Dans les couloirs de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec de l’Université Laval (IUCPQ-UL), la Nord-Côtière Alexandra Porlier œuvre dans l’ombre, mais son impact, lui, est bien réel.
Originaire de Baie-Comeau, cette professionnelle de recherche est aujourd’hui au cœur des avancées scientifiques qui sauvent des vies, comprenant celles de gens de sa région natale.
« Je suis partie de Baie-Comeau en 2009 pour mes études, avec l’idée de revenir, mais finalement, la recherche de pointe que je fais aujourd’hui ne se pratique pas en région », avoue-t-elle en entrevue au journal Le Manic. « Par contre, je n’ai jamais quitté la Côte-Nord de cœur. »
C’est un drame familial qui a été la première étincelle de la vocation de la Baie-Comoise. Après une discussion avec ses grands-parents, elle a compris que sa tante est décédée trop jeune d’une maladie qui aujourd’hui est traitable.
« J’étais petite, mais ça m’a profondément marquée, se souvient Mme Porlier. Je ne savais pas encore comment, mais je voulais faire une différence. »
Puis, en 2011, un stage à l’IUCPQ-UL change le cours de sa vie. Elle y découvre un univers fascinant de collaboration entre chercheurs, pharmaciens et cliniciens, entièrement dédié aux maladies cardiaques, pulmonaires et métaboliques. « C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais faire de la recherche médicale », confie-t-elle.
Un impact colossal
Professionnelle de recherche depuis 2021, Alexandra Porlier est au cœur de projets concrets qui améliorent les soins de santé. « On est les bras droits des chercheurs, on coordonne les projets, on rédige, on analyse, on encadre les étudiants. C’est un travail de l’ombre, mais essentiel », résume-t-elle.
Son travail a notamment mené à une percée majeure. Une étude publiée en 2025 dans la revue Pharmacy a démontré qu’un médicament anticancéreux (pembrolizumab) coûtant 4 400 $ par fiole pouvait être utilisé jusqu’à 14 jours après ouverture, contrairement aux directives qui imposaient de le jeter après 24 heures.
Le résultat de cette recherche permet une économie allant jusqu’à 100 000 $ chaque année à l’IUCPQ-UL. De plus, ce protocole est maintenant repris dans d’autres hôpitaux québécois.
Mme Porlier rappelle que cet impact se répercute aussi jusqu’à chez nous. « Les patients de la Côte-Nord viennent souvent recevoir des traitements spécialisés à Québec », explique-t-elle.
« L’IUCPQ-UL est un centre de soins tertiaires et quaternaires désigné pour tout l’est du Québec, incluant la Côte-Nord », rappelle Mme Porlier.
L’Institut dessert 2,2 millions de personnes, couvrant un territoire qui s’étend de Québec à la Gaspésie, en passant par la Côte-Nord et le nord du Nouveau-Brunswick.
En 2023-2024, 22 % de la clientèle provenait de l’est du Québec. « Ce qu’on fait ici, c’est aussi pour eux et je veux que les gens de la Côte-Nord sachent qu’ils ne sont pas oubliés », exprime Alexandra Porlier.
Un exemple pour les jeunes
« En région, on n’entendait jamais parler de recherche médicale et je n’avais pas de modèle », témoigne la jeune scientifique. « Les jeunes de la Côte-Nord doivent savoir qu’ils peuvent réussir, eux aussi, leur éducation est de qualité et leur potentiel est immense. »
Elle se rappelle également des professeurs qu’elle a eus au secondaire et au Cégep de Baie-Comeau qu’elle qualifie encore aujourd’hui comme d’excellents enseignants.
Aujourd’hui mère de famille, elle retourne à Baie-Comeau dès qu’elle le peut. « J’ai encore mes parents là-bas et même si je ne peux pas y travailler, je fais ma part autrement », conclut-elle.