Élections fédérales | Les candidats répondent à Action Chômage Côte-Nord

Par Karianne Nepton-Philippe 10:50 AM - 19 avril 2025
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Image crée par Action Chômage Côte-Nord avec les photos des candidats à l'élection fédérale dans Côte-Nord-Kawawachikamach-Nitassinan. Photo Action Chômage Côte-Nord.

Action-Chômage Côte-Nord a questionné les candidats dans Côte-Nord-Kawawachikamach-Nitassinan afin de connaître leur opinion sur l’assurance-emploi et sur la question du trou noir. 

Pour vous aider à faire votre choix, voici les quatre questions avec les réponses des candidats. Notons que la candidate Mélanie Dorion du Parti conservateur n’a pas, à ce moment-ci, répondu aux questions. 

1. Quelles sont vos recommandations pour moderniser le régime d’assurance-emploi et faire en sorte qu’il réponde aux besoins de tous les travailleurs, notamment ceux de l’industrie saisonnière et les femmes?

 – Sébastien Beaulieu (Parti rhinocéros)

Ce n’est pas une réforme qu’il faut, c’est un retour au présent, la dernière réforme date d’une époque où on devait rembobiner les VHS avant de les rapporter au club vidéo. La première étape serait de reconnaitre que les travailleuses et travailleurs de l’industrie saisonnière ne sont pas des gens accessoires ou de second plan. Elles et ils font partie de notre économie régionale. Il faut aussi repenser les règles d’admissibilité. Actuellement, le gouvernement calcule ton droit à l’assurance-emploi en regardant ton nombre d’heures travaillées pendant la dernière année, sans tenir compte des réalités des secteurs d’emploi. Par exemple, si une baleine noire est repérée en zone de pêche, les pêcheurs sont à l’arrêt. Cette période est tenue en compte dans le calcul, mais ce n’est pas la faute du pêcheur s’il ne peut pas travailler. C’est illogique, et on devrait tenir compte des semaines mortes ou le travail est impossible, les travailleuses et travailleurs ne doivent pas être pénalisés ainsi. On devrait aussi travailler les règles pour tenir compte des interruptions de travail liées aux responsabilités familiales.

 – Marilène Gill (Bloc québécois)

Le Bloc Québécois, plus particulièrement ma collègue, Louise Chabot, et moi-même, avons déposé le projet de loi C-418 (Loi modifiant la Loi sur l’assurance-emploi (mesures d’accessibilité et autres) visant à réformer la Loi sur l’assurance-emploi le 5 novembre 2024. Ce projet de loi reprend les consensus des différents organismes de défense des droits des chômeurs, relativement à l’accès, aux congés de maternité ou au trou noir, par exemple. Je m’engage, comme ma formation politique, qui s’y est engagée formellement dans sa plateforme électorale 2025, à déposer et à défendre à nouveau ce projet de loi, lequel pourra être repris au compte du gouvernement qui sera élu le 28 avril prochain, afin d’être adopté incessamment.

 – Gilles Babin (aucune appartenant politique)

Mes recommandations pour moderniser le régime d’assurance-emploi sont d’écouter ceux qui ont la connaissance et la maîtrise de ce dossier important comme votre organisme. Je constate l’érosion de la couverture offerte au fil du temps et l’importance d’arriver à une meilleure compréhension de la réalité de l’industrie saisonnière et des femmes afin de formuler une réforme qui augmente la couverture plutôt que la diminuer.

 – Marika Lalime (Nouveau Parti démocratique) 

Il est plus que temps de réformer l’assurance-emploi en profondeur. Le régime actuel est désuet, rigide et discriminatoire envers les personnes qui ont des parcours de travail atypiques, précaires ou saisonniers — soit une réalité vécue par des milliers de personnes sur la Côte-Nord, en particulier dans les secteurs comme la foresterie, la pêche et le tourisme. Je recommande d’établir un régime universel et inclusif, qui reconnait le travail sous toutes ses formes, qui facilite l’accès pour les femmes (particulièrement celles qui cumulent des emplois à temps partiel ou ont des interruptions de carrière) et qui reflète les réalités du travail en région éloignée. Ce régime doit aussi garantir une couverture sans interruption pour les travailleurs saisonniers.

 – Kevin Coutu (Parti libéral)

Comme vous l’indiquez, il s’agit d’un dossier qui n’a pas progressé depuis plusieurs années et, avec égard, qui ne laisse pas croire qu’il progressera en laissant les choses ainsi. L’une de mes motivations de me lancer en politique est de faire réaliser à la Chambre des communes nos réalités. Il faut que le gouvernement comprenne qu’il s’agit de l’une des réalités nord-côtières l’assurance-emploi et le travail saisonnier. Il s’agit d’un enjeu majeur qui touche la survie de plusieurs villages. Si rien ne change, le problème augmente dramatiquement puisque les gens finissent par s’établir ailleurs. Donc, avoir un meilleur régime d’assurance-emploi est bénéfique pour mettre fin au problème démographique.

