Des routines chamboulées par la peur à Sept-Îles

Noel Yakanu, résident de la rue Marsolet à Sept-Îles, où un homme a été abattu par balles dans les dernières semaines. Photo Alexandre Caputo
Des résidents de Sept-Îles aux vies tranquilles et paisibles sentent la nécessité d’apporter des changements à leur train-train quotidien, par crainte de devenir des victimes collatérales des actes violents qui font rage dans la ville.
« On prie pour que rien ne nous arrive », laisse tomber Noel Yakanu, un résident de la rue Marsolet, lorsque rencontré par Le Nord-Côtier.
L’homme de 37 ans habite à deux pas des lieux où un homme a perdu la vie par balles, le mois dernier.
Les actes de violence récurrents dans la ville et les coups de feu tirés dans son quartier lui ont fait revoir ses habitudes journalières.
Parti de Québec pour s’installer à Sept-Îles il y a un an de cela, M. Yakanu travaille maintenant jusqu’aux petites heures comme employé au McDonald’s. Il avait souvent l’habitude de revenir du boulot à la marche, pour retrouver la résidence qu’il habite avec d’autres collègues.
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La course matinale faisait aussi partie de sa routine, au même titre que de s’asseoir sur le terrain de sa résidence pour prendre des bains de soleil.
Ça aussi, c’est terminé.
« C’est très préoccupant. Je prends maintenant mon auto pour aller travailler, je ne vais plus courir et je m’arrête le moins possible pour causer avec les voisins », déplore M. Yakanu.
Il est toutefois rassuré de constater une présence policière accrue dans son quartier, depuis les derniers mois.
« Ce n’est pas rare que je croise deux, ou trois véhicules de police dans mon quartier et dans les environs en revenant du boulot. Je suis content de voir que le problème est pris au sérieux », mentionne-t-il.
Un père inquiet pour sa fille
Richard Mollen est quant à lui établi à La Romaine. Sa fille a 20 ans et demeure aussi sur la rue Marsolet, à Sept-Îles, pour le temps de ses études. En visite chez elle pour la semaine, M. Mollen admet que les quelques 400 km qui les séparent habituellement pèsent de plus en plus lourd dans le contexte de violence actuel.
« C’est rendu fou. J’appelle ma fille tous les soirs pour être certain qu’elle va bien et pour lui dire de barrer ses portes et de fermer ses rideaux », confie le père de famille, soulagé que sa fille puisse stationner son véhicule directement devant son logement, question d’être prête à fuir en cas de problème.
« À quoi bon déménager ? »
Alors que Noel Yakanu est catégorique lorsqu’il dit : « Si j’ai l’occasion de déménager pour changer de quartier, c’est certain que je le fais », d’autres résidents du secteur de la rue Marsolet sont plutôt d’avis que l’herbe est loin d’être plus verte ailleurs, dans la ville.
« Ça arrive partout dans la ville, dans chaque quartier. Donc à quoi bon déménager ? », soupire avec découragement, une femme préférant garder l’anonymat.
Depuis janvier 2024, les secteurs de Gallix, du Canton-Arnaud, du Parc Ferland, Mgr-Blanche ainsi que celui de Moisie ont tous reçu la visite des policiers au moins une fois pour des événements reliés aux armes à feu.