Élections fédérales | Une dernière chance pour vous convaincre

Les cinq des six candidats de l'élection fédérale dans Côte-Nord-Kawawachikamach-Nitassinan étaient réunis lors d'un débat organisé par l'Association étudiante du Cégep de Baie-Comeau. Photo Karianne Nepton-Philippe
C’est le lundi 28 avril que les électeurs canadiens sont appelés aux urnes pour élire un nouveau gouvernement fédéral. Afin de vous aider à faire un choix, le Journal a demandé aux six candidats dans la circonscription de Côte-Nord–Kawawachikamach–Nitassinan de répondre à trois questions. Ils avaient droit à une centaine de mots pour chacune des questions.
1. Si vous êtes élu, quelle sera votre plus grande priorité ?
2. Pourquoi les électeurs devraient-ils vous donner leur vote ?
3.Avez-vous un modèle, une inspiration politique ?
Gilles Babin (aucune appartenance politique)

1. La plus grande priorité de mon action après mon élection sera de faire ce qui est bon pour nous. L’audace des électeurs de m’avoir accordé leur confiance est aussi celle de se faire confiance en devenant responsable de notre développement économique. Être responsable c’est décider. La sécurité alimentaire de tous est fondamentale, c’est essentiel et prioritaire dans notre action. L’abri, le logement est crucial, ça n’a pas de sens d’avoir à choisir entre se loger ou manger. L’ignorance est notre ennemi, accompagner l’apprenant est nécessaire. Finalement, le transport génère les liens ; c’est terminé l’isolement. Je m’engage à construire le pont !
2. “ … et si on s’unissait ? ” nous serions maître chez nous ! N’avoir aucune appartenance politique, c’est redonner vie à la liberté de parole. Les lignes de parti nous ont divisés, jusqu’à faire de nous des ennemis ; des rouges et des bleus. Divisé pour mieux régner… on connait l’histoire. Voter comme moi c’est refuser de prêter serment d’allégeance à la couronne britannique. C’est d’affirmer l’injuste prise de possession de la terre par couronne et d’accélérer le processus de guérison chez nous. D’aller dans la direction de construire le pont entre Innus et Y-Nous vivant le territoire, c’est ça ce vote !
3. Ici dans la Côte-Nord, sûrement le Colonel McCormick. Un autre est chef de la bande indienne d’Osoyoos en Colombie-Britannique, Clarence Louis est un exemple et un modèle de réussite. Depuis 1985, il met l’accent sur le développement économique. Cela se trouve à être le fondement pour améliorer le niveau de vie de son peuple. C’est ce que nous ferons ensemble ici dans la Côte-Nord-Kawawachikamach-Nitassinan. En appliquant ses valeurs : le développement socio-économique améliore les besoins sociaux, éducatifs et sanitaires de sa communauté. Le taux de chômage est devenu pratiquement nul. Pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant ?
Sébastien Beaulieu (Parti rhinocéros)

Sébastien Beaulieu, candidat du Parti rhinocéros Photo Vincent Rioux-Berrouard
1. Ma priorité : décentraliser le pouvoir des partis politiques. Je veux qu’on arrête de gérer la Côte-Nord à distance. Je veux des principes de démocratie accessibles, un nouveau mode de scrutin et une meilleure représentativité. Présentement, on peut élire dans la région des représentants de partis politiques d’Ottawa. Je pense qu’on devrait élire un candidat qui va nous représenter nous, notre région et ses valeurs à Ottawa. Je souhaite mettre un frein à notre dépendance des marchés alimentaires extérieurs, en repensant le calcul d’exploitation forestière pour ajouter les PFNL et accessibiliser nos ressources tels le homard et le phoque, pour la subsistance personnelle.
2.Parce que je n’ai pas peur de dire la vérité, même si elle est absurde. Je suis le candidat le plus présent sur le terrain. Je bouscule les codes, tout en m’impliquant activement dans ma région, que ce soit en culture, en bénévolat, ou par mes démarches de souveraineté alimentaire. Je ne vous promets pas de miracles en cravate, je vous propose un vote de contestation, d’audace et de proximité. Un vote qui découle du cynisme, avec un potentiel d’imagination politique. Voter pour moi, c’est donner un coup de pied dans la poubelle politique qui brûle depuis des années.
3.J’ai une fascination pour les esprits libres. Jacques Ferron, pour son génie littéraire et son goût du contre-pouvoir. René Lévesque, pour sa droiture et son rêve lucide d’un peuple debout. Pierre Falardeau pour sa colère nécessaire et son amour féroce du monde ordinaire. Françoise David, pour son calme déterminé et sa justice sociale incarnée. Pauline Julien pour sa voix vibrante qui chantait la liberté. Je marche dans leurs pas, avec des mots qui me ressemblent et avec mon identité nord-côtière, dans le but de continuer le combat et nous rassembler avec humour, folie et vérité.
Kevin Coutu (Parti libéral du Canada)

