Innu Nikamu : l’histoire derrière les fameuses robes des pow-wow

Emilie Caron-Wart 3:53 PM - 3 août 2025
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Les danseuses du Pow Wow de Uashat mak Mani-utenam qui a eu lieu pour la première fois durant le festival, attirant une foule record.  Photo Emilie Caron-Wart

La confection des regalias se fait à la main avec des techniques traditionnelles et sont porteuses d’une histoire, d’une signification profonde. Laura Pinette-Audette a dansé au pow-wow de Innu Nikamu, samedi. Elle avait rêvé de sa belle robe bleue. 

Le centre communautaire Innuun-Meshkanau a offert un atelier de couture pour faire une regalia, qui a débuté à la fin juin. L’activité était sous la supervision de Jocelyne Jean-Pierre Bellefleur, une couturière autodidacte de la communauté de Uashat mak Mani-utenam. Parmi les participantes inscrites se trouvait Laura Pinette-Audette, qui voulait confectionner sa première regalia.

La femme de 37 ans avait déjà assisté à quelques pow-wow, où elle vendait son artisanat, mais samedi, dans le cadre de Innu Nikamu, c’était la première fois qu’elle participait en temps que danseuse Jingle Dress

Les Jingle Dress sont les danseuses avec les robes aux multiples clochettes. Mme Pinette-Audette a trouvé cette expérience « tellement libératrice ».

La regalia est ornée de rangées de petits cônes métalliques, qui produisent un son distinctif lorsque la danseuse se déplace, créant une musique qui accompagne chaque pas de danse.

Les clochettes sur une regalia. Photo Emilie Caron-Wart

Une longue réflexion

La réflexion qui précède la création de la regalia de Laura Pinette-Audette a été un long processus, qui lui a pris près de deux ans. Malgré sa présence à de nombreux pow-wow, elle ne se sentait prête à participer en tant que danseuse. Après un moment difficile, où elle est allée parler avec les services communautaires d’Innuun-Meshkanau, elle a vu que le centre offrait un atelier pour la création de regalia. Elle est allée discuter avec Jocelyne Jean-Pierre Bellefleur, qui s’occupait du projet.

« Je suis allée parler de mes craintes, car, dans une autre vie, j’étais consommatrice et je ne me sentais pas digne d’être une danseuse Jingle Dress », explique Laura Pinette-Audette.

Jocelyne Jean-Pierre Bellefleur l’a rassuré sur ses craintes.

« J’ai rêvé à ma robe d’un beau bleu brillant et j’y ai vu un signe pour passer à l’action », dit-elle. 

La création de sa robe lui a pris plus de 40 heures. Là-dessus, 20 heures ont été consacrées à la purification des clochettes par des prières, pour des personnes importantes pour elle.

Laura Pinette-Audette, lors de son premier pow-wow en tant que danseuse Jingle Dress. Photo Emilie Caron-Wart

« Je n’ai pas voulu payer quelqu’un pour faire ma regalia, car je voulais qu’elle fasse partie de ma guérison. C’est là que j’ai réalisé que chaque clochette est une larme. C’est le chemin de la sobriété qui m’amène à poursuivre ce chemin-là », dit Laure Pinette-Audette. »Hier, durant la grande entrée, il y a eu une petite pluie comme une bénédiction de la terre, tout est connecté, tout est là », poursuit-elle.

« Aujourd’hui, je vais aller danser sous la pluie, car c’est ça la vie, c’est difficile. Je le fais pour que ma culture continue à vivre. »

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