OPINION | Chômage dans l’industrie saisonnière : des mesures qui clochent

Par Action-Chômage Côte-Nord 3:15 PM - 27 mars 2025
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Le samedi 22 mars 2025, soit la veille du déclenchement des élections fédérales, le gouvernement a annoncé l’ajout au régime d’assurance-emploi de mesures temporaires destinées à soutenir les travailleurs canadiens affectés par la guerre tarifaire entre les États-Unis et le Canada. Mais bien que fort louables, ces mesures ne règlent en rien les problèmes des travailleurs de l’industrie saisonnière régionale.

Regardons-y de plus près : le projet pilote du gouvernement prévoit que le délai de carence sera éliminé du 30 mars au 11 octobre 2025. Il n’y aura donc plus d’attente obligatoire avant le versement des prestations auxquelles les chômeurs ont droit. De plus, pendant cette même période de six mois, on suspendra les règles entourant le traitement des indemnités de cessation d’emploi tels les montants payés lors de la cessation, les indemnités de départ et les paies de vacances.

Et voici ce qui cloche : la période d’emploi de plusieurs travailleurs de la région se termine en novembre. Ceux-ci n’auront donc pas accès aux avantages mis de l’avant par ce projet-pilote.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu’il assouplira l’admissibilité à l’assurance-emploi en augmentant le taux de chômage appliqué aux régions. Compte tenu que c’est le taux de chômage qui détermine le nombre d’heures requises pour se qualifier à l’assurance-emploi, ce nombre sera réduit dans toutes les régions du Québec, avec un plafond annuel de 630 heures.

Le taux de chômage minimal sera de 7,1 % pour les régions où il est actuellement de 6,1 % ou moins. On appliquera un pourcentage additionnel pour les autres régions, jusqu’à concurrence de 13,1 %. Le problème est que cette mesure ne sera applicable que du 6 avril au 12 juillet 2025. Tant pis donc pour les travailleurs de l’industrie saisonnière qui ne pourront se qualifier puisqu’ils seront au travail pendant cette même période.

Il n’y a pas de doute que les mesures annoncées vont aider les nouveaux chômeurs affectés par la crise des tarifs, et c’est très bien ainsi. Mais comme d’habitude, les régions à forte concentration d’emplois saisonniers vont passer à travers les mailles du filet.

Il y a des années qu’Action-Chômage Côte-Nord et ses alliés du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE), exigent une réforme du régime de l’assurance-emploi. Maintenant que la situation exige des mesures d’urgence, le gouvernement peine à mettre en place le strict minimum.

Les mesures s’appliquant aux taux de chômage régionaux ne seront en vigueur qu’au cours des trois prochains mois. Elles n’auront donc pratiquement aucun impact sur les travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière dont la période de travail se terminera, pour plusieurs, après la fin des mesures.

Il est inadmissible que l’industrie saisonnière soit à nouveau exclue des programmes fédéraux. Comme tout le monde, nos travailleurs et travailleuses vont être frappés par les tarifs douaniers. Ils vont voir leurs heures de travail réduites sans pour autant bénéficier des mesures d’assouplissement prévues par le projet-pilote.

Il faut agir! Il faut profiter de la campagne électorale qui s’amorce pour interpeler les candidats de tous les partis afin qu’ils mettent de l’avant la question de l’assurance-emploi. C’est ce qu’entend faire Action-Chômage.

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