L’intolérance gagne du terrain un peu partout dans le monde à chaque jour. Chez nous, au Québec, nous n’échappons pas à ce phénomène, comme le montre une récente consultation du Groupe de recherche et d’intervention sociale (GRIS-Montréal). Un nombre croissant de jeunes se sent de plus en plus mal à l’aise face à la diversité sexuelle et la pluralité des genres dans nos écoles secondaires.
Le groupe effectue des recherches depuis trente ans et c’est la première fois qu’il observe une hausse de l’inconfort des adolescents face à l’homosexualité. Le pourcentage de garçons mal à l’aise face à un ami gai et de filles vis-à-vis une amie lesbienne a augmenté de manière effarante.
On parle d’une hausse de 25 à 40 % chez les garçons et de 15 à 34 % chez les filles en comparant les données de 2017-2018 à celles de 2023-2024. Qu’est-ce qui explique ce changement d’attitude ? Quelles sont les causes de la montée de l’intolérance face à l’orientation sexuelle ou de certaines réalités comme l’homoparentalité quand on sait que ces questions ne suscitaient plus vraiment de polémiques au Canada, sauf dans certains pays d’Asie ou d’Afrique.
Qu’en est-il dans nos écoles secondaires de la Côte-Nord ? Dès la publication des plus récentes données de GRIS-Montréal survenues le 16 janvier dernier, le Centre de services scolaire (CSS) de l’Estuaire a pris l’initiative de consulter les directeurs des polyvalentes de son territoire en prévision de questionnements sur la hausse de l’homophobie et la montée de l’intolérance face à la diversité sexuelle de même que d’autres situations comme la grossophobie, le racisme et les insultes.
Le secrétaire général du CSS de l’Estuaire n’a pas eu à traiter de plaintes en lien avec l’intolérance à l’égard de la communauté LGBTQ+ depuis qu’il est en poste, soit depuis le mois d’août 2022. C’est ce que Me Maxime St-Pierre a confirmé dans une lettre datée du 3 février dernier. Il a été désigné pour recevoir les plaintes au nom du Protecteur national de l’élève. Donc pas de plaintes, bonne nouvelle !
La consultation du CSS de l’Estuaire nous incite cependant à croire que le comportement des élèves demeure à peu près semblable d’une génération à l’autre. Qui n’a pas déjà entendu un adolescent en traiter un autre de noms ? Qui n’a pas été témoin de remarques déplacées en lien avec l’apparence physique ou le maintien d’une personne. Il est efféminé, c’est une tapette. Et j’en passe !
À l’école secondaire Serge-Bouchard, on prône l’ouverture. Les autorités interviennent rapidement si une situation se présente. Souvent, ce sont les élèves qui dénoncent. À la polyvalente des Baies, le directeur signale que l’on porte à son attention depuis quelque temps des attitudes qu’on observait moins depuis quelques années. Il est préoccupé de voir que plusieurs semblent trouver normal de se traiter de noms. Il sensibilise parents et adolescents en même temps. Il est proactif en prenant des initiatives pour préparer les finissants aux réalités de la vraie vie. Quand on passe au collégial ou qu’on fait le saut sur le marché du travail, tout change. On cesse d’être un enfant pour assumer des responsabilités d’adulte.
La montée de l’intolérance semble avoir épargné la polyvalente des Rivières. Mais à la polyvalente des Berges, c’est plus présent depuis la pandémie. Dans tous ces lieux, les directions misent sur la prévention. L’école a un rôle important à jouer dans l’éducation des jeunes, mais elle n’est pas la seule. Les parents sont également responsables du comportement de leurs enfants.
Comme le révélait un récent sondage Léger, la proportion de Québécois qui se disaient très ouverts ou assez ouverts envers la diversité sexuelle et les genres a chuté de près de 7 pour cent entre 2017 et aujourd’hui. Ce constat vaut pour l’ensemble des régions du Québec. Comment se positionne la Côte-Nord dans ce portrait ? Je l’ignore, mais je présume que les Nord-Côtiers ne font pas exception à la règle puisque nous vivons tous sur la même planète et subissons tous les mêmes influences. Quelles en sont les causes ?
Les réseaux sociaux sont pointés du doigt parce qu’on peut, croit-on, s’y cacher impunément pour cracher du venin sur tout ce qui bouge. Les débats de l’heure sur les libertés individuelles mènent également à une polarité extrême des opinions. Selon GRIS-Montréal, la montée des discours masculinistes est aussi à prendre en considération. Personne n’est à l’abri de ces influences. Nos jeunes sont-ils intolérants ? Je leur laisse le soin de répondre à cette question.