Tous les élèves de la polyvalente des Rivières ont récemment vécu une expérience immersive hors du commun, grâce à l’activité de sensibilisation Dans l’univers de Roxane, présentée pour la toute première fois à Forestville.
Organisé par la Maison l’Amie d’Elle la semaine dernière, cet atelier sensoriel traite de la violence dans les relations amoureuses chez les adolescents et les jeunes adultes par le biais d’un parcours audio immersif.
Roxane, 16 ans, est une adolescente fictive à laquelle plusieurs jeunes se sont identifiés.
L’histoire qu’ils ont suivie à travers des écouteurs n’a laissé personne indifférent. « On se rend compte qu’il y a plus de personnes qu’on pense qui vivent ça », laisse tomber un étudiant de cinquième secondaire de la polyvalente des Rivières de Forestville.
« J’avais des noms en tête en l’écoutant », a confié une autre participante. « C’est vraiment percutant et l’on voit que c’est du vrai, pas juste une mise en scène », ajoute-t-elle.
L’initiative scolaire visait à sensibiliser les jeunes de 14 à 18 ans à différentes formes de violence, soit psychologique, sexuelle, verbale, cyberviolence.
Également, à développer leur réflexe afin de pouvoir intervenir. « J’ai déjà aidé quelqu’un qui vivait une relation toxique », a déclaré un élève. « Une des meilleures solutions, c’est d’en parler, même si ce n’est pas évident quand on est pris là-dedans », a témoigné un groupe de quatre jeunes.
L’atelier a aussi permis de déconstruire plusieurs mythes autour du consentement. Les intervenantes de la Maison l’Amie d’Elle, Annie Forest, travailleuse sociale à la polyvalente des Rivières et Valérie Caouette, policière intervenante en milieu scolaire de la Haute-Côte-Nord, ont pris le temps d’informer les adolescents de cette réalité fréquente.
« Dire oui pour que l’autre arrête d’insister, ce n’est pas un vrai oui et on a le droit de dire non à tout moment », rappelle Mme Forest.
Plusieurs intervenants ont insisté sur la responsabilité partagée en donnant comme solution de savoir écouter les signaux, nommer ses limites et respecter celles des autres.
Au fil du parcours, les jeunes ont pu identifier les fameux « drapeaux rouges » dans la relation entre Roxane et Alex. L’isolement, le contrôle, la culpabilisation, les manipulations affectives ont été soulevés dans l’expérience.
« Ce n’est pas une perte de contrôle que vit Alex, c’est une prise de contrôle », laissent savoir les intervenantes de l’organisme forestvillois. « Tout est calculé pour garder Roxane sous emprise », a expliqué une intervenante.
À ce moment précis, les jeunes ont pu comprendre ce que voulait dire une violence coercitive. Certains élèves déploraient que Roxane n’a pas semblé vouloir se sortir de ce cycle de violence et ont pu comprendre à quel point il est difficile de le faire avec l’atelier de discussion.
L’activité a aussi touché les plus jeunes. « J’ai été surprise par la maturité des élèves de secondaire 1 », ont répété unanimement les intervenantes de la Maison l’Amie d’Elle. « Ils ont été capables de nommer les types de violence et de poser les bonnes questions », a souligné une organisatrice.
Une version adulte de l’atelier a également été proposée le 30 avril pour les parents et membres de la communauté, leur permettant de mieux comprendre ce que leurs enfants ont vécu, et de mieux les accompagner.
L’activité est rendue possible grâce aux trois maisons d’aide et d’hébergement de la Côte-Nord, dont celle de Forestville. « C’est une présentation coûteuse qu’on a réservée des mois d’avance, mais qui en vaut la peine », soutient Nancy Parisée, intervenante prévention et sensibilisation de l’organisme.
Les élèves sont repartis avec de la documentation, mais surtout, avec une prise de conscience plus profonde qu’à leur arrivée. Comme l’a si bien dit une étudiante, « ce n’est pas juste une histoire, c’est ce que vivent des personnes pour vrai ».