Butts estime de moins en moins probable que Trudeau dirige les libéraux en campagne
Le premier ministre Justin Trudeau quitte son bureau avec son secrétaire principal, Gerald Butts, pour assister à une réunion d'urgence du cabinet sur la colline du Parlement à Ottawa, le mardi 10 avril 2018. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang
Un ancien conseiller principal et ami proche du premier ministre Justin Trudeau dit ne pas croire que M. Trudeau restera à la tête des libéraux lors des prochaines élections.
Gerald Butts a écrit vendredi dans une infolettre de Substack que la récente démission de Chrystia Freeland du conseil des ministres a porté un coup dur à M. Trudeau et a desserré son emprise déjà fragile sur le parti.
Ce message a été publié le jour même où les conservateurs ont déclaré qu’ils allaient tenter de renverser le gouvernement dès la fin janvier, en déposant d’abord une motion de censure devant un comité de la Chambre qui siégera le 7 janvier.
Justin Trudeau réfléchirait à son avenir pendant les vacances de fin d’année, alors qu’un nombre croissant de députés libéraux, actuels et anciens, lui demandent publiquement de démissionner pour le bien du parti.
M. Butts a déclaré qu’il était déjà «peu probable» que M. Trudeau dirige le parti lors de la prochaine campagne avant le départ stupéfiant de Mme Freeland et qu’il est «maintenant beaucoup moins susceptible de le faire».
Il y a à peine une semaine, M. Butts a participé à la rencontre de Noël des libéraux à Ottawa aux côtés de Katie Telford, cheffe de cabinet de longue date de M. Trudeau et proche confidente.
Gerald Butts, qui est ami avec le premier ministre depuis qu’ils ont étudié ensemble à l’Université McGill, et Mme Telford faisaient partie de l’équipe originale de M. Trudeau, l’aidant à élaborer sa candidature à la direction du parti en 2013 et sa première campagne électorale victorieuse en 2015. M. Butts a ensuite été le secrétaire principal de M. Trudeau pendant son premier mandat.
Il a écrit que les libéraux sont maintenant revenus au niveau où ils étaient avant que Justin Trudeau ne prenne le contrôle du parti en 2013, en ce qui a trait à la popularité et la perception des électeurs qui les considèrent comme déconnectés de la réalité.
Une course à la direction réclamée
Gerald Butts, qui n’a pas répondu aux demandes de réaction vendredi, a indiqué dans sa publication que le départ soudain de Chrystia Freeland est une mauvaise nouvelle pour le parti et qu’ildevrait se préparer à organiser une course à la direction plutôt que de désigner Mme Freeland ou quelqu’un d’autre comme chef.
«Si, comme on s’y attend maintenant, la démission de M. Trudeau est imminente, la seule façon d’avancer est une véritable course à la direction», a-t-il soutenu.
«Si vous voulez savoir qui peut jouer au hockey, organisez un match de hockey. Peu importe qui vous pensez soutenir en ce moment, nous aurons tous une vision plus aguerrie si nous voyons ces gens en action», a-t-il ajouté.
Justin Trudeau dispose de plusieurs options s’il décide de ne pas mener les libéraux aux prochaines élections, mais aucune d’entre elles ne laisse une longue marge de manœuvre pour une course à la direction.
L’option la plus longue consisterait à proroger le Parlement pendant un certain temps afin de donner à son parti une marge de manœuvre pour une course à la direction sans avoir à faire face à des votes de confiance qui pourraient forcer la tenue d’une élection cet hiver.
Le Parlement devrait toutefois reprendre ses travaux dans les mois qui suivent, ce qui signifie que les libéraux n’auraient pas beaucoup de temps pour faire campagne par rapport aux précédentes courses à la direction du parti. La dernière course qui a élu Justin Trudeau à la tête du parti a duré près de deux ans.
