L’École de musique tatouée sur le cœur

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 20 mai 2025
Temps de lecture :

Pia Di Lalla, directrice de l'École de musique Côte-Nord, partira à la retraite le 27 juin. Photo Johannie Gaudreault

Quand on pense à l’École de musique Côte-Nord, on pense tout de suite à sa directrice Pia Di Lalla. À la tête de cet organisme depuis plus de 20 ans, celle-ci passera bientôt le flambeau pour prendre une retraite bien méritée. 

La musique est entrée tôt dans la vie de Mme Di Lalla, d’origine italienne, mais née à Baie-Comeau. Malgré qu’ils étaient fort occupés avec le commerce familial, les parents Di Lalla laissaient les mélodies envelopper la maison. 

« Papa jouait du violon plus jeune et, à la maison, il y avait deux accordéons. Quand c’était les partys de famille, il sortait son accordéon quand j’étais très jeune. Mais on écoutait un petit peu de musique », se remémore Pia Di Lalla, qui a pianoté pour la première fois à l’âge de 12 ans.

Son amour du chant choral et du piano a grandi avec les années, mais elle n’a jamais pensé diriger sa carrière vers la musique. « Quand j’étais au Cégep, je ne savais pas quoi faire. J’avais commencé ici en Technique administrative parce que je pensais que j’allais reprendre le commerce de mes parents », divulgue-t-elle en entrevue avec Le Manic.

Finalement, elle n’a pas aimé son cours alors elle a quitté la région pour étudier en musique au Cégep de Sainte-Foy. Elle n’était pas non plus convaincue de son choix. Elle s’est donc tournée vers les Arts et lettres, qu’elle a délaissés aussi par la suite. « Je ne savais pas quoi faire, j’étais mêlée. Je suis revenue travailler au commerce familial en me disant je verrai », raconte-t-elle.

Cette dernière décision a finalement été la bonne. C’est par pur hasard qu’elle a rencontré l’ancienne directrice de l’École de musique Côte-Nord, alors qu’elle travaillait à l’entreprise florale en 1981. « Diane Provencher m’avait enseigné au Cégep de Sainte-Foy. Quand je la vois, je fais le saut. Elle m’a demandé d’aller la voir à l’École de musique », se rappelle Mme Di Lalla.

C’est ainsi qu’a débuté son parcours dans cet organisme à qui elle a finalement consacré sa carrière. « Le contrat était prêt. Elle m’a dit tu vas enseigner le piano, le chant et la flûte à bec », rigole celle qui deviendra directrice en 2001 tout en continuant à donner des cours.

Pia Di Lalla a quitté quelques années Baie-Comeau et l’école de musique après son mariage, mais elle est revenue en 1990 et ne les a plus jamais quittées. 

Quand elle a commencé à la direction, le poste était à temps partiel. Mais la Baie-Comoise a travaillé pour qu’il devienne un emploi à temps plein. 

Une de ses premières réalisations était aussi d’augmenter le nombre d’élèves qui fréquentaient l’école. « Quand je suis devenue directrice en 2001, il y avait 85-90 élèves d’inscrits. Deux ans plus tard, ça avait doublé », dit-elle fièrement. 

« C’était ça moi que je voulais faire. Je savais qu’on était capable d’avoir plus d’élèves que ça », poursuit-elle. Aujourd’hui, le nombre d’inscriptions dépend des années, mais il connaît une petite baisse. « Ça roule entre 180 et 220 », dévoile Pia Di Lalla précisant que certaines années, on retrouvait 230 étudiants entre les murs de l’école.

« Ça dépend aussi des profs qu’on a, des disponibilités des professeurs. Quand je dis 225-230, c’est parce qu’il y a des groupes, des chorales qui s’installent, l’orchestre. Ça aussi, c’est des vagues. »

Période de transition

La période de transition permettant à Pia Di Lalla de passer le flambeau à son successeur est bien amorcée depuis presque un an. La directrice quittera son poste officiellement le 27 juin, mais elle restera présente pour des services professionnels de mentorat jusqu’au 22 septembre. 

« À partir du 1er juillet, officiellement, c’est moi qui porterai le titre de directeur. Et Pia va rester dans les entourages au cas où il y a des besoins », confirme Julien-Pierre Desmeules Paré, qui dit avoir de grandes chaussures à chausser.

