Geneviève Langelier n’est pas une athlète professionnelle. C’est une maman, une femme engagée, une battante. Pour la deuxième année consécutive, elle participe au défi The Million Reasons Run, une initiative nationale qui invite les Canadiens à courir tout au long du mois de mai afin de recueillir des fonds pour les hôpitaux pédiatriques.
Pour Geneviève, cette course n’est pas qu’un simple défi sportif : c’est une promesse, un hommage, une façon de dire merci. Pour elle, chaque foulée est une lettre d’amour à sa fille Judith, une reconnaissance envers l’hôpital qui lui a sauvé la vie et un cri du cœur pour soutenir tous les enfants malades du Québec.
« Donner à la Fondation du CHU Sainte-Justine est mon principal objectif. Il n’y a pas de petits montants, ils sont tous représentatifs d’espoir pour les petits patients de l’hôpital et leur famille », explique la résidente de Baie-Comeau avec conviction.
Si elle a choisi Sainte-Justine, c’est parce que cet hôpital occupe une place immense dans sa vie : sa fille Judith y a été soignée pour une condition rare dès la naissance. À 20 semaines de grossesse, les médecins ont détecté un lymphangiome, une malformation très rare. À la naissance, Judith a dû être transférée d’urgence à Montréal. Elle passera 111 jours à l’unité de néonatalogie du CHU Sainte-Justine, entre soins intensifs et intermédiaires.
Sans le CHU Sainte-Justine, l’histoire de Geneviève et de sa fille Judith aurait pu connaître une tout autre fin.
Une traversée éprouvante
« Craindre pour la vie de son enfant est la période la plus difficile pour des parents. Son père et moi avons tout mis de côté, mettant le peu d’énergie que nous avions sur l’accompagnement de notre enfant malade », confie la maman originaire de Forestville.
Durant ces semaines éprouvantes, Judith a subi des transfusions, plusieurs traitements de sclérothérapie et une opération majeure. Ce jour-là, Geneviève se souvient avoir confié sa fille à l’équipe du bloc opératoire, le cœur rempli d’angoisse.
« Des heures d’attente qui nous ont paru des jours, envahis par les sentiments de peur et de tristesse. Cette opération, qui visait à retirer une infection ainsi qu’une bonne partie de la masse, a été une épreuve très difficile, mais elle lui a permis de rentrer à la maison quelques semaines plus tard, dans un état stable », révèle Geneviève.
Un regard transformé sur la vie
Judith a maintenant une résilience impressionnante. Pour Geneviève, cette épreuve a changé sa vision du monde et elle puise dès lors sa force dans la reconnaissance.
« Une épreuve aussi difficile transforme une vie de parent. On trouve le bonheur dans les petites choses ; même dans les “petites” crises, on se trouve chanceux de l’avoir avec nous et qu’elle soit assez en forme pour en faire », avoue-t-elle.
Mais cette expérience, aussi dure et intense soit-elle, a aussi transformé la perception du système de santé de la famille Langelier.
« Cette expérience m’a ouvert les yeux sur l’importance des hôpitaux pédiatriques dans notre système de santé. C’est un tout autre univers ; les travailleurs de la santé s’adaptent à la réalité de l’enfant et de sa famille et font preuve d’une patience et d’un calme rassurants », ajoute-t-elle.
Une régionale au cœur d’un défi national
Résidant en région, Geneviève souligne à quel point l’éloignement des grands centres est un défi supplémentaire pour les familles. Le Manoir Ronald McDonald, situé à deux pas de Sainte-Justine, est devenu un second chez-soi lors de leurs séjours à Montréal.
« C’est difficile d’être aussi loin des spécialistes. À notre retour, je craignais que son état se détériore à nouveau alors que ses médecins traitants se trouvaient à plusieurs centaines de kilomètres de notre maison », partage Geneviève.
Elle souhaite que les gens de sa communauté comprennent l’importance de soutenir les hôpitaux pédiatriques, même à distance : « Les dons amassés permettent aux hôpitaux pédiatriques de poursuivre leur mission première : soigner les enfants malades. »
Courir pour ceux qui ne peuvent pas
Cette année, Geneviève court avec un nouveau-né à la maison. Son petit garçon est né en janvier, et la course de mai demande une organisation bien différente. « Mon défi se passe bien. J’ai dû ralentir la cadence et les sorties […]. J’ai tout de même la chance d’avoir le soutien des membres de mon équipe », raconte-t-elle fièrement.
Chaque jour, lorsqu’elle lace ses chaussures, elle pense à Judith, mais aussi à tous les autres enfants malades. Pour remercier la vie. Et pour rappeler que chaque don, chaque pas, chaque souffle, peuvent contribuer à un miracle.
« J’aime me rappeler que les enfants malades n’ont pas le choix d’affronter les côtés négatifs de la maladie. Alors je mets mes souliers et je cours, laissant de côté la fatigue et la paresse », conclut-elle.
Un million de raisons de courir, c’est aussi un million de façons de dire merci. Pour Geneviève, courir en mai, c’est courir pour la vie.