2. De nombreux organismes et syndicats réclament une norme universelle pour les prestations d’assurance-emploi, nécessitant seulement 420h de travail et offrant 35 semaines de prestations. Quelle est votre position sur ces demandes?

 – Kevin Coutu

Au moment d’écrire ces lignes, je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter de ces enjeux avec les organismes et syndicats. Cela dit, certaines rencontres sont fixées dans les jours à venir et d’autres restent à être établies. Néanmoins, je suis d’avis qu’il faut un programme qui répond à notre réalité bien particulière. L’objectif que je souhaite mettre en place est un régime adapté au fait qu’on ne veut pas inciter les gens à trouver un emploi différent les forçant de déménager de leur région. Sinon nous ne perdons pas seulement des employés, mais des industries et, au fil du temps, une communauté.

 – Marika Lalime

Je suis totalement en faveur de cette norme universelle. Fixer le seuil à 420 heures pour tous, peu importe la région ou la nature de l’emploi, c’est une mesure de justice sociale. Offrir 35 semaines de prestations permettrait d’assurer un revenu stable entre deux périodes d’emploi, particulièrement crucial pour les travailleurs saisonniers et ceux vivant dans les régions comme la Côte-Nord. Le NPD appuie cette réforme, et je m’y engage personnellement.

 – Gilles Babin

Je me rallie à la position que réclament les organismes et les syndicats en ce qui a trait à l’établissement d’une norme universelle. Ce sont eux qui connaissent les besoins et les solutions pour favoriser une meilleure équité pour les travailleurs.

 – Sébastien Beaulieu

Je suis en accord avec la demande. Une norme universelle de 420 heures n’est pas un luxe, mais bien une question d’équité. Peu importe où on est au pays, on devrait avoir accès aux mêmes règles. Ce n’est pas normal qu’un travailleur de région rurale ait besoin de plus d’heures travaillées qu’un travailleur urbain ou l’inverse, on paie tous dans le même régime. 420 heures pour 35 semaines, c’est une base juste et prévisible. Il est temps de simplifier et harmoniser les règles et d’arrêter de jouer avec des calculs. C’est une norme claire et humaine que nous avons besoin, un filet social, pas un parcours du combattant.

 – Marilène Gill

Le projet de loi C-418 [déposé par Louise Chabot et moi-même le 5 novembre 2024, NDLR] réclamait une norme universelle de 420h (ou 12 semaines) et offrait 35 semaines de prestation minimum. Je m’engage à déposer et à défendre à nouveau ce projet de loi au cours de la prochaine législature.

3. Le ‘Trou noir’ de l’assurance-emploi continue d’affecter les milliers travailleurs de l’industrie saisonnière sur la Côte-Nord. Quelles mesures concrètes proposez-vous pour éliminer définitivement ce ‘Trou noir’?

 – Marilène Gill

La seule mesure concrète et pérenne afin d’éliminer définitivement le trou noir est de réformer incessamment la Loi sur l’assurance-emploi à la lumière des recommandations des groupes de défense de droits des chômeurs, tel que nous le proposions dans C-418 [Projet de loi déposé par Louise Chabot et moi-même le 5 novembre 2024, NDLR].

 – Kevin Coutu

Il faut modifier le régime d’assurance-emploi afin que les gens qui en bénéficient ne soient plus aux prises avec des enjeux de revenus. La vie coute cher et plus particulièrement sur la Côte-Nord. Nous avons des réalités très drastiques où nous avons dans une même circonscription la MRC la plus riche ainsi que la plus pauvre. Il faut donc qu’on obtienne un meilleur équilibre dans notre circonscription. De plus, nos voisins de la Basse-Côte-Nord sont encore plus touchés par ces enjeux puisque le coût de la vie dans cette partie de la région est plus dispendieux en raison notamment du transport. Il faut donc avoir un programme qui répond à notre réalité et un non ” one size fit all ” qui n’est pas applicable ici. 

 – Sébastien Beaulieu

Ouais, le trou noir. Bien, je trouve qu’on fait un travail de “patchage” du côté d’Ottawa avec des programmes temporaires et des promesses à deux ou trois vitesses. Ce que je propose, c’est assez simple, c’est l’instauration de prestations de transition automatiques. Quand un travailleur saisonnier a fini ses semaines de chômage, mais que la saison n’est pas encore commencée, le système pourrait alors continuer de verser un revenu sans que le travailleur nécessite un combat avec le système pour l’obtenir. Automatiquement et de façon juste, les prestations seraient basées sur les cycles de travail connus dans les secteurs saisonniers. Nous n’avons pas besoin de réinventer la roue, les données existent et les besoins sont clairs. Les impacts sont trop grands pour rester les bras croisés, un travailleur ne serait pas censé recourir à l’aide sociale ou s’endetter en attendant le retour au travail. Ça fait près de 20 ans que l’on parle du trou noir et le gouvernement utilise la technique du banc de neige, ils regardent le soleil en attendant de le voir disparaitre, mais ça n’arrivera pas, il faut sortir la pelle et commencer le travail.

