Abandon de 5 000 kilomètres de sentiers de motoneige : la décision entre les mains des clubs

Par Renaud Cyr 12:00 PM - 11 mars 2025
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La FCMQ vise à déduire 5 000 kilomètres de sentier de l'ensemble de son réseau dans les 5 prochaines années. Photo Pixabay

L’heure est à la décroissance à la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ), qui prévoit laisser tomber l’entretien de milliers de kilomètres de sentiers partout dans la province. Le directeur général se veut toutefois rassurant : ce sera aux clubs de décider.

Ce sont environ 5 000 kilomètres de sentier dans les cinq prochaines années que la FCMQ prévoit retirer du circuit provincial, dans le but de « faire face à la musique », aux dires de son directeur général Stéphane Desroches.

« Ce n’est pas la Fédération qui va arriver et dire aux clubs de fermer tel ou tel chemin. On est là pour les accompagner dans leurs enjeux qu’ils vivent année après année, et ce sera aux clubs de voir », fait-il savoir d’entrée de jeu.

Tous les sentiers de la province pourront être touchés, autant régionaux, locaux que provinciaux.

M. Desroches illustre la situation par une question d’achalandage sur des sentiers peut-être moins utilisés dans le réseau. « Si le local n’est plus au rendez-vous, qui va payer pour l’entretien du sentier ? », se demande-t-il.

Un enjeu toutes les secondes

Les enjeux provinciaux et régionaux liés au financement et à la survie des clubs, Stéphane Desroches les connaît et les voit de près en permanence. « J’en ai un chaque seconde », remarque-t-il avec humour.

Il en résume les grandes lignes en parlant de nombre de membres en baisse, d’argent difficile à trouver autant pour la FCMQ que pour ses clubs, et de bénévolat qui n’est plus adapté au marché actuel.

« Quand je fais des réunions régionales et que je rencontre la gang, je leur présente des chiffres qui font mal, détaille-t-il. Je n’ai pas le choix d’arriver avec la réalité, et je n’ai pas le choix de parler d’argent. Ça coûte extrêmement cher de garder ce réseau-là de 33 000 kilomètres en état. »

Garder la tête hors de l’eau

La FCMQ désire conscientiser les clubs qui déboursent beaucoup d’argent pour entretenir des sentiers pour pas très longtemps. « C’est de ça qu’il va falloir parler, et on va devoir s’asseoir ensemble et travailler en ce sens-là », annonce M. Desroches.

Toujours dans un souci de « faire du ménage », la FCMQ n’écarte pas la possibilité de bâtir de nouveaux sentiers dans des endroits où il y a plus de neige au détriment de régions qui voient leur couverture de neige diminuer au fil des années.

« La situation économique fait que le gouvernement ne nous donnera pas une enveloppe supplémentaire pour la création de nouveaux sentiers. Ensemble, on est une grande famille, et on va devoir prendre des décisions collectives », rappelle le directeur général.

La FCMQ dit vouloir garder la tête hors de l’eau et maintenir son accompagnement avec ses clubs pour la suite des choses.

Côte-Nord

Bien qu’il soit un peu tôt dans le processus, le directeur général se veut rassurant pour la Côte-Nord, qui a ses particularités et un trajet assez linéaire comparé aux autres régions du Québec.

« Il y a un long sentier le long de la Côte-Nord et ça se fait d’un bord à l’autre. Si on compare avec des régions comme l’Abitibi où il y a trois sentiers Trans-Québec qui font le tour de la région, c’est sûr qu’il y a plus matière à réduire dans ces coins-là », illustre Stéphane Desroches.

Cependant, le directeur général remarque que la volonté du gouvernement provincial d’investir dans l’énergie sur la Côte-Nord pourra apporter son lot de complications.

« Est-ce que tantôt on devra réanalyser le réseau en raison de la volonté du gouvernement de mettre beaucoup d’argent sur l’énergie durable avec des barrages ? », questionne-t-il.

« Il y aurait peut-être des problèmes pour construire des ponts qui coûtent des millions. Il va falloir analyser le réseau et voir ce qu’on veut faire à ce niveau-là », précise Stéphane Desroches.