Mark Carney a été élu pour diriger le Parti libéral du Canada

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, succède à Justin Trudeau, après avoir été facilement élu, dimanche soir, à la tête du Parti libéral du Canada en raflant 85,9% des points dès le premier tour de scrutin.
La victoire de M. Carney, qui sera du même coup propulsé comme premier ministre du Canada dans les prochains jours, a été annoncée sous des cris de joie et des applaudissements de près de 2000 militants libéraux gonflés à bloc lors de l’événement de clôture de la course à la direction du Parti libéral du Canada.
«Je vais travailler jour et nuit avec un seul objectif: celui de bâtir un pays plus fort pour tous», leur a-t-il promis dès le début de son discours de victoire.
L’ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland a terminé deuxième avec 8 % des points. Suivaient la députée libérale Karina Gould (3,2%) et l’homme d’affaires montréalais Frank Baylis (3,0%).
Les militants, élus et bénévoles qui forment la famille libérale faisaient leurs adieux à Justin Trudeau comme chef de leur formation politique.
L’annonce de la victoire de M. Carney faisait suite à un discours électrisant de l’ancien premier ministre Jean Chrétien qui a soulevé la foule.
Le Canada doit être reconnaissant au président américain Donald Trump, a notamment déclaré M. Chrétien.
«Il nous a unis comme jamais auparavant», a-t-il lancé devant les militants loin de retenir leur joie. M. Chrétien a ensuite blagué qu’il soumettrait la candidature de M. Trump à l’Ordre du Canada.
Trudeau, chaleureusement accueilli
Plus tôt durant la soirée, le premier ministre Justin Trudeau a été applaudi chaleureusement en montant sur scène.
M. Trudeau a remercié ses enfants pour leur patience, au cours de la dernière décennie où il a été premier ministre, rôle qu’il s’apprête à quitter.
«C’est vous qui m’avez inspiré», a-t-il dit au cours d’un discours durant lequel des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «libéral » et «Canada» étaient brandies allègrement dans la foule.
Il s’est dit «extrêmement fier» de ce que son gouvernement a fait dans les dix dernières années pour la classe moyenne et ceux qui travaillent à la joindre, reprenant le vocabulaire de la campagne qui l’a propulsé au pouvoir en 2015.
M. Trudeau a affirmé que, «en tant que progressistes», les libéraux savent qu’il y a toujours plus à faire pour rendre le pays «encore meilleur» non pas parce qu’il y a «une opportunité et donc une responsabilité» de s’assurer que le Canada reste «le meilleur pays au monde».
Le Canada croit, a-t-il énuméré, que «personne ne devrait être laissé derrière» et que tous devraient avoir sa chance de réussir, qui refuse «le faux dilemme» entre une économie forte et la protection de l’environnement, qui embrasse la réconciliation, qui fait rayonner sa culture, qui fait vivre la langue française et qui se réjouit de sa diversité.
«Nous sommes un pays qui célèbre le droit de chaque personne d’être qui il veut être, de prier qui il veut prier, et d’aimer qui il veut aimer, a dit M. Trudeau sous les cris de joie. Nous sommes un pays qui défendra toujours le droit des femmes de choisir.»
Sa fille adolescente, Ella Grace l’avait précédé au micro pour l’accueillir sur scène. Elle a déclaré, dans sa propre allocution, être «fière» d’avoir vu son père se «battre pour ceux qui sont dans le besoin».
«Je dois admettre que j’ai hâte de le voir plus souvent à la maison, et moins souvent en ligne», a-t-elle dit en faisant référence aux réseaux sociaux.
Sentiments doux-amers
Un peu plus tôt, plusieurs libéraux avaient confié à La Presse Canadienne être enthousiastes face au nouveau chapitre qui s’apprête à s’ouvrir pour le PLC, mais qu’ils ressentaient aussi de la tristesse de dire «au revoir» au premier ministre Justin Trudeau.
«Ça va être un peu émotif tout à l’heure, je pense», a dit un des principaux ministres du gouvernement Trudeau, Jean-Yves Duclos.
Celui qui est lieutenant politique des libéraux pour le Québec a affirmé qu’il doit beaucoup à M. Trudeau.
«Je vais sentir de drôles d’émotions. Et je me sens confiant, par contre, pour l’avenir du parti et du pays», a ajouté celui qui disait espérer voir l’ex-gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, prendre les reines du PLC et accéder, en conséquence, au poste de premier ministre.
Mark Carney qui était le favori présumé dans la course à la chefferie et, depuis ce week-end, avait dépassé ses adversaires en termes de collecte de fonds de plusieurs millions de dollars.
«Nous avons fait de ce pays le meilleur au monde et, à présent, notre voisin veut nous l’arracher. Hors de question! Impossible», a-t-il déclaré en arrivant à l’événement.
Mme Freelandavait noté qu’ «il y a une vague remarquable de patriotisme à travers notre pays» en faisant référence au contexte de guerre tarifaire avec les États-Unis. «Et je sais que nous avons tous un message pour Donald Trump ce soir: le Canada ne sera jamais ce 51e État», a-t-elle soutenu.
Mme Gould a quant à elle lancé un message d’unité. «Ce soir, quelque soit le résultat, nous quitterons ici comme de fiers libéraux, de fiers canadiens, et unis pour aller nous battre contre Pierre Poilievre et nous tenir debout pour le Canada.»
L’ex-député Baylis a aussi envoyé un message au locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump. «Nous ne serons pas intimidés par un tweet. Et nous ne serons pas brisés par des droits douaniers. Nous sommes les Canadiens et, ensemble, nous formons notre nation.»
M. Trudeau, qui aura été premier ministre pendant une décennie, est chef du PLC depuis 2013.
«Je lui serai éternellement reconnaissant pour ce qu’il m’a permis de faire, d’accomplir comme ministre, puis ce qu’il a fait pour le Canada et même pour le monde», a dit le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault.
La députée d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a précisé avoir eu «plus de peine le 6 janvier», jour où M. Trudeau a annoncé son intention de démissionner.
«Ça a été vraiment difficile de le voir annoncer son départ. Alors, aujourd’hui, je pense qu’il faut continuer à célébrer tout le travail qu’il a fait au cours des 10 dernières années», a ajouté celle qui préside le comité de la plateforme libérale pour les prochaines élections.
Les spéculations vont bon train à Ottawa selon lesquelles le vainqueur déclencherait des élections anticipées dans les semaines à venir.
«On a eu beaucoup de travail qui a été fait (sur la plateforme), où on a repris avec une autre lunette pour mettre l’accent avec l’environnement géopolitique, avec l’environnement, les États-Unis», a énuméré Mme Fortier.
– Avec des informations d’Émilie Bergeron et de Kyle Duggan