Flotte Walker | Un naufrage à Pointe-aux-Anglais qui intéresse à travers le monde

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 6 mai 2025
Temps de lecture :

À l'été 2023 et 2024, des recherches ont eu lieu dans les secteurs de Pentecôte et de Pointe-aux-Anglais. Photo courtoisie

 

 

Mieux comprendre le naufrage de la flotte de l’amiral Walker au large de Pointe-aux-Anglais : voilà la mission que c’est donné une équipe de chercheurs de l’Université de Rimouski (UQAR). Peu à peu, leur travail permet de lever le voile sur cet événement important, survenu en 1711, mais qui suscite un grand intérêt à travers le monde.

 

Retour sur les événements. En 1711, la survie de la Nouvelle-France est menacée avec l’arrivée d’une flotte de guerre en provenance de Boston. Elle se dirige vers la ville de Québec, pour l’attaquer. L’expédition tourne à la catastrophe, lorsque dans la nuit du 2 au 3 septembre, plusieurs navires s’échouent à proximité de l’île-aux-œufs, dans le secteur de Pointe-aux-Anglais, à Port-Cartier.

Depuis deux ans, des chercheurs réalisent des recherches, consultent des archives à travers le monde et effectuent des fouilles sur le terrain, pour faire la lumière sur cet événement.

« On a réussi à en savoir plus. On a trouvé beaucoup d’informations sur le naufrage et ses circonstances », explique le professeur en histoire à l’UQAR, Maxime Gohier, qui codirige l’équipe de recherche.

Cette dernière a pu consulter les journaux de bord des officiers de la Royal Navy, qui sont conservés à Londres.

« Avec les journaux, on est en train de reconstituer de façon précise l’avance de la flotte et son retrait », dit-il. 

Il y a aussi des informations indiquant que les vents ont énormément changé, lors de cette journée fatidique. Conséquence : les navires ont été poussés en direction nord.

Les recherches ont aussi permis d’éclaircir l’ampleur de la catastrophe. Dans l’historiographie, les chiffres ont toujours varié entre 800 et 3 500 morts.

« En comparant tous les journaux de bord de la Royal Navy, on a une ampleur beaucoup plus précise de la catastrophe », explique-t-il. Le nombre de décès tournerait plutôt entre 900 et 1 400 personnes.

Le nombre de navires ayant sombré est mieux connu maintenant, grâce aux recherches de l’équipe. L’estimation était de huit ou neuf, mais l’équipe pense qu’il y en aurait plutôt dix.

Les recherches menées par l’équipe génèrent un grand intérêt dans plusieurs pays.

« À l’international, dans les milieux scientifiques, le projet intéresse au plus haut point », a indiqué Maxime Gohier, en entrevue avec le Journal, alors qu’il se trouvait à Boulogne-sur-Mer, en France, pour y prononcer une conférence sur le sujet.

Il y a aussi de l’intérêt de la part de scientifiques qui étudient le climat. Avec les changements climatiques, les études sur l’histoire du climat sont à la hausse et il y a des informations dans les journaux de bord qui intéressent.

« Il y a beaucoup d’historiens et de climatologues qui sont à la recherche de données climatiques anciennes, pour peaufiner les modèles de changements climatiques », dit M. Gohier.

Recherches terrain

Les chercheurs seront de retour sur le terrain cet été. Il s’agira du troisième pour l’équipe, dans le secteur de Pointe-aux-Anglais. Lors des deux derniers étés, des relevés ont été effectués.

« On a détecté des anomalies [à l’été 2023 et 2024], donc on va aller voir s’il pourrait y avoir des choses intéressantes pour nous », dit le professeur Gohier. Un bateau et des équipements de plongée permettront de mener le tout à bien.

Une enquête de terrain, sur la Côte-Nord, pour recueillir des témoignages liés au naufrage sera aussi menée en juin.

« On veut connaître les histoires régionales qui entourent la flotte de Walker et comment les gens s’approprient cette histoire dans la région », affirme-t-il.

Il souligne que bien que l’événement est peu connu de la population en général, c’est sur la Côte-Nord que les gens sont le plus au courant du drame qui s’est produit au début du 18e siècle.

Dany Dumont (Institut des sciences de la mer), Marie-Ange Croft (UQAR) et Maxime Gohier (UQAR) codirigent une équipe de recherche qui tente d’en apprendre davantage sur le naufrage de la flotte de Walker de 1711. Photo archives

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires