Moins d’heures sans ambulance : Paraxion ne ménage pas ses efforts

Sébastien Toussaint, président du conseil d'administration de Paraxion. Photo Josiane Fafand
L’entreprise ambulancière Paraxion, qui couvre presque en totalité la Côte-Nord, travaille depuis plusieurs années déjà à réduire le nombre de bris de services sur le territoire. Les résultats dévoilés à la fin mai par Québec sont principalement dus aux mesures qu’elle a mises en place.
Dans l’édition du 4 juin, le Journal dévoilait que le nombre d’heures sans ambulance était en forte diminution sur la Côte-Nord passant de 6 641 en 2022-2023 à 2 794 en 2024-2025. Le gouvernement vantait les mérites du nouveau contrat signé avec les entreprises ambulancières, dont Paraxion, en octobre 2023.
Pour Sébastien Toussaint, président du conseil d’administration de Paraxion, la délivrance des heures de services repose entièrement sur les épaules des entreprises ambulancières.
« Au courant de l’été 2021, on a eu un pic de bris de service qui a été majeur sur la Côte-Nord avec la pandémie. Donc, c’est sûr qu’on se compare aux pires statistiques. Mais on en a profité pour se réinventer et mettre en place de nouvelles pratiques », raconte-t-il en entrevue.
Ce sont ces nouvelles mesures qui ont permis d’améliorer la couverture ambulancière dans la région. « À la fin de l’été 2021, on était déjà rendu à des taux de bris de service qui étaient beaucoup plus acceptables. Et on n’a pas cessé de s’améliorer », témoigne le président.
La première action, qui a sans aucun doute porté le plus fruit, est la mise en place d’une équipe volante dans le même esprit que celle de Santé Québec.
« On a fait appel à nos paramédics du Québec, pas juste chez Paraxion, et on a mis en place un système qui fait en sorte qu’on a des paramédics qui viennent de partout au Québec pour combler les heures qui ne sont pas couvertes parce qu’on manque d’employés sur la Côte-Nord », explique M. Toussaint affirmant avoir renversé la situation de cette manière.
Les paramédics de Paraxion, qui sont tous syndiqués, ont cumulé 23 212 heures supplémentaires l’année dernière, selon les chiffres transmis par le président.
« On utilise d’abord nos paramédics et, par la suite, où on a des listes de rappel qui sont presque à zéro parce qu’on manque de membres, on va rapidement dans nos employés de nos autres casernes et des autres casernes en dehors de Paraxion. Ensuite, on va dans notre liste de rappel de l’ensemble du Québec. C’est comme ça qu’on est capable de pourvoir les heures. »
Cette façon de faire peut mettre un peu de pression sur les ambulances des centres urbains. « On sent, dans les grandes entreprises ou les entreprises qui sont dans des zones bien garnies, que les gens ont plus facilement des ruptures de services. Ils sont plus vulnérables qu’auparavant. Et ça, c’est l’effet global de la pénurie qu’on a », relate M. Toussaint.
Un deuxième élément a été instauré il y a un peu plus de deux ans pour diminuer les ruptures de services. Il s’agit du déploiement des surnuméraires. Ces derniers sont dépêchés dans les endroits où le manque de main-d’œuvre est le plus criant et où une absence ponctuelle d’un paramédic, pour cause de maladie par exemple, peut causer une découverture.
« Qu’il travaille ou qu’il ne travaille pas, on le paye. On est la seule entreprise au Québec qui fait ça. Ce n’est même pas prévu à l’intérieur de notre contrat. On veut donner les meilleurs services à la population, alors ce sont les solutions qu’on a trouvées pour éviter d’avoir le moins de ruptures de services », fait savoir Sébastien Toussaint.
Finalement, le président ne peut passer sous silence les efforts de recrutement de Paraxion qui donnent de bons résultats. « Quand on fait juste aller chercher des gens à l’extérieur pour combler les horaires, ça permet de livrer les heures de service et la qualité de service à la population, mais, ultimement, ce qui permet de vraiment donner un meilleur service, c’est d’avoir des employés sur place. »
Bourses d’attraction ou encore d’installation, bourses à des étudiants de deuxième et troisième années, interventions dans les polyvalentes, l’entreprise ne ménage pas les moyens pour arriver à combler ses postes réguliers.
D’ailleurs, Paraxion se dirige vers une année record en termes d’embauches cette année sur la Côte-Nord.
« On se croise les doigts. On a signé beaucoup de contrats d’embauche, mais les paramédics, tant qu’ils ne sont pas arrivés, ils peuvent changer leur fusil d’épaule et aller dans une autre région ou une autre entreprise. On va attendre de voir le résultat final au mois de juillet, mais on est très très content », se réjouit Sébastien Toussaint.
D’autres investissements
Le gouvernement du Québec a annoncé d’autres investissements dans les soins préhospitaliers d’urgence le 5 juin. Un total de 35,8 M$ sera investi pour bonifier la couverture ambulancière à travers les régions, déployer plus largement les services de premiers répondants et installer 450 défibrillateurs externes automatisés additionnels aux quatre coins du Québec.
Selon M. Toussaint, la conversion de l’horaire de faction des paramédics de la Côte-Nord en horaire à l’heure aurait été une mesure à fort impact. Mais, la Côte-Nord n’est pas concernée par cette annonce.
« Stratégiquement, de faire une conversion du côté de l’équipe de Forestville, ça serait probablement une zone qui serait prioritaire pour la Côte-Nord pour amener un gain de rapidité et diminuer les délais. Mais, ça ne fait pas partie de l’annonce », se désole le président.
Selon ce dernier, un élément majeur qui fait défaut au Québec concerne les cibles de délai-réponse pour les priorités très urgentes (arrêt cardiorespiratoire ou polytraumatisé, par exemple). « C’est ce qui fait en sorte que le gouvernement a de la misère à évaluer les endroits où on doit faire des conversions d’horaire et où on doit ajouter des ressources ambulancière », dit-il.