Les Premières Nations veulent participer à la réplique contre Trump

Face aux menaces de tarifs à la frontière canado-américaine, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, demande que les Premières Nations soient incluses dans l'élaboration de «la stratégie de réplique» du gouvernement du Québec. Robert Skinner
Alors que le gouvernement du Québec prépare son offensive contre les tarifs douaniers proposés par le nouveau président américain, le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, réitère l’importance d’impliquer les Premières Nations dans la «stratégie de réplique».
Confrontée aux menaces d’imposition de tarifs douaniers de 25 %, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) interpelle le gouvernement du Québec pour travailler de concert dans la recherche de solutions appropriées.
«M. Legault semble avancer l’idée que le Québec est bien positionné en raison de ses ressources naturelles et de l’abondance en termes d’hydroélectricité. […] Les territoires contiennent des droits et des titres autochtones. La moindre des choses serait qu’on soit appelé à participer à une éventuelle action concertée», estime le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, en entrevue avec Le Soleil.

Il reproche notamment au gouvernement de François Legault d’avoir négligé l’implication de représentants des Premières Nations lors de récentes rencontres entre le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et «plusieurs dirigeants du milieu des affaires du Québec».
«Les gouvernements des Premières Nations doivent être consultés et être impliqués activement pour faire face à cet enjeu majeur», peut-on lire dans un communiqué rendu public par l’APNQL, mardi.
Le chef innu critique également la solution avancée par le premier ministre du Québec «d’évoquer de grands chantiers de développement énergique en exploitant les richesses des territoires ancestraux non cédés des Premières Nations».
L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador souligne qu’un éventuel projet de «rénovation et de renforcement de la production d’électricité au Québec doit préalablement être discuté avec les Premières Nations détentrices de titres et de droits sur le territoire».
«L’obligation de consulter, ce n’est pas ad hoc»
Pour le chef de l’APNQL, la situation relative aux tarifs met en lumière les différentes approches des provinces canadiennes dans leurs relations avec les Premières Nations. Alors que des initiatives de réplique émanent des gouvernements provinciaux, Ghislain Picard constate que les mesures de consultation diffèrent.
«En Colombie-Britannique, il y a une table, l’Équipe BC, sur laquelle siègent des représentants des Premières Nations. Si c’est possible là-bas, pourquoi ce ne serait pas possible ici?», questionne-t-il.
«L’obligation de consulter, ce n’est pas ad hoc lorsque le Québec juge qu’il y a lieu de consulter les Premières Nations, comme dans le cas du développement énergétique des prochaines années. Ça vaut pour tout.»
Il avance que la suspension de l’imposition des tarifs douaniers annoncée lundi se présente comme l’ultime opportunité d’inviter les représentants autochtones à la table de décision.
«On a tous hérité d’un sursis, semble-t-il. Il y aurait certainement une raison de plus de faire les choses de la bonne manière et d’impliquer les Premières Nations sur cet enjeu crucial.»
Les Premières Nations particulièrement affectées?
Bien que l’ampleur des répercussions est encore difficile à quantifier, Ghislain Picard craint que les tarifs mis en place par l’administration Trump puissent avoir «un impact significatif et négatif sur le développement économique des communautés et sur le pouvoir d’achat des membres des Premières Nations».
Il souligne notamment l’importance de l’industrie touristique dans certaines communautés. «C’est une industrie qui est en train de prendre de la valeur et de l’importance au sein des communautés, note M. Picard. On est dans l’inconnu par rapport à l’étendue que pourrait avoir cette mise au défi commerciale ou économique.»
«Ce sont des acquis que nous ne voulons certainement pas voir disparaître», conclut-il.
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