Kevin Coutu, candidat du Parti libéral du Canada. Photo Vincent Rioux-Berrouard
1. Ma plus grande priorité sera d’éclairer nos réalités à la Chambre des communes. Faire réaliser aux Canadiens que la vie sur la Côte-Nord est magnifique, mais empreinte de défis. Nous manquons d’investissements dans notre région et il faut que cela cesse. Ce faisant, il sera prioritaire de rendre la Côte-Nord attractive, en obtenant des incitatifs pour rester ici et également pour déménager ici. Nous vivons dans une région enclavée, où le travail saisonnier fait partie de notre réalité et où le transport est difficile. Il faut faire connaître ces réalités pour obtenir le respect que l’on mérite à Ottawa.
2.Parce que je connais nos réalités et que mon objectif c’est d’améliorer notre région. Je veux que nos villes et villages soient prospères et qu’on cesse de s’inquiéter de leurs survies. Nous faisons face à plusieurs défis qui sont surmontables, mais pour cela, il faut qu’on nous écoute et qu’on croie en nous. Nous sommes aux prises avec des enjeux dramatiques au niveau démographique, alors que les grands centres débordent. En ayant un élu faisant partie du gouvernement, nous avons ainsi les chances d’améliorer notre région. À défaut, nous n’avons aucune voix et aucun pouvoir afin de tirer la “ couverte de notre bord ”.
3.J’ai plusieurs modèles, mais ceux qui me viennent en tête sont messieurs, Chrétien, Bouchard et Mulroney. Ce sont trois hommes de région qui ont accompli de grandes réalisations. Les gens de région ont une grande résilience et font preuve d’audace, puisqu’il faut souvent s’arranger avec les moyens qu’on a. Or, je crois que nous avons été plus que patient jusqu’à maintenant et il est temps qu’on traite la Côte-Nord comme elle devrait être traitée. Nous avons une région prospère qui se doit d’être entretenue et développée. Ces modèles sont donc des exemples concrets qu’il ne faut pas cesser de se dépasser.
Mélanie Dorion (Parti conservateur du Canada)

Mélanie Dorion, candidate Parti conservateur du Canada. Photo Vincent Rioux-Berrouard
1. Ma priorité sera de soutenir le développement économique, un moteur essentiel pour améliorer nos infrastructures et nos services. De nouveaux projets pourraient accélérer la complétion de la route 138, favoriser le désenclavement et offrir aux municipalités davantage de leviers pour investir. Pensons, par exemple, aux redevances d’Hydro-Québec en Minganie, qui profitent autant aux communautés autochtones qu’allochtones. Ou encore au projet Aquaboréal, qui pourrait faire de Baie-Trinité un pôle majeur de l’industrie des pêches.
2. Depuis 30 ans, notre région vit un déclin démographique, une perte de pouvoir d’achat et la dévitalisation de plusieurs villages. Les services diminuent, la criminalité augmente, et nos infrastructures publiques tombent en ruine. Il est temps d’agir. Nous avons des ressources abondantes à valoriser intelligemment pour améliorer la qualité de vie dans toutes nos communautés. Le Parti conservateur est un parti d’action, enraciné dans les régions. Voter pour nous, c’est choisir de redonner espoir, de raviver l’économie locale et de reconstruire un avenir durable sur la Côte-Nord.
3. Oui, plusieurs. J’admire Churchill pour son courage en temps de crise, Nixon pour sa résilience diplomatique, Duplessis pour son instinct politique et sa défense du Québec, et surtout Marc Aurèle, dont la sagesse stoïcienne m’inspire au quotidien. Le calme, la lucidité et le sens du devoir sont pour moi essentiels en politique. Je crois qu’un bon leader sait quand foncer, quand écouter, et surtout, comment servir avec intégrité. Ces figures m’inspirent à rester fidèle à mes valeurs.
Marilène Gill (Bloc québécois)

Marilène Gill, candidate pour le Bloc québécois. Photo archives
1. Ma plus grande priorité sera de travailler sur tous les fronts que m’auront demandés les Nord-Côtiers, tant dans le contexte des tarifs que dans celui du travail régulier à la Chambre des communes, parce que toutes les priorités sont interreliées. Il s’agira donc de défendre notre économie (forêt, aluminium, pêches, PME, travailleurs, 2e et 3e transformation, etc.), mais aussi notre tissu social (jeunes, aînés, jeunes familles, santé, culture, langue, laïcité, logement, coût de la vie, etc.). Sur le plan purement législatif, je défendrai un projet de loi de réforme de l’assurance-emploi.
2. Si les électeurs m’accordent le privilège de les représenter, je continuerai de défendre et de promouvoir les intérêts de la Côte-Nord. Je m’engage à nouveau être une députée accessible, disponible et active, qui porte la parole de ses électeurs auprès du gouvernement, et non le contraire. Je m’engage, comme pour la Côte-Nord, à voter contre ce qui est mauvais pour le Québec, mais à voter pour ce qui est bon pour le Québec. On doit travailler de manière à améliorer les projets de loi en fonction de qui nous sommes, et cela, en attendant que le Québec devienne un pays et puisse parler pour lui-même.
3. J’ai de nombreux modèles, de tous les lieux et toutes les époques, qui m’inspirent, car ils ont résisté à ce qu’ils croyaient plus fort qu’eux, qui sont demeurés intègres, fidèles à leurs valeurs, gardiens de la liberté, qui ont fait preuve de solidarité, de bienveillance et qui ont su montrer ce qu’il y a de plus beau dans l’être humain. Je pense aux Résistants français dont certains, comme Jean Moulin, ont vu leur nom accéder à la notoriété, tels des personnages légendaires. Je pense aussi à tous ceux qui se sont battus et sont disparus dans l’ombre pour que notre monde soit un monde libre.
* La candidate du Nouveau parti démocratique, Marika Lalime, n’a pas répondu à nos demandes.