Il reste encore de la neige à tomber sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 12 mars 2025
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Même si le printemps pointera bientôt le bout de son nez, les Nord-Côtiers n'ont pas fini de pelleter. Photo Pixabay

Si les changements climatiques métamorphosent de plus en plus les saisons nord-côtières, ils ne font pas diminuer le nombre de tempêtes de neige à pelleter année après année.

Les données climatologiques des 30 dernières années permettent de constater que des bordées de neige surviennent encore en mars et en avril. Elles sont toutefois très rares en mai. 

« Il n’y a pas vraiment de différence. Il n’y a pas eu de changement significatif sur la quantité de neige totale à recevoir par mois. La normale 1961 à 1990, c’est 63 cm en mars et 39 cm en avril. La plus récente, c’est 62 cm en mars et 37 cm en avril », dévoile Jean-Philippe Bégin, météorologue chez Environnement et Changement climatique Canada. 

Les changements climatiques ne sont pas la cause de toutes les variabilités de la température, insiste l’expert.

« C’est tout à fait normal de voir l’hiver s’installer lentement en début de saison. Par contre, à l’inverse, arriver à la fin de l’hiver, quand le soleil est plus fort, les poussées d’air froid dans l’est du pays sont favorisées. C’est normal qu’il se traîne les pieds dans l’est du pays. C’est le scénario qui se reproduit le plus souvent », explique-t-il en entrevue avec le Journal. 

M. Bégin qualifie toutefois le redoux du début janvier d’exceptionnel sur la Côte-Nord. « C’est normal d’avoir des redoux en décembre jusqu’au début du mois de janvier. Alors qu’en fin de saison, d’avoir des hivers qui se traînent les pieds quasiment jusqu’à la fin du mois d’avril ou début du mois de mai, c’est normal aussi », ajoute-t-il. 

Selon le météorologue, la climatologie de la Côte-Nord démontre la forte possibilité d’observer d’importantes tempêtes de neige tardives en saison. 

Les changements climatiques n’affecteront donc pas le nombre de tempête pour les voir diminuer. « Ça va plus jouer sur le dernier gel qui risque d’être plus hâtif au printemps », fait-il savoir.

« Avec les changements climatiques, il faut s’attendre à avoir le même nombre de tempêtes. Par contre, lorsqu’il y a une tempête, elle aurait la possibilité d’être plus forte comme il y a plus d’énergie dans le système. C’est la même chose pour les ouragans », compare Jean-Philippe Bégin.

Prévisions à moyen terme

Le météorologue chez Environnement Canada ne peut prévoir le nombre de fois que les Nord-Côtiers devront sortir leur pelle d’ici la fin avril. 

« Pour l’année en cours, on ne s’étire jamais plus que sur une dizaine de jours pour la simple et bonne raison que la science ne nous permet pas d’aller plus loin. La trajectoire des systèmes n’est pas déterminable aussi longtemps d’avance », précise-t-il. 

On ne peut donc connaître avec certitude le nombre de centimètres de neige qu’il reste à tomber dans la région. Par contre, les données de la climatologie nous permettent de spéculer.

« De parier sur la climatologie, c’est 9 fois sur 10 ce qu’on va avoir. C’est sûr qu’il y a des écarts, mais il reste beaucoup d’hiver, c’est ce qu’il faut comprendre », partage M. Bégin.

« Le soleil est de plus en plus fort, les journées sont de plus en plus longues, ça se fait sentir, mais il faut s’attendre à avoir des événements ponctuels dans les prochains mois et demi », poursuit-il.

Effectivement, si on se fie aux dernières années, en 2021, la Côte-Nord a reçu deux tempêtes de neige en mars et une grosse en avril. L’année suivante, on en a cumulé trois en mars et une seule en avril. En 2023, c’était plus tranquille côté tempête puisqu’on en a enregistré une pour chaque mois tandis qu’en 2024, le mois de mars a été marqué par trois tempêtes. 

« En fin de saison, ce n’est pas à coup de 5 ou 10 centimètres qu’on accumule. C’est comme il ne se passe rien ou il y a une grosse tempête », conclut Jean-Philippe Bégin.

Plus grandes chutes de neige sur la Côte-Nord

En une journée

27 mars 1955 : 50,8 cm

23 avril 2014 : 46 cm

27 mars 1946 : 45,7 cm

1er mai 1974 : 29,2 cm

Sur deux jours

11-12 mars 1952 : 70,4 cm

13-14 mars 2020 : 59 cm

23-24 avril 2014 : 57 cm

23-24 mars 1972 : 56,9 cm

26-27 mars 1955 : 56,1 cm

* Source : Environnement et Changement climatique Canada