Un jeune médecin montréalais passionné de plein air et désireux d’aider là où le besoin se fait sentir arrivera à Sept-Îles cet automne, pour commencer sa pratique.
« Je pense qu’il faut redonner au public la confiance qu’ils ont envers les médecins et qu’ils sachent que tout notre bon vouloir est là. J’ai choisi la médecine pour servir les gens : c’est très important ça. Aller sur la Côte-Nord, c’est très cohérent avec cette philosophie-là », lance le jeune Dr Emond Sauvé au bout du fil, en entrevue avec Le Nord-Côtier.
Le jeune médecin de 26 ans, qui semble un peu à contre-courant, se dit très reconnaissant envers les contribuables du Québec, qui auront financé ses études à 400 000 $.
La controversée décision du ministre de la Santé, Christian Dubé, de les obliger à pratiquer cinq ans au public, à la fin de leurs études, ça lui va, contrairement à la majorité, si l’on se fie aux nombreuses sorties des syndicats de médecins contre la mesure.
« Je suis un grand amoureux du plein air. Je fais beaucoup de canot-camping dans ma vie et la Côte-Nord, c’est comme le paradis du canot-campeur, avec La Romaine, la Moisie. Mon père, plus jeune, a fait la Moisie, et ça me fait rêver de voir ces paysages, de regarder ces rivières qui coulent et de possiblement m’imaginer les descendre », rêvasse-t-il.
Au niveau médical, les défis à relever sont loin de faire peur à celui qui a suivi avec attention le déroulement de la crise santé sur la Côte-Nord, qui a fait les manchettes l’été dernier. Au contraire, ça le stimule.
« C’est un sentiment qui m’anime, qui me comble, d’aller dans un endroit où on a besoin de tes services (…) Je me sens chanceux de pouvoir rendre service à la population. »
Cerise sur le sundae, le Dr Sauvé n’arrivera pas seul. Sa conjointe, une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL), communément appelée « super infirmière », viendra s’établir avec lui.
« On est pluggés sur Centris 24/7» , dit-il. Il ne craint pas la pénurie de logements que connaît le territoire. « Je suis quelqu’un de plutôt simple dans la vie. Mon but, c’est de faire ma médecine qui me plait, de faire du plein air en masse. En autant que j’aie mon canot, mon kayak, mes running shoes et mon vélo, je n’ai pas besoin de la grosse cabane. »
Dr Emond Sauvé avait réalisé un stage d’observation à Mingan, au début de ses études. C’est une petite graine alors semée dans son esprit qui semble avoir germé avec le temps.
« On dirait que ça m’est toujours resté, ce goût d’aller travailler sur la Côte-Nord. »
Pour sûr, le Dr Sauvé travaillera une semaine par mois à l’Hôpital de Sept-Îles. Le reste de sa pratique dans la région, ça demeure encore à déterminer. Il a notamment un grand intérêt pour travailler auprès des Premières Nations.
Les régions : pas dans les discussions
Or, malgré cette belle union qui se dessine, ne vous faites pas d’idées. Les besoins criants de médecins sur la Côte-Nord ne sont pas devenus un sujet de prédilection chez les jeunes résidents en médecine.
« La vaste majorité des gens vont simplement à Montréal, ou autour de Montréal. La région, ils n’en parlent pratiquement pas », dit Dr Sauvé, témoignant seulement par rapport à son expérience personnelle, spécifie-t-il.
Il est quand même conscient qu’il passera d’un GMF-U (groupe de médecine familiale universitaire), où on ne manque de rien, à une région où la pratique des médecins de famille se retrouve souvent élargie par le manque d’effectif.
« La réalité, c’est que je n’en ai aucune idée de comment ça va être sur la Côte-Nord. J’ai regardé un petit peu à l’avance, mais reste que ce sera un saut dans le vide, un un saut dans le vide que ma conjointe et moi sommes absolument prêts à faire. »
Son réseau, sa famille et ses amis sont à Montréal. La grande question est donc : combien temps les deux tourtereaux de la santé resteront ?
« On verra. Mais je suis prêt à être enchanté. »