Mario Bonneau et son équipe de sculpteurs de neige bien connus de Baie-Comeau ont une fois de plus porté haut les couleurs du Canada en remportant deux prix prestigieux au Concours international de sculpture sur neige de Valloire, en France.
Ces maîtres de la sculpture ont gagné le prix du jury et le prix jeune public, une reconnaissance qui couronne des années de travail passionné et d’engagement artistique. « Ce qui rend le prix jeune public encore plus spécial, c’est que ce sont les enfants qui votent », raconte Mario Bonneau avec émotion.
Invités à rencontrer des écoliers locaux dans le cadre du concours, Mario Bonneau et ses compatriotes ont passé une journée entière dans les classes à échanger avec les élèves et à sculpter à leurs côtés. « On sortait à l’extérieur et on allait sculpter avec eux. On a échangé avec les enfants, c’était vraiment un magique », se remémore-t-il.
Ce moment privilégié avec les jeunes a laissé une impression durable sur lui. « Ça a été, je pense, un des plus beaux moments qu’on a vécu là-bas. »
De l’idée au bloc de glace
Participer à une compétition de cette envergure exige une préparation rigoureuse. Selon M. Bonneau, tout commence bien avant le départ, avec la conception de la sculpture.
« Je fais toujours un prototype avant qui est transposé à l’échelle. Un pouce est transposé à un pied ou à 12 pouces sur le vrai monument. Une fois qu’il est terminé, on se consulte entre membres d’équipe, on vérifie à savoir s’il y a des modifications à faire », raconte-t-il.
Cette année, la sculpture des Baie-Comois représentait une scène bouleversante : un régiment de militaires pris dans un bâtiment détruit par la guerre, avec une mise en scène qui dégageait une forte émotion.
« La plupart des sculptures que je fais, ou les idées que j’ai, il y a un message en arrière de la sculpture, il y a une histoire qui est reliée à ça. Et mon but, c’était de montrer l’impact de la guerre. C’était plus pour dénoncer que ça mène plus souvent au désastre et à la mort », explique-t-il.
Et touchés, ils l’ont été. Mario se souvient particulièrement d’un maire d’un village normand présent à Valloire. « Il pleurait devant la sculpture, il n’arrivait pas à s’exprimer tellement c’était intense pour lui. Il m’a expliqué que son village avait des tombeaux et des croix commémoratives pour les soldats canadiens morts pendant la guerre. »
Face à tant d’émotion, l’équipe baie-comoise a offert le prototype de sa sculpture au maire de ce village normand, en guise d’offrande à la suite de son bouleversement.
La logistique d’un rêve glacé
Participer à un concours international implique aussi des défis techniques et logistiques.
« C’est sûr qu’on doit se limiter quand même dans les outils compte tenu que c’est lourd. De transporter ça en avion, il y a des frais supplémentaires. Donc on s’est limité un peu dans les outils, mais il y a quand même les outils essentiels qu’on est obligé d’apporter », souligne le sculpteur.
L’équipe, composée de Fred Fournier et Jimmy Tremblay, est un pilier essentiel dans la réalisation des projets. Mais Mario Bonneau, à 64 ans, avoue que l’intensité physique des compétitions devient plus difficile à gérer.
« Cette année, on a travaillé sans relâche. Le dernier jour, j’ai sculpté de 8 h le matin jusqu’à midi le lendemain, sans arrêt. J’ai mangé en travaillant, porté des blocs, donné des coups de pelle. C’est de l’adrénaline, c’est sûr », se souvient-il.
Une carrière jalonnée de succès
Depuis ses débuts en 2002 à Baie-Comeau, M. Bonneau a participé à de nombreuses compétitions, de Matane à Jonquière, avant d’atteindre les scènes internationales de Valloire pour la première fois en 2018. Mais le chemin n’a pas été sans embûches pour y retourner une seconde fois.
« C’est qu’avant, tu ne pouvais pas aller à Valloire deux fois. Alors, si tu étais une équipe performante au Saguenay, et que tu gagnais deux, trois fois, bien, c’était la deuxième position qui y allait. Et si la deuxième position y était allée, c’était la troisième position qui allait à Valloire », précise-t-il.
Heureusement pour eux, le règlement a été changé. « L’an passé, on était très chanceux. On y avait déjà été, mais ils nous ont dit qu’on y retournait parce qu’ils ont changé le règlement. Parce que ce que ça faisait, c’est que ça faisait que parfois, c’était la troisième position qui se retrouvait à l’international. »
Un art en mutation
Mario Bonneau note cependant une évolution dans le monde de la sculpture sur neige comparativement à ses sculptures. « Aujourd’hui, c’est complètement différent de toutes les autres sculptures. Et je le sais, ça a toujours été figuratif, ce n’est pas toujours l’art qui touche les juges parce que les jurys sont beaucoup plus dans des formes géométriques, plus dans des expériences circulaires. Ce sont les droites, ce sont les courbes, ça, je suis conscient de ça. Mais moi c’est un style à moi que je veux », mentionne-t-il avec détermination. Une détermination qui a fini par payer cette année.
Cette fidélité à son art a été largement récompensée. « Voir les gens touchés par mes œuvres, c’est plus important que les prix. À Baie-Comeau comme à Valloire, les réactions du public sont ce qui compte le plus pour moi », dit le sculpteur d’expérience.
À 64 ans, Mario Bonneau continue de rêver et de créer, bien que l’effort physique nécessaire devienne plus exigeant. « C’est l’expérience qui te nourrit le plus. C’est sûr que ça ouvre des portes, mais ça ouvre un petit peu tard pour moi. Je suis assez satisfait d’avoir atteint ça pour moi dans mon temps », souligne-t-il avec beaucoup de reconnaissance.
Il laisse derrière lui un message puissant : l’art, qu’il soit éphémère comme la neige ou intemporel, a le pouvoir de toucher les cœurs et de transcender les frontières.
Aujourd’hui, Mario Bonneau a vécu son triomphe à Valloire comme un accomplissement de ses deux décennies comme sculpteur sur neige. Aujourd’hui, il ressent le besoin de partager son art plus que de compétitionner. « J’ai plus besoin de le partager, de le faire vivre à d’autres. C’est plus ça que de gagner », conclut-il.
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