Les accidents de la route au Québec augmentent après le changement d’heure d’automne

Par Morgan Lowrie, La Presse Canadienne 8:36 AM - 26 novembre 2024
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Une route tordue le dimanche 6 octobre 2024 à La Malbaie, au Québec. Les accidents de la route en soirée augmentent fortement dans les 30 jours suivant le changement d'heure automnal, selon de nouvelles données de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Les accidents de la route en soirée, y compris ceux impliquant des piétons, augmentent fortement dans les 30 jours suivant le changement d’heure automnal, lorsque le soleil se couche plus tôt, selon de nouvelles données de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). 

Entre 2019 et 2023, le nombre moyen d’accidents avec blessés dans la province entre 17h et 20h a augmenté de plus de 25 % dans les semaines qui ont suivi le changement d’heure automnal, passant de 287 à 359. 

Les collisions ont également progressé sur l’ensemble de la journée, mais de 3,8 %, d’après les données fournies. 

Le changement d’heure printanier a eu l’effet inverse, puisque le nombre d’accidents survenus au cours de la journée a diminué de près de 24 % dans les 30 jours suivant le changement d’heure et le coucher du soleil plus tardif.  Entre 17h et 20h, les accidents ont baissé de plus de 27 %. 

Les données sur les accidents impliquant des piétons sont particulièrement frappantes, avec une hausse de 78 % après le changement d’heure à l’automne, passant de 41 à 73, et une baisse de 44 % après le passage à l’heure d’été au printemps, passant de 36 à 20. 

Octobre et novembre sont historiquement les mois les plus dangereux pour les piétons, car les soirées sont sombres et les automobilistes ont une mauvaise visibilité, a expliqué Gino Desrosiers, porte-parole de la SAAQ. Le fait de reculer l’heure à l’automne rend l’heure de pointe plus sombre, alors que plus de gens circulent sur les routes, a-t-il souligné. 

«L’heure de pointe est le moment où il y a le plus de cohabitation entre les automobilistes, les piétons et les cyclistes, donc tous les usagers de la route sont plus présents à ce moment-là», a-t-il indiqué lors d’une entrevue téléphonique. L’obscurité combinée à l’absence de neige, qui peut ajouter du contraste pour aider les automobilistes à repérer les piétons, crée des conditions particulièrement risquées. 

«Il y a peut-être un peu de fatigue avec le changement d’heure, mais on voit que c’est l’obscurité qui joue un grand rôle», a-t-il avancé. 

Bien que l’élimination du changement d’heure à l’automne puisse entraîner moins d’obscurité pendant une partie des heures de pointe, M. Desrosiers a noté que de nombreux facteurs contribuent aux accidents de la route, notamment le comportement humain. Il est donc important de rappeler aux conducteurs de faire attention aux piétons, surtout lorsqu’il fait noir, et aux piétons de traverser aux points désignés, a-t-il précisé. 

Québec a lancé en octobre dernier des consultations publiques sur l’abandon de la pratique d’avancer les horloges d’une heure au printemps et de les reculer à l’automne. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a mentionné que le gouvernement pourrait par la suite déposer un projet de loi pour abolir cette tradition vieille de plusieurs décennies, mais il ne s’est pas engagé à un échéancier ni à dire si la province préférait s’en tenir à l’heure d’hiver ou d’été toute l’année. 

Les spécialistes du sommeil réclament depuis longtemps l’abolition du changement d’heure, qui a «des répercussions importantes sur la vie des Québécois» et peut entraîner un manque de concentration, de l’irritabilité et de la fatigue, en particulier chez les enfants et les adolescents, a souligné M. Jolin-Barrette. 

Les tentatives d’abolition du changement d’heure en Amérique du Nord n’ont toutefois pas progressé rapidement dans de nombreux cas, en partie en raison du débat sur la question de savoir s’il fallait s’en tenir à l’heure normale ou à l’heure avancée. 

En 2020, l’Ontario a adopté une loi pour rester en permanence à l’heure avancée, mais le projet de loi était subordonné à l’adoption par le Québec et l’État de New York. En 2022, le Sénat américain a adopté une loi qui aurait rendu l’heure avancée permanente, mais le projet de loi a été bloqué en partie par le débat sur la question de savoir s’il serait préférable de s’en tenir à l’heure normale. 

La plupart des Canadiens devraient à nouveau avancer leurs horloges le 9 mars 2025. La Saskatchewan et le Yukon ne changent pas d’heure, tout comme une petite région de l’est du Québec, qui reste à l’heure normale de l’Atlantique toute l’année.