Un quotidien essoufflant pour les travailleuses en CPE de la Côte-Nord

Les éducatrices vont se battre jusqu’au bout. Photo Lucas Sanniti
Les travailleuses en CPE font des pieds et des mains pour offrir les meilleurs services possibles aux enfants, malgré les nombreux enjeux auxquels elles font face au quotidien.
De nombreuses employées ont quitté la profession, en raison des conditions de travail.
Les représentants syndicaux s’entendent pour dire qu’il est difficile de compétitionner contre les grosses industries et le secteur public, qui offrent de meilleurs salaires dans la région.
« Sauf que ces grosses industries-là ont besoin de nous », dit François Marceau, président du STT des CPE de Sept-Îles. « Pourquoi ? Parce que c’est nous qui permettons aux parents d’aller y travailler ».
Il en est de même pour les parents qui travaillent à l’épicerie, à l’hôpital, dans les écoles : tous ont besoin d’un service de garde pour retourner travailler.
Manque de personnel
« 21 filles ont quitté la Manicouagan depuis 2022 », dit Jessica Houde, présidente par intérim du Syndicat de travailleurs des CPE de la Manicouagan. « C’est trop ! »
Ces départs et les difficultés de recrutement compliquent la gestion au quotidien.
« De février à environ la mi-mai l’année dernière, je n’ai pas eu d’heure de dîner », rapporte François Marceau. Sur un poste de 32 h, il dit avoir fait 40h, plus les heures de dîner qu’il n’a pas eues. « Pourquoi on fait ça ? Parce qu’on aime notre métier. »
Dans ce contexte, difficile de prendre des congés.
« On a de la difficulté à prendre nos congés quand on en a besoin, parce qu’il manque de remplaçantes », mentionne Cindy Saint-Laurent, éducatrice au CPE la Ritourn’ailes, installation La Maisonnette.
Quand une éducatrice est malade et qu’il n’y a pas de remplaçante, ils doivent faire de la compression, soit répartir les enfants dans les groupes où il y a des absents.
« Ce n’est pas toujours plaisant pour les amis d’aller dans un autre local auquel ils sont moins habitués, avec des amis pas de leur âge », dit-elle.
L’éducatrice doit aussi s’adapter selon l’âge des enfants, changer son plan d’activités pédagogiques de la journée.
François Marceau souligne qu’ils font tout pour éviter les bris de service et qu’ils ne le font qu’après avoir épuisé toutes les solutions.
Face à l’impossibilité de déposer leur enfant à la garderie, certains parents sont compréhensifs et d’autres sont mécontents.
« On a eu des appuis, on a eu des personnes en pleurs », dit-il. « On comprend la détresse des parents. »
Même chose pour les jours de grève comme jeudi, qui sont nécessaires, estiment les travailleuses, pour faire entendre les revendications pour de meilleures conditions pour tous.
Reconnaissance
Les éducatrices forment les enfants de demain, font-elles valoir. Elles les préparent pour l’école et les accompagnent pour créer des bases solides pour leur avenir.
« On aimerait être reconnues, parce qu’on est une base de l’éducation, même si on fait partie du ministère de la Famille », dit l’éducatrice Cindy Saint-Laurent. « On travaille quand même en collaboration avec les maternelles pour les amener à cheminer pour être prêts pour le côté académique ».
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