Grève en CPE ǀ Le « cercle vicieux » des places en garderie

Par Lucas Sanniti 5:00 AM - 15 avril 2025
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Garderie Photo Pixabay

La rareté des services de garde frappe durement la Côte-Nord. Avec un réseau d’éducatrices qui est à bout de souffle à défendre leurs droits, des parents croient que la région fait face à « un cercle vicieux » : sans personnel, pas de nouvelles places et sans places, les familles continuent à payer le prix.

D’après une récente étude mandatée par Ma place au travail, un OBNL représentant les parents du Québec contre la pénurie de garderies, la Côte-Nord est l’une des régions les plus affectées par la pénurie de places en services de garde.

Avec 37 % des familles de la Côte-Nord qui doivent attendre plus d’un an avant d’avoir une place en garderie et 44 % d’entre elles qui doivent s’endetter lors de cette attente, les conséquences sont profondes : certaines familles changent leurs habitudes alimentaires, d’autres mettent en doute leurs plans familiaux.

« Dans la moitié des cas pratiquement [les familles vont] même jusqu’à remettre le projet familial en question, donc se demander si on veut un autre enfant », déplore Marilyn Dion, directrice générale de Ma place au travail.

Défis régionaux

Parmi les possibles explications à cette pénurie, Marilyn Dion avance l’hypothèse que l’offre projetée par le ministère de la Famille ne tient pas compte des réalités régionales. Une marge d’erreur, qui passerait inaperçue à Montréal, peut avoir des effets bien plus marqués à Sept-Îles, où la population est plus petite. 

Cette pénurie, exacerbée par le manque de personnel, devient une recette préoccupante pour les parents, mais aussi les professionnels.

« Pour les éducatrices, il y a très peu de relève, ce n’est pas attrayant [de venir travailler en région] », explique Marilyn Dion. « Celles qui travaillent présentement comme éducatrices quittent parce qu’elles sont sous-payées et pas valorisées. […] On a beau offrir des places sur papier, si on n’a personne pour s’occuper de nos enfants, on ne sera pas plus avancés. »

Soutenir les efforts

Avec les CPE qui continuent de manifester partout dans la province, Ma place au travail est solidaire à la cause, croyant que de meilleures conditions de travail pour les éducatrices spécialisées représentent une piste de solution concrète.

« Depuis 2021, à l’échelle de la province, 10 000 éducatrices ont quitté le réseau. Si on fait un calcul rapide et qu’on dit qu’une éducatrice s’occupe en moyenne de huit enfants, on peut s’imaginer les impacts que ça a », précise Marilyn Dion. « Il y a clairement quelque chose qui ne marche pas. Il faut que quelque chose se passe pour revaloriser cette profession, et ça passe par de meilleures conditions de travail. »

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