Par Lucas Sanniti 1:00 PM - 20 novembre 2024 Initiative de journalisme local
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Guillaume Arsenault initie les élèves à l'écriture de chansons. Photo courtoisie

En résidence de création à Pakuashipi, le musicien gaspésien, Guillaume Arsenault, apprend à prendre son temps avec les élèves de la communauté en les accompagnant dans l’exploration musicale.

La résidence, organisée par l’Institut Tshakapesh, se déroule du 12 au 21 novembre à l’école Pakuaushipu. L’intention est de mettre de l’avant l’innu-aimun et des projets d’écriture en français et en anglais, le tout dans une approche créative axée sur l’éducation des élèves. 

Guillaume Arsenault est l’un des artistes invités dans cette résidence. L’auteur-compositeur-interprète tient une « shop à chanson » en Gaspésie depuis plus de 20 ans. Il a réalisé six albums et a remporté plusieurs prix.

Pour lui, cette expérience est une occasion de « prendre du recul, de laisser respirer les mots ».

« J’ai travaillé beaucoup dans les écoles allochtones et je leur mets beaucoup de pression : il est une heure et quart, let’s go, on écrit, on sort quelque chose ! », raconte-t-il. « Je ne peux pas m’y prendre comme ça ici, les jeunes vont reculer. […] Ça prend un temps, un respect, un silence. »

Les artistes Natasha Kanapé Fontaine et Luc Charest, ainsi que le professeur de l’Université de Sherbrooke, Olivier Dezutter, spécialisé dans l’enseignement du français dans les milieux minoritaires, participent aussi à la résidence.

Natasha Kanapé Fontaine animant un atelier pour des élèves à Pakuashipi. Photo courtoisie

Créer en chœur

Guillaume Arsenault récolte les idées musicales avec les jeunes durant la journée, les avance le soir, et, lorsque la structure de la chanson est assez claire, les envoie à Luc Charest, qui s’occupe des arrangements.

Avec ce produit final, Guillaume Arsenault invite les jeunes à chanter les nouvelles pièces avec lui. Les résultats sont très variables.

« Il y a des chansons calmes qui parlent de souvenirs d’enfance, très mélancoliques, des chansons plus revendicatrices avec plus de violence, punk rock, et des chansons plus drôles avec un chien avec une face de toast », s’amuse-t-il à raconter.

Continuité

Une première édition de cette résidence de création a eu lieu à l’École Teueikan d’Ekuanitshit, en novembre 2022.

Le projet était inspiré par la résidence Nikamu Mamuitun à Petite-Vallée, portée par Florent Vollant et Marc Déry. Un rassemblement qui invitait quatre musiciens allochtones et quatre musiciens autochtones à collaborer sur un projet musical.

« C’était une voie très significative d’aller vers la création pour mettre de l’avant l’innu-aimun, mais aussi pour des projets d’écriture en français », explique Vanessa Ratté, coordonnatrice des services pédagogiques à l’Institut Tshakapesh. « C’était l’idée, aussi, de le lier au contexte de l’école, aux programmes et aux apprentissages des élèves. »

Jour le jour

Vanessa Ratté remarque une continuité entre la première résidence d’Ekuanitshit et celle qui se déroule actuellement à Pakuashipi.

Guillaume Arsenault, qui faisait partie de la précédente édition, préserve ses repères malgré la distance qui sépare les deux communautés.

« Ça va aussi avec la vie innue », explique Vanessa Ratté. « Nous, on a une idée de base, mais après on continue de co-construire ça pratiquement au jour le jour. »

Plusieurs événements s’ajoutent à l’improviste au calendrier de la résidence, dont une visite avec des aînés, samedi dernier.

La collaboration de l’enseignante en innu-aimun de l’école Pakuaushipu, Alice Lalo, était aussi fondamentale, selon Vanessa Ratté.

« C’est elle qui encourage les jeunes à s’exprimer dans leur langue et à leur donner des pistes pour trouver le bon vocabulaire. »

Les créations des invités et des élèves seront interprétées en spectacle lors de l’événement clôture, jeudi, qui sera diffusé en direct sur les réseaux sociaux.