Tarifs sur l’aluminium | Les petits joueurs sont plus anxieux

Par Karianne Nepton-Philippe 7:00 AM - 18 février 2025
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Marie-Claude Lévesque, propriétaire de l'entreprise Transformation des métaux du nord. Photo courtoisie

L’application prochaine des tarifs sur l’acier et l’aluminium vient ajouter de l’inquiétude pour Transformation des Métaux du Nord.

La propriétaire de l’entreprise, Marie-Claude Lévesque, qui se spécialise notamment dans le recyclage des débris de construction, suit la situation de très près.

« Dans le domaine où nous sommes, surtout que nous sommes un petit joueur dans la province comme centre de recyclage et de valorisation des débris de construction, rénovation et démolition, il est certain que les annonces avec le président Trump sont très insécurisantes », écrit-elle par courriel.

Une partie des revenus de l’entreprise provient de la revente des métaux ferreux et non-ferreux qu’elle recycle.

« Nous croyons que l’imposition des tarifs par les États-Unis affectera aussi le domaine du recyclage des métaux, si les inventaires des principaux acheteurs des métaux usagés s’accumulent », précise Mme Lévesque.

« Si c’est le cas, le prix qui nous sera donné à la tonne sera en diminution. Les règles environnementales en vigueur ne permettront pas à tous d’accumuler leurs métaux sur de longues périodes pour attendre une remontée du marché », ajoute-t-elle.

Son point de vue, c’est qu’il « faut avoir les reins solides et de bonnes quantités annuelles ».

Incertitude

Du côté de Recyclage Desgagné, on se retrouve aussi quelque peu dans l’incertitude par rapport aux tarifs.

L’entreprise qui transforme les métaux pour les valoriser et qui revend de l’acier et de l’aluminium ne peut toutefois pas se prononcer sur les impacts à court terme. Dépendamment de l’avenue que prendront les grands joueurs de l’industrie, ce plus petit joueur devra s’adapter.

C’est plus tard que les impacts pourraient se faire sentir.

Distance

Marie-Claude Lévesque est habituée de se battre avec l’augmentation du coût des opérations depuis plusieurs années, en plus de la distance à parcourir pour la valorisation et le recyclage des métaux usagés.

« [Ça] fait en sorte que nous sommes toujours désavantagés par rapport aux entreprises situées à proximité des grands centres », indique la propriétaire.

La femme d’affaires souligne avoir une bonne communication avec les élus sur différents sujets. « Je crois qu’ils sont très à l’écoute, très conscients et préoccupés de la situation pour la région. »

Des cannettes plus chères ?

Le coût des cannettes d’aluminium pourrait être à risque.

Le directeur général de la microbrasserie Saint-Pancrace, André Morin, se prépare à une éventuelle hausse des coûts en ce sens.

« On l’a vécu en 2020, le prix des cannettes a légèrement augmenté à la suite de l’augmentation des tarifs de 10 %. Là, on parle de 25 %, et même là ce n’est pas tout à fait clair. Bref, on sait qu’on a une période d’incertitude », explique André Morin. Il faut savoir que les grands fournisseurs de cannettes d’aluminium, tout format, se trouvent aux États-Unis.

« Leurs usines sont presque exclusivement américaines, sauf une à Toronto. Mais, celle-là fait seulement un format, le petit de 355 ml », enchaîne M. Morin. Saint-Pancrace vend ses bières au format de 473 ml.

« La cannette n’est pas un gros pourcentage, mais on en passe beaucoup. Donc, oui, il y a un certain impact. Pour l’instant, il est tôt et on ne veut pas faire paniquer personne. Il y a des impacts, on prend des mesures pour les diminuer et on va regarder ce qu’il va se passer dans le futur », précise-t-il. Son approche est d’acheter de plus grandes quantités pour « sécuriser l’approvisionnement pour un moindre prix annuel » et finalement s’assurer de ne pas vider les poches des consommateurs.

Le maire rencontre Alcoa

« Il n’y a pas d’enjeu présentement et on doit juste continuer à fonctionner comme on le fait déjà. On ne se casse pas la tête », rassure le maire de Baie-Comeau, Michel Desbiens, qui a rencontré Alcoa le 14 février.

Accompagné du député de René-Lévesque, Yves Montigny, et du préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong, le maire ne s’inquiète pas pour l’aluminerie malgré ce décret des tarifs sur l’acier et l’aluminium.

« J’ai rencontré la direction d’Alcoa et le syndicat des travailleurs, mais je suis aussi toujours en contact avec eux. Et ce que j’entends, c’est qu’il n’y a aucune problématique. L’aluminium va continuer à se vendre aux États-Unis », soutient-il.

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