Ghislain Picard passe le flambeau sur fond de tensions

Par Gabrielle Cantin 12:04 PM - 20 mars 2025 Initiative de journalisme local
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Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador de 1992 à 2025, a fait son dernier tour de roue à l’Assemblée nationale, mercredi. Karoline Boucher

Invité à l’Assemblée nationale, l’ex-chef de l’APNQL revient sur les dissensions qui ont «miné» sa relation avec le gouvernement du Québec.

Accompagné de représentants de différentes nations et du nouveau chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Francis Verreault-Paul, Ghislain Picard a fait son dernier tour de roue à l’Assemblée nationale, mercredi.

En marge de l’adoption d’une motion visant à reconnaître son engagement comme chef de l’APNQL, l’ex-chef a tenu un point de presse pour revenir sur les dossiers qui ont marqué son règne des 33 dernières années.

«Cette motion devrait nous rappeler qu’il y a des engagements qui n’ont pas été livrés», souligne Ghislain Picard, en présence de Manon Massé, responsable solidaire en matière d’Affaires autochtones.

Parmi ces «détails qui auraient miné la relation politique entre les Premières Nations […] et le gouvernement présent», Ghislain Picard rappelle notamment les difficultés rencontrées dans le dossier de la loi C-92, à laquelle le gouvernement du Québec s’est opposé.

«C’est comme si les Premières Nations, après trois, quatre siècles de compromis, se retrouvaient encore une fois avec le fardeau de la bonne foi et le fardeau d’une position de compromis. C’est comme si on arrivait à la table de négociation à genoux», illustre-t-il.

Au point mort

Pour Ghislain Picard, les relations entre les Premières Nations et le gouvernement Legault sont au point mort.

 «Je n’ai jamais passé autant de temps devant les tribunaux que dans les six dernières années. Je pense que ça indique le statu quo politique dans lequel nous nous retrouvons aujourd’hui.»

Il rappelle, à cet effet, les excuses prononcées par le premier ministre à l’égard des Premières Nations, en octobre 2019. 

«On était, à ce moment-là, assis devant le gouvernement. Contrairement à aujourd’hui où on était assis en face de l’opposition. Est-ce qu’il n’y a pas là une image qui vaut mille mots?», questionne le chef sortant.

Avec l’arrivée en poste de son successeur, il sollicite les instances politiques à se montrer ouvertes. «Il appartiendra maintenant aux interlocuteurs en face de nous d’être à l’écoute.»

«La responsabilité de la réconciliation»

Questionné sur la possibilité de voir l’arrivée de M. Verreault-Paul améliorer la situation, Ghislain Picard précise que «le défi appartient beaucoup plus au gouvernement qu’il appartient au nouveau chef régional.»

«La responsabilité de la réconciliation législative, elle est de notre bord», plaide également Manon Massé, qui critique le travail du gouvernement caquiste en la matière. 

«Malheureusement, ça ne résonne pas, ça ne percole pas», critique la responsable solidaire en matière d’Affaires autochtones.

À la tête de l’APNQL de 1992 à février 2025, Ghislain Picard souligne tout de même que d’importantes avancées en matière de relations avec les Premières Nation ont été faites «dans la société civile» et «dans le milieu des affaires»

«Sur le plan de la relation politique, on accuse des retards», rappelle-t-il toutefois.

«Marqué à vie»

Aux côtés de son successeur, Ghislain Picard assure vouloir rester dans l’espace public.

«J’ai une opinion et j’en aurai sans doute d’autres. Si je trouve approprié de les exprimer sur la place publique, je le ferai», laisse-t-il savoir.

Le chef des 33 dernières années rappelle toutefois qu’il entend laisser Francis Verreault-Paul continuer le travail entamé. 

Le nouveau chef de l’APNQL, élu le 25 février dernier, souhaite quant à lui rencontrer le premier ministre «rapidement». Il veut établir une «relation de gouvernement à gouvernement» de façon prioritaire.

«C’est ma première fois à l’Assemblée nationale dans mon nouveau rôle aujourd’hui et j’arrive avec une motion qui est adoptée à l’unanimité […] dans laquelle chacun des partis rend hommage à Ghislain Picard et son travail. J’entends construire sur ceci.»

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Sylvie Roy-Potvin
Invité
Sylvie Roy-Potvin
1 mois il y a

Vous pouvez être fier Monsieur Picard de tout le travail accompli, et François Legault peu bien aller se cacher car lui ne passera à l’histoire.