Eddie Goldenberg, qui était chef de cabinet de l’ancien premier ministre libéral Jean Chrétien, avait écrit une chronique à la suite de la démission surprise de Mme Freeland, affirmant qu’une course à la direction du parti prendrait trop de temps à organiser et à mener à bien.
Il a appelé les libéraux à nommer Mme Freeland à la tête du parti, après l’avoir vue obtenir un regain de soutien pour avoir pris position contre M. Trudeau.
Gerald Butts n’est pas le seul à penser qu’il s’agit d’une mauvaise décision.
L’ancienne ministre de l’Environnement de Justin Trudeau, Catherine McKenna, a également déclaré la semaine dernière que le parti avait besoin d’une «course à la direction courte et sérieuse» dans un commentaire qu’elle a fait à La Presse Canadienne peu après le départ de Mme Freeland.
Les sondages d’opinion publique au Canada placent le chef conservateur Pierre Poilievre à des années-lumière de Justin Trudeau depuis plus d’un an, l’agrégateur de sondages 338 Canada prévoyant une majorité conservatrice de 232 sièges, en balayant presque partout sauf au Québec.
Selon M. Butts, le départ soudain de Chrystia Freeland du cabinetsignifie également que les prochaines élections auront probablement lieu plus tôt que tard l’année prochaine et qu’il est encore plus probable qu’elles aboutissent à un gouvernement majoritaire conservateur.
Une nouvelle motion de censure
Depuis un an, les conservateurs réclament des élections immédiates en raison des politiques phares de M. Trudeau, notamment son régime controversé de tarification du carbone.
Le député conservateur John Williamson a mentionné vendredi qu’il essayerait de lancer au début de l’année «une motion de non-confiance» qui pourrait renverser le gouvernement libéral en un peu plus d’un mois.
M. Williamson, qui préside le comité des comptes publics, a souligné dans un message sur les médias sociaux qu’il présenterait sa motion de censure lors d’une audience du comité le 7 janvier. Ce dernier pourrait ensuite la transmettre à la Chambre des communes pour qu’elle la traite à son retour le 27 janvier.
Toujours selonM. Williamson, cette motion pourrait être votée dès le 30 janvier et pourrait entraîner des élections immédiates si elle était adoptée.
Trois motions de censure présentées par les conservateurs ont échoué à l’automne. Cependant, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a avancé dans les jours qui ont suivi le départ de Mme Freeland du cabinet qu’il était désormais prêt à voter contre le gouvernement.
«Les libéraux ne méritent pas une autre chance», a-t-il affirmé dans une lettre publiée sur les médias sociaux le 20 décembre, promettant que le NPD présenterait sa propre motion de censure lorsque le Parlement reprendrait ses travaux et «voterait pour faire tomber ce gouvernement».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a aussi indiqué avant les Fêtes qu’il n’y aurait aucune exception lors de prochains votes de confiance et que son parti voterait de sorte à faire tomber les libéraux quoi qu’il advienne.
M. Williamson n’était pas disponible pour une entrevue à ce sujet.
Les conservateurs ont publié un communiqué vendredi matin indiquant que M. Singh devrait soutenir leur motion pour un vote anticipé et être prêt à respecter ses paroles.
Le leader parlementaire du NPD, Peter Julian, a déclaré vendredi par communiqué que son parti soutiendrait la motion conservatrice si elle décrivait comment les libéraux «ont laissé tomber les Canadiens».
«Dans le passé, les motions de censure adoptées en comité n’ont pas fonctionné. Nous serons donc prêts à présenter notre propre motion de censure», a souligné M. Julian.
«La motion du NPD enverra les Canadiens aux urnes, où ils auront le choix entre le plan des conservateurs, qui consiste à couper pour donner plus aux PDG, et le plan de Jagmeet Singh, qui consiste à réparer les soins de santé, à construire des maisons abordables et à faire baisser le prix des produits de première nécessité — le premier vrai gouvernement du Canada pour la classe ouvrière», a-t-il ajouté.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.