Hydro-Québec et la privatisation au cœur des inquiétudes syndicales

Par Anne-Sophie Paquet-T. 1:36 PM - 23 mars 2025
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Le 22 mars, des citoyens et travailleurs syndiqués d'Hydro-Québec ont manifesté dans les rues de Baie-Comeau. Photo courtoisie

Le 22 mars, des milliers de citoyens et travailleurs syndiqués d’Hydro-Québec sont descendus dans les rues de neuf villes du Québec, dont Baie-Comeau et Sept-Îles.

Cette mobilisation provinciale visait à dénoncer le projet de loi 69 du gouvernement de la CAQ, perçu par plusieurs comme une tentative de privatisation du secteur énergétique.

Billy Leonard, président syndical des employés de métier de la Côte-Nord chez Hydro-Québec, s’est entretenu avec nous pour exprimer les inquiétudes de son syndicat face aux changements à venir.

« Cette manifestation est directement liée au projet de loi 69, qui, sous prétexte d’accélérer la décarbonation du Québec », dénonce-t-il. « Cela ouvre la porte à la privatisation de l’énergie verte. »

Le syndicaliste insiste sur le fait que la privatisation est l’objectif premier du gouvernement caquiste. 

« Ce que nous dénonçons, c’est que le gouvernement utilise un objectif environnemental, pour justifier une perte de contrôle public sur une ressource essentielle à tous les Québécois », lance M. Leonard.

Une facture plus salée pour les consommateurs

Le président de la Côte-Nord craint que la privatisation entraîne une hausse des tarifs d’électricité. « La Côte-Nord produit 35 % de l’électricité du Québec et si le privé entre en jeu, les prix vont grimper », avertit-il.

Outre la question des tarifs, la protection des emplois régionaux demeure une préoccupation majeure. « Hydro-Québec est un joyau collectif, créé pour servir l’intérêt public, pas pour enrichir des multinationales », déclare-t-il. « Avec la privatisation, des emplois seront perdus, mais on ne sait pas à quel point. »

Un député qui tourne le dos à sa région

Interrogé sur les discussions avec le député de la CAQ, Yves Montigny, Billy Leonard n’a pas caché son scepticisme.

« Je n’ai eu aucune discussion avec M. Montigny sur le sujet », admet-il. « Il est d’accord avec ce projet de loi, alors je ne vois pas comment on pourrait avoir une bonne discussion », ajoute-t-il.

Yves Montigny, en tant qu’adjoint parlementaire à l’économie, l’innovation et l’énergie, est fortement impliqué dans la promotion du projet de loi 69.

Il accompagne actuellement la ministre Fréchette dans une tournée des circonscriptions, afin de promouvoir le projet aux citoyens. Il s’arrêtera d’ailleurs le 4 avril à Baie-Comeau, avec la Tournée Vision énergie.

Pour Billy Leonard, cette approche démontre un manque de consultation. « On parle de consultations publiques, mais tout est déjà décidé », dit-il. « Notre propre député est prêt à vendre notre ressource au privé. »

Montigny en mode écoute

Le député de René-Lévesque Yves Montigny répond de son côté qu’il « n’est pas question » de privatiser la société d’État en affirmant que le premier ministre a été très clair.

« Le monde a changé, on se dirige réellement vers une décarbonation de notre énergie », estime-t-il.

Le député considère que le Québec est un leader en énergie verte, et que « rien n’est décidé d’avance ».

« Nous sommes à l’étape du dialogue pour entendre les préoccupations de la population. Nous sommes réellement en mode écoute », termine M. Montigny

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