Nouveau poste électrique d’Hydro-Québec: la Zec Matimek aux aguets

Par Emelie Bernier 3:14 PM - 3 décembre 2024 Initiative de journalisme local
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La zec Matimek s'étend sur 2000 km carrés, mais les travaux d'Hydro-Québec se profilent dans la zone de villégiature la plus accessible. Photo courtoisie

La construction d’un nouveau poste électrique par Hydro Québec au nord de Sept-Iles inquiète les gestionnaires de la zec Matimek et pour cause: les secteurs visés pour la nouvelle infrastructure se situent en plein coeur du territoire d’activités de la zec.

Jean-Philippe Gauvin est président de la Zec Matimek. Depuis la présentation d’Hydro Québec à Sept-Iles le 2 décembre,  les demandes d’entrevues se succèdent. Partout, il répète le même discours:  “Ce n’est pas vrai que les utilisateurs de la zec vont être les boucs émissaires dans ce projet-là. On veut un projet gagnant-gagnant, juste, et c’est le message qu’on envoie à Hydro-Québec, à la Ville de Sept-Iles et à la population.

Jusqu’ici, deux portions de territoire sont pressenties pour le nouveau poste électrique et ceux-ci sont dans un secteur accessible via la 138 et très prisé des utilisateurs de la zec. Les détails demeurent flous.

“On a eu une séance d’information, mais c’est extrêmement nébuleux…Ils nous ont dit qu’ils arriveraient avec des enlignements assez précis au mois de mars. Pas les tracés de ligne finaux, mais au moins on va savoir plus précisément où ils s’en vont. Ils nous ont dit qu’il allaient essayer de s’ajuster.”

Mais “essayer” ne suffira pas, martèle le président du c.a. au nom des quelque 500 personnes détentrices de cartes familiales sur la zec qui compte 200 baux de villégiature. “Ça veut dire entre 1000 et 1500 personnes qui sont membres de la zec. Hydro Québec ne peut pas négliger ça. Ils savent que ça a une grosse valeur. Il y a beaucoup de monde impliqué”, relate M. Gauvin. 

Le c.a. de la zec se dit “ouvert au projet”. “Mais ce ne sera pas au détriment de la communauté de la zec et de la communauté innue de Uashat mak Mani Utenam que ce projet va se réaliser. Il faut que la MRC de Sept-Rivières et la Ville de Sept-Iles en soient conscient pour nous appuyer là-dedans.”

La zec Matimek s’étend sur 2000 km carrés. “Les lignes passent près de nos campings, en plein coeur du territoire d’activité dans la partie la plus basse, près de la 138. On va sentir les perturbations”, insiste-t-il.

M. Gauvin estime de plus que le poste n’est que la pointe de l’iceberg. “On parle du poste pour 2031, mais on a en parallèle  le projet de la 3e turbine dans le barrage.

Ça, c’est plusieurs centaines de travailleurs. Ce sont deux méga projets dans les mêmes horizons. Et ça se peut que des projets éoliens viennent se greffer à ça”, évoque-t-il.

Il qualifie de “secret de polichinelle” le projet d’extension de 315 Kv. “Ils attendent juste un déclencheur de projet pour de l’éolien ou autre et ce 315 là va s’ajouter au 735 Kv de la ligne. C’est nous qui allons vivre avec les problèmes de la construction. On est dans l’oeil de la tempête!”

La vocation de la zec devra être préservée. “Nous, on protège l’environnement, la faune. On offre des services à la population, aux familles d’ici, aux visiteurs de l’extérieur. On veut développer le tourisme d’hiver pour les croisières.  On a des projets avec la communauté innue, le centre culturel autochtone… On vend de la tranquillité, des beaux paysages. Il faut trouver des manières pour que les utilisateurs ne soient pas lésés et que ce soit un projet respectueux de l’environnement et du milieu économique”, conclut le président qui entend veiller au grain. 

 

Un nouveau poste d’Hydro-Québec sur la Côte-Nord d’ici 2031