Le personnel de la résidence St-Joseph a tout tenté pour que l’organisme reste en place. Sollicitées tous les jours par des demandes d’hébergement, les personnes avec qui Le Manic s’est entretenu déplorent le manque de soutien financier d’une part, mais également l’inefficacité du conseil d’administration.
À l’heure actuelle, selon les confidences de nos sources, il n’y aurait que quelques surveillants toujours en poste à la résidence de Pointe-aux-Outardes pour se partager les quarts de travail.
Pour ce centre d’hébergement pour personnes en situation d’itinérance, il n’y aurait aucune personne à la gestion de l’organisme, aux interventions et à l’atelier.
Les témoins, qui désirent l’anonymat par peur de représailles, ont confirmé que les réservations, les recherches d’emploi et de logement, l’accompagnement des rendez-vous médicaux et les commissions ne peuvent se réaliser actuellement en lien avec les départs des employés.
« C’est difficile de penser que les résidents seront possiblement laissés à eux-mêmes », souligne l’un d’entre eux.
Une seconde source a tout de même précisé son inquiétude à ne jamais savoir si elle aura une paye ou non. Il s’agit d’une des raisons qui a motivé sa démission.
De plus, la non-reconnaissance de leur dévouement pour que l’établissement puisse rester ouvert a été mentionnée lors des témoignages. Dans les confidences, ce manque de reconnaissance ne touche pas les résidents, mais plutôt le CA qui se résume à quatre personnes.
Au fait de la fragilité de l’organisme, le conseil d’administration n’aurait pas « pris au sérieux » ses lacunes et les besoins d’entretien de la bâtisse. Certains prétendent avoir sonné l’alarme à plusieurs occasions, mais ils ne se seraient pas fait entendre. « Je ne sais pas s’ils veulent vraiment s’investir », se désole une source.
« Les besoins en itinérance ont explosé »
Selon les personnes rencontrées, les besoins en itinérance ont « explosé » sur la Côte-Nord. La résidence St-Joseph, qui recevait des demandes d’hébergement tous les jours, accueillait le maximum de résidents qu’elle pouvait, soit entre huit et dix personnes en raison du manque d’intervenants.
L’organisme, qui a une capacité de 15 lits, pourrait pallier ce besoin criant des personnes en situation d’itinérance dans la Manicouagan.
Guilaine Lévesque, présidente du conseil d’administration de la résidence St-Joseph, n’a pas donné suite à nos questions envoyées par courriel. Lors d’un premier échange, elle a écrit : « Je suis présidente au conseil d’administration, donc bénévole. »
Après notre demande d’entrevue, le maire de Pointe-aux-Outardes, Julien Normand, s’est informé sur la situation de la résidence. Il révèle que « le centre continue d’opérer. C’est le conseil d’administration qui le supporte en attendant », prétend-il.
Entre deux portes
Le Carrefour Jeunesse (CJE) Manicouagan a instauré le volet Entre deux portes, soit un service d’hébergement d’urgence pour les personnes en situation de vulnérabilité. Ouvert depuis le 15 novembre 2024, le CJE se retrouve, malgré lui, a absorbé les difficultés de la résidence St-Joseph.
« En ce moment, on se retrouve à faire moins d’urgence et plus de moyen et long terme », divulgue Myreille Lalancette, directrice générale du CJE Manicouagan, qui clame la nécessité de la résidence St-Joseph.
Le centre de Pointe-aux-Outardes est le seul dans la Manicouagan à pouvoir accueillir le même type de clientèle, mais à plus long terme plutôt que de façon urgente. « On le voit très clairement en ce moment, moi je refuse des gens, car on est à pleine capacité », déplore Mme Lalancette en expliquant qu’elle ne possède que 10 lits.
« Trouver des loyers ou des chambres en ce moment pour des personnes dans le besoin est impossible », dénonce-t-elle précisant que la majorité des espaces libres sont priorisés pour les travailleurs.
« Notre mission n’est pas de faire ce que la résidence St-Joseph faisait, on devait travailler en collaboration tous ensemble », lance la directrice du CJE qui parle également de l’organisme Point de rencontre et d’Hommes aide Manicouagan.
Celle qui a tenté de joindre la résidence St-Joseph à plusieurs reprises pour transférer des résidents a confié au Manic qu’elle n’était pas capable de parler à quelqu’un. « Le besoin est criant », rappelle Myreille Lalancette.
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