Le financement de l’OBV Manicouagan est suspendu 

Par Emelie Bernier 11:16 AM - 27 février 2025 Initiative de journalisme local
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L'embouchure de la rivière Manicouagan. Photo archives

Le MELCCFP confirme que le financement de l’OBV Manicouagan est suspendu, de l’eau au moulin des détracteurs du regroupement Pour un OBV fonctionnel dans Manicouagan, qui se sont réuni le 12 février pour revendiquer un changement de garde chez l’organisme. 

La convention d’aide financière 2024-2027 qui lie le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et l’OBV Manicouagan prévoit un montant de 246 000 $ annuellement, ajoute-t-on.

Ces sommes doivent permettre à l’organisme de « coordonner l’élaboration d’un plan directeur de l’eau (PDE), d’en assurer le suivi et de coordonner le processus de concertation en mettant en place une table de concertation », indique le ministère. Mais le second versement prévu à la convention pour l’année 2024-2025 n’a pas encore été octroyé.

« Le ministère est au fait des enjeux qui touchent la gouvernance de cet organisme de bassin versant et l’accompagne pour favoriser la réalisation du mandat relatif à la convention. Il collabore avec le ROBVQ (Regroupement des organismes de bassins versants du Québec) à cet effet », certifie, par courriel, Ghizlane Behdaoui, porte-parole régionale du MELCCFP.

Mme Behdaoui confirme également que la Ville de Baie-Comeau a cessé de faire affaire avec l’OBV Manicouagan pour le suivi de ses lacs et rivières. « Le dernier contrat avec l’OBV Manicouagan était du 14 mai 2023 au 31 décembre 2023, pour les lacs témoins. »

Les cours et plans d’eau ne sont pas pour autant laissés à eux-mêmes.

« Les suivis dans les milieux aquatiques coordonnés par le ministère sont souvent effectués par des OBV, mais peuvent aussi l’être par différents partenaires, observateurs ou associations. Dans la région couverte par l’OBV Manicouagan, les suivis nécessaires à l’état des lacs et des rivières sont réalisés selon les besoins du ministère par d’autres partenaires », assure Ghizlane Behdaoui, sans préciser lesquels.

Où est le PDE ?

La question du plan directeur de l’eau, un document que doit produire l’OBVM, taraude également ceux qui émettent de sérieux doutes sur la gouvernance de l’organisme. Bien que le directeur de l’OBVM, René Labrosse, ait confirmé le dépôt d’une première mouture, un échange de courriel entre Philippe C. Boudreau, fondateur du regroupement Pour un OBV fonctionnel dans Manicouagan, et le ministère semble confirmer qu’aucun PDE n’est présentement en vigueur.  

« Dans le contexte où le ministère estimait que le PDE de l’OBVM n’était pas recevable, aucun document d’analyse n’a été produit par le ministère, qui a demandé à l’OBVM de revoir son PDE afin de lui en transmettre une version recevable, laquelle fera l’objet d’une analyse, le cas échéant », précise Marie-Anne Fecteau, avocate au ministère de la Justice, à la direction des affaires juridiques Environnement, Lutte contre les changements climatiques, Faune et Parcs par courriel à M. C. Boudreau. 

Elle ajoute qu’« en date [du 20 février], aucune autre version du PDE de l’OBVM n’a été reçue au ministère, de sorte que l’analyse qui doit être faite de ce document n’a pas encore pu être réalisée ».

Qu’est-ce qu’un Plan directeur de l’eau ?

Dans le cadre de la mise en place de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant (GIEBV) au Québec, le plan directeur de l’eau (PDE) est l’outil de planification territoriale stratégique utilisé pour assurer la pérennité des ressources en eau et de ses usages.

Chacun des 40 organismes de bassins versants du Québec doit réaliser un plan directeur de l’eau en concertation avec les acteurs de l’eau de son territoire de gestion par le biais de divers mécanismes participatifs (comité technique, table de concertation, consultation publique, etc.). Le mécanisme principal est cependant la table de concertation.

Un plan directeur de l’eau comprend principalement :

– Des catégories de problématiques jugées prioritaires par les acteurs de l’eau ;

– Une vision du devenir des ressources en eau ;

– Des orientations découlant des catégories de problématiques priorisées afin de guider le choix des objectifs à fixer et des actions à entreprendre ;

– Des objectifs à atteindre dans le cadre de la planification

– Un plan d’action qui indique les actions à mettre en œuvre par tous les acteurs du territoire pour enrayer les problématiques ciblées et leurs conséquences.

Source : Regroupement des organismes de bassins versants du Québec

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