Grève des CPE : les primes de disparité régionale au cœur du conflit

Ce sont plus d'une centaine de travailleuses et travailleurs qui étaient présents lors de la manifestation du 6 février à Baie-Comeau. Photo Charlotte Vuillemin
Dix CPE de la Côte-Nord ont fermé leurs portes le 6 février pour une deuxième journée de grève. Les dizaines de travailleuses continuent de réclamer des primes de disparité régionale.
« Être éducatrices dans un CPE, c’est une vocation et même malgré ça, ces gens-là qui ont la vocation, ils quittent parce que les conditions de travail ne sont pas au rendez-vous, parce qu’il y a des surcharges de travail », a d’bord illustré le président du Conseil central Côte-Nord, Guillaume Tremblay, en conférence de presse.
Ce dernier, qui a dépeint un portrait alarmant de la situation, a déploré que les négociations n’avancent pas pour la question des disparités régionales, un élément qui touche particulièrement les CPE de la région.
Le constat est partagé par Jessica Houde, présidente des CPE de la Manicouagan. « Depuis 2022, dans nos six installations de la Manicouagan, on a perdu 21 travailleuses. Les travailleuses formées, mais pas juste des éducateurs et éducatrices, des responsables en alimentation aussi. On a perdu une agente de soutien pédagogique qui est partie pour la DPJ, probablement plus attractif que le milieu de la petite enfance. »
Le modèle actuel de négociation est remis en question par les syndicats. « Le gouvernement annonce la construction de CPE, mais il ne s’assure pas d’avoir les éducatrices pour les mettre dans les bâtisses. C’est pour ça qu’on est en train de renégocier la convention collective avec lui, c’est qu’il faut absolument qu’on ait de bonnes conditions de travail pour attirer du monde », clame M. Tremblay pour souligner l’incohérence des politiques gouvernementales.
Des primes jugées essentielles
François Marceau, président des CPE de Sept-Îles, a dénoncé l’iniquité entre les différents secteurs concernant la prime de rétention de 8 % qui existe pour les paramédics, mais pas pour les CPE.
« Pourquoi nous, on n’a pas le droit à ça parce qu’on est des sous-employés de l’État ? On n’est pas aussi important que les paramédics ? Moi, je vous réponds, je ne crois pas, déclare-t-il. Ça n’a juste pas d’allure », lance-t-il.
Caroline Parisot, présidente du CPE de Fermont, croit qu’il est temps de valoriser la profession. « Dans mon CPE, présentement, sur 23 employés, je ne peux même pas dire que j’ai la moitié qui est formée et qualifiée, ce qui est triste comme réalité. »
Les travailleuses des CPE de la Côte-Nord réclament l’instauration de primes de disparité régionale pour compenser les coûts de la vie et les difficultés de recrutement, des conditions de travail améliorées, incluant la réduction de la charge de travail et un soutien accru pour le personnel en place ainsi qu’une valorisation du métier d’éducatrice, par une reconnaissance salariale à la hauteur de leur formation et de leur engagement.
« Le gouvernement est présentement à mille lieux. Pour lui, c’est aux éducatrices et aux responsables d’alimentation qui sont sur le plancher à pallier cette pénurie-là », se désole Jessica Houde.
Un soutien de la communauté
Malgré les inconvénients causés par la grève, les syndicats assurent bénéficier du soutien des parents.
« Ils savent très bien à quel point c’est essentiel ce service-là. Ce n’est jamais de toute façon de gaieté de cœur qu’on décide de faire la grève et de priver les parents de ce service-là. On le fait évidemment pour améliorer nos conditions de travail, mais aussi pour s’assurer que le service va être là pour longtemps », conclut Guillaume Tremblay.
Le prochain jour de grève se tiendra le 17 février dans tous les CPE du Québec, dont ceux de la Côte-Nord.