 – Marika Lalime

Ce ” Trou noir “, c’est un trou dans notre filet social. Et il est inadmissible. Pour l’éliminer, je propose :

L’adoption immédiate d’une norme nationale avec 35 semaines de prestations pour couvrir la période entre deux saisons de travail.

Une harmonisation du régime avec les cycles réels des industries saisonnières.

La création d’un mécanisme automatique de prolongation des prestations en cas de décalage entre la fin des prestations et le retour au travail.

Ces mesures sont simples, justes et urgentes. Elles doivent être mises en place dès maintenant.

 – Gilles Babin

Le ” Trou noir ” doit être aboli d’une façon ou l’autre. L’insécurité alimentaire et d’habitation qu’il provoque affecte la santé mentale dans notre région par le stress qu’il occasionne et il est important pour moi que la santé non seulement économique, mais globale soit tenue en compte dans l’élaboration d’une politique qui vise le progrès pour nous tous.

4. Si demain matin vous êtes élu, quelles actions concrètes vous engagez-vous à poser pour défendre au Parlement les besoins des travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière de la Côte-Nord? Serez-vous prêt à exercer des pressions sur votre organisme national pour qu’il priorise ce dossier?

 – Kevin Coutu

D’abord oui, je vais mettre le plus de pression sur notre gouvernement afin que les choses changent dans notre région. L’une de nos économies provient de l’industrie saisonnière et il faut que cette industrie soit attrayante. Mon message peut sonner redondant, mais c’est un peu la poule ou l’oeuf. Sans changement, l’industrie saisonnière sur la Côte-Nord n’est pas attrayante et procure un stress financier occasionnant les gens à vouloir du changement, ce qui provoque, entre autres, notre problème démographique. Il faut donc une réforme sérieuse qui incitera les gens d’ici à rester ici, mais également à inciter les gens à déménager ici.

 – Marika Lalime 

Je m’y engage sans aucune hésitation. Je vais :

Déposer ou appuyer une motion à la Chambre pour une réforme immédiate de l’assurance-emploi, avec des solutions concrètes pour les régions saisonnières.

Organiser des rencontres avec les syndicats et les groupes de travailleurs de la Côte-Nord pour faire entendre leurs voix à Ottawa.

Travailler à l’intérieur du caucus du NPD pour faire de ce dossier une priorité nationale, en utilisant tous les outils parlementaires à ma disposition.

Et oui, je suis prête à mettre de la pression — même sur mon propre parti — pour que ce dossier reçoive l’attention et l’action qu’il mérite. Les travailleurs et travailleuses de la Côte-Nord ne sont pas des oubliés. Ils sont essentiels à notre économie, et ils méritent d’être défendus avec détermination.

 – Marilène Gill 

Sur le plan législatif, je m’engage à prioriser le dépôt et la défense d’un projet de loi de réforme de la Loi sur l’assurance-emploi ou à travailler à améliorer et à adopter tout projet de loi visant sa réforme de façon à répondre adéquatement aux besoins des travailleurs.

 – Gilles Babin

Ma priorité dans ce dossier sera de découvrir où en est le ministère dans l’élaboration de la nouvelle politique et de sensibiliser le ministre à l’importance de donner du mouvement à ce projet de renouvellement de la loi. N’ayant pas d’organisme national à qui j’appartiens, je pourrai travailler en collaboration avec tous les partis, car c’est un dossier qui touche l’ensemble de la société canadienne.

– Sébastien Beaulieu

Tout d’abord je dois spécifier que je ne me présente pas comme un expert du dossier. Je ne prétends pas tout connaitre sur l’assurance-emploi, mais ce que je sais, c’est que les travailleurs saisonniers sont indispensables à notre économie et ils ne méritent pas d’être abandonnés dans le vide chaque année par le régime. Si je suis élu, ma première promesse va être de me porter à l’écoute. Je vais rencontrer rapidement les syndicats, les travailleurs et travailleuses saisonniers et les groupes comme Action-Chômage Côte-Nord qui connaissent le terrain mieux que n’importe quel fonctionnaire à cravate d’Ottawa. Ensemble, on va bâtir des solutions réalistes aux problèmes locaux et je vais les porter au parlement. Je m’engage aussi à déposer motion pour éliminer le trou noir en poussant les prestations de transition automatiques dans les industries saisonnières. Je n’ai pas un CV étoffé en termes de jargon ou de formalités entourant le chômage, mais j’ai des souliers à cap dans les pieds et la Côte-Nord dans le coeur. Ce que je vais apprendre des gens d’ici, des organismes, des syndicats et des travailleurs, je vais m’en servir pour me battre.

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