Mark Carney voit grand : un pays, une économie ! Voilà une perspective destinée à raviver la flamme de l’unité canadienne. Nos richesses et nos talents devraient être mis à contribution, partagés et pouvoir circuler librement sur tout le territoire. Surtout que le Canada est menacé d’annexion par un voisin imprévisible.
Non, le Canada ne deviendra pas le 51e état américain comme le souhaite Donald Trump. Le Canada n’est pas à vendre. C’est un pays souverain. Il est membre du Commonwealth et de plusieurs organisations mondiales. Il a même un roi. Sa Majesté Charles III a accepté l’invitation du premier ministre. Il est donc venu à Ottawa pour lire le discours du trône consistant à présenter le programme du gouvernement à l’ouverture de la nouvelle session parlementaire.
En fait, sa présence se voulait symbolique et destinée à rappeler à nos voisins que nous sommes un pays indépendant. Le message a été entendu, mais notre voisin continue de jouer les enfants terribles. Un fait à souligner, le roi et la reine ont reçu un véritable accueil royal de la part de la population, à l’exception des Bloquistes qui ont boudé la lecture du discours du trône. Ils sont passés à côté d’un événement historique. Parions que s’ils rougissaient à l’idée de saluer leurs majestés, ils n’auront aucun scrupule à encaisser leur journée de salaire.
Mais revenons au projet très ambitieux du premier ministre. Lever les barrières commerciales entre les provinces et les territoires du Canada ne sera pas simple. Comme simple citoyen, j’ai de la difficulté à imaginer tout ce que cela peut impliquer. Même au Québec, on se bat encore aujourd’hui pour protéger une forme d’emprise territoriale. C’est dans ma cour : restez chez vous ! Dans l’industrie de la construction, par exemple, on montre toujours les gros bras quand un travailleur d’une autre région cherche à venir remplir son assiette au beurre chez nous.
Qu’en sera-t-il si on parvient à abolir toutes les barrières d’une province à l’autre au Canada. Le plus bel exemple, c’est cette histoire de pipeline. Traversera-t-il le Canada d’un océan à l’autre ? Passera-t-il par le Québec ? Que feront les Premières Nations ? Mark Carney est clair : « Si une province ne veut pas, c’est impossible ». Pour rebâtir l’unité canadienne à travers la diversification de l’économie, il faudra des consensus. Il faudra sortir de nos ornières pour se doter d’une vision plus généreuse et nettement plus harmonieuse du pays que l’on veut bâtir.
La surenchère verbale cause également de nombreux torts. D’abord, elle emprisonne les gens dans une sorte de carcan dont ils ne peuvent s’évader que très difficilement. Pensons au divorce politique de Donald Trump et d’Elon Musk. Une diversion ou une réelle rupture ? Quoiqu’il en soit, toute cette chicane d’enfants turbulents et gâtés occupe l’avant-scène et masque les vrais problèmes auxquels nos voisins sont confrontés depuis le changement de pouvoir à Washington.
Chez nous, au Québec, l’enflure verbale est aussi devenue monnaie courante dans la bouche de celui qui aspire à former le prochain gouvernement. Paul St-Pierre Plamondon est allé trop loin en contestant la légitimité du gouvernement Legault. Certes, les tuiles s’abattent sur ce gouvernement depuis des lunes, mais cela n’affecte en rien sa légitimité. Il a été élu démocratiquement.
Le Québec est à la croisée des chemins en politique. Le Parti libéral du Québec veut redevenir un grand parti de pouvoir. Le PQ domine dans les sondages. Québec Solidaire se cherche un cochef. Éric Duhaime veut siéger à l’Assemblée nationale. La CAQ ambitionne un troisième mandat. En politique, il ne faut jamais rien prendre pour acquis. Le temps fait son œuvre.
Le plus bel exemple nous vient d’Ottawa où le Parti libéral agonisait. On croyait même qu’il serait relégué au rôle de deuxième ou troisième opposition. Mais voilà : Mark Carney est arrivé et il a démontré qu’un parti que l’on disait victime de l’usure du pouvoir peut renaître de ses cendres et proposer un nouveau défi à la population canadienne. Ce défi s’appelle l’unité du pays, A mari usque ad mare, à travers une vision politique et économique tournée vers l’avenir.