La politique n’a plus rien d’un long fleuve tranquille depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Même si certains développent de l’urticaire juste à la pensée de son nom, d’autres l’adulent et l’adorent. Malheureusement, trop de Québécois et de Canadiens tombent dans le piège de l’adoration systématique comme on peut le constater sur les réseaux sociaux.
Certains n’ont pas encore compris que le Canada doit composer avec un prédateur extrêmement puissant et dangereux devant qui de nombreux dirigeants s’inclinent en raison du titre qu’il porte et du choix que les Étatsuniens ont fait l’automne dernier. La guerre commerciale qu’il a engagée avec le Canada ne vise qu’à annexer notre pays pour en faire le 51e état américain. Et s’il n’y arrive pas par cette voie, il cherchera à y parvenir en remettant en question la ligne frontalière entre nos deux pays.
Donal Trump est gourmand. Il est même prêt à étouffer ses concitoyens pour le seul plaisir de sortir victorieux d’un combat auquel les Canadiens refusent de crier défaite. On l’a vu au cours des derniers jours, il rétorque à l’escalade par l’escalade. Vous m’imposez une surtaxe, je la double. Voilà son raisonnement !
La Côte-Nord est une région ressource dont l’économie repose de plus en plus sur les alumineries, l’extraction de minerais comme le fer et le développement des réserves d’électricité. Même si les alumineries se montrent prudentes face aux conséquences de la guerre tarifaire, il n’en reste pas moins que le premier ministre François Legault estime que cette dernière pourrait entraîner la perte de 160 000 emplois au Québec. Quel sera le prix à payer pour la Côte-Nord ?
Monsieur Canada, Doug Ford, l’homme « fort » du pays, a voulu clouer le bec de Trump en imposant des tarifs de 25 % sur les exportations d’électricité, mais il a dû se raviser devant la réaction de ce dernier et sa menace d’une surtaxe de 25 % sur l’aluminium et l’acier qui aurait été très nuisible à l’économie québécoise. Comme le président de l’Ukraine, il fera sans doute dorénavant des courbettes pour amadouer le nouveau César de la Maison-Blanche. Néron a incendié Rome pour s’accompagner à la lyre. Que fera Trump pour jouir du plaisir de s’adonner à la guerre avec le Canada, le Mexique et l’Europe ?
L’homme le plus puissant du monde s’est entouré de fidèles courtisans pour gouverner les États-Unis d’Amérique. Mais l’un d’eux vient d’apprendre à ses dépens que la politique ne paie pas en affaires. Elon Musk que l’on dit être l’homme le plus riche du monde voit son empire financier s’écrouler jour après jour. À trop vouloir diriger un pays comme une entreprise, on finit par le détruire et en annihiler toutes les valeurs, dont son humanité. Un pays ne se résume pas à une ligne en rouge ou en noir, mais à sa capacité de compassion envers l’âme humaine.
Le retour tumultueux de Donald Trump à la Maison-Blanche, dont il oublie qu’il est le locataire, s’est aussi accompagné d’un tsunami au Canada. Justin Trudeau a démissionné et il vient d’être remplacé par Mark Carney, dont l’éclatante victoire dans la course à la chefferie est aussi étonnante que prodigieuse. Pourtant, il n’est ni charismatique ni flamboyant, seulement rassurant !
Dans son discours de la victoire, il a évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’un Canada uni face à la tempête existentielle que traverse le pays. Il a insisté sur ce thème, ce qui d’un seul coup vient de changer complètement la joute politique au pays. Poilièvre ne sera sans doute jamais élu premier ministre et le Bloc québécois risque de manger une raclée au Québec lors de la prochaine campagne électorale. Pourtant, ce parti était si près d’une éclatante victoire et même d’une rentrée fracassante à Ottawa comme Opposition officielle.
Les Libéraux sont intelligents et ils viennent de le démontrer une nouvelle fois. Neuf ans de gouvernement ne leur suffisent pas, ils s’offrent comme la meilleure alternative pour affronter le pire cyclone à s’abattre sur le Canada depuis la promulgation de l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique par la reine Victoria le 1er juillet 1867. Le Québec ne peut prétendre faire cavalier seul dans cette tourmente. Il doit s’allier aux autres provinces et avec elles chercher par tous les moyens à diversifier son économie pour ne plus dépendre de son voisin.
Si jusqu’à maintenant notre voisin se comportait en ami, avec l’arrivée de Trump au pouvoir, il a révélé son vrai visage : c’est un prédateur.