Le trentenaire a un parcours qui ressemble à celui de sa prédécesseur. Enseignant à l’École de musique depuis cinq ans, il est le représentant des professeurs. Depuis deux ans, il s’implique davantage au niveau administratif ayant suivi une formation en administration. 

« Quand l’idée de faire la transition est arrivée, on dirait que ça s’est fait naturellement que ça pouvait être moi le remplaçant. J’ai pensé un petit peu à ça et, finalement, j’ai accepté le poste », divulgue le Baie-Comois d’origine. 

Celui-ci a étudié en musique populaire et interprétation jazz au Cégep de Drummondville avant de revenir travailler dans la région. Il a occupé une multitude d’emplois dans des secteurs diversifiés. Finalement, il est retourné sur les bancs d’école à 28 ans pour accomplir un baccalauréat en musique populaire et interprétation jazz.

« Ça adonnait bien parce que quand il est revenu à Baie-Comeau, on cherchait un professeur de percussion. C’était lui qui était là avant », commente Pia Di Lalla qui a sauté sur l’occasion pour l’embaucher à nouveau comme enseignant. 

Pia Di Lalla, directrice de l’École de musique Côte-Nord, passe officiellement le flambeau à Julien-Pierre Paré Desmeules. Photo Johannie Gaudreault

D’élève à professeur

Pour Julien-Pierre Desmeules Paré, la musique est arrivée sur le tard. « J’ai fait du sport toute ma jeunesse, rapporte-t-il. À un moment donné, à l’âge de 16 ans, je me suis rendu compte que je ne voudrais pas faire ça de ma vie. Je me suis demandé ce que je pourrais faire maintenant et j’ai pensé que la musique, ça serait le fun. »

Selon son énergie, c’est la batterie qui l’a tout de suite attirée. Il s’est donc mis à faire de la musique sans arrêt et il a même fait partie de quelques groupes de musique avant de se dire qu’il aimerait étudier dans ce domaine.

« À l’époque, j’ai suivi un cours de musique à l’École de musique Côte-Nord. Il y a à peu près 20 ans alors que c’était au Pavillon Mance. J’ai suivi un an de formation, autant du point de vue théorique, solfège et théorie musicale, que pratique à la batterie. Puis j’ai fait des auditions et je suis rentré à Drummondville », relate le jeune artiste. 

Moments marquants

Entre 1981 et 2025, Pia Di Lalla en a vécu des moments à l’École de musique Côte-Nord. Quelques-uns demeurent encore marquants pour elle aujourd’hui. 

Elle se souvient notamment des concerts régionaux qui étaient organisés annuellement avec les trois autres écoles de musique de la région (Port-Cartier, Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre). Chaque année, un de ces quatre établissements recevait les jeunes pour un concert régional.

“ Quand je suis rentrée directrice, j’avais ça à préparer. Deux-trois ans plus tard, j’ai voulu changer la formule pour faire plus que ça. Je voulais faire une fin de semaine avec un concert des élèves, des ateliers et des classes de maîtres et un concert des maîtres ”, se remémore-t-elle.

Elle a réussi son pari et l’événement s’est bel et bien tenu. Mais il n’a plus été organisé par la suite.

Un autre aspect significatif de sa carrière est sans aucun doute les artistes talentueux qui ont croisé sa route. Elle pense à Benoit Gauthier, qui a fondé l’Orchestre symphonique de la Côte-Nord, Alexis Vollant, Elizabeth St-Gelais ou encore Stéphanie Bouchard-Tremblay (Cayenne). 

Place à la famille

Pia Di Lalla ne quitte pas seulement sa chaise de directrice, elle partira également de la région pour aller retrouver ses petits-enfants à Québec. Déjà âgées de 9 et 7 ans, elle veut en profiter pour passer des moments avec elles.

De son côté, Julien-Pierre Desmeules Paré fera tranquillement ses marques. Son premier objectif est de conserver les bases solides de l’organisme. 

“ C’est sûr que l’objectif principal maintenant, c’est de maintenir l’école au niveau qu’elle est. Déjà, de chausser les chaussures à Pia, c’est un bon défi. Donc, les premières années, ça va être d’apprendre, développer une routine moi-même de mon côté, de trouver mes points de repère ”, indique-t-il. 

Bien entendu, des projets se développeront au fil du temps et le nouveau directeur a déjà des idées en tête.