Droits de douane : Remabec tente une relance
La scierie Arbec à Port-Cartier. Photo archives, Vincent Rioux-Berrouard
D’ici quelques semaines, les droits de douane cumulés sur le bois d’œuvre devraient atteindre 34,94 %. Alors qu’une première scierie a annoncé une fermeture temporaire dans Lanaudière, Domtar maintiendra ses activités et Remabec tente une relance de ses opérations.
À l’arrêt depuis le début du mois de juin, des scieries du groupe Remabec redémarrent graduellement. À Port-Cartier, Remabec possède Arbec, dont sont 78 salariés sont touchés par un licenciement temporaire depuis juin. “On repart les opérations progressivement et on va voir la réaction du marché au cours des deux prochaines semaines”, note Pierre Cormier, co-président et chef des opérations. “On va voir qui va se ramasser avec la taxe”.
Autrement dit, il se demande si le marché et les consommateurs absorberont le surcoût lié à ces droits de douane ou si ce sont les producteurs de bois qui devront assumer une perte. “Si le marché ne le ramasse pas, c’est sûr que ça va affecter nos opérations”, souligne-t-il.
Pour l’instant, les scieries transforment du bois pour éviter les pertes, explique Pierre Cormier. “C’est du vieux bois que l’on doit passer avant de le perdre”, dit-il.
Pendant ce temps, Québec baisse ses redevances de 26 % et ajuste le prix des droits de coupe au marché chancelant.
Avec des taux d’intérêt qui demeurent élevés et un marché de la construction qui tourne au ralenti aux États-Unis, la demande pour le bois d’œuvre est faible, souligne Guillaume Julien, le directeur des affaires corporatives chez Domtar. “Avec les droits compensatoires et antidumping, le marché est encore plus difficile”, dit-il.
En ce moment, les droits compensatoires s’élèvent à 6,74 % et les droits antidumping à 20,56 %, pour arriver à un taux cumulé de 27,3 %. Selon les prévisions, les droits compensatoires augmenteront à 14,38 % au cours des prochaines semaines, et peut-être même dans les prochains jours, s’inquiète Guillaume Julien.
Domtar a l’avantage d’être une grande société intégrée, ce qui lui permet de tenir le coup et de passer à travers la tempête. “Il n’y aura pas d’impact sur nos opérations et on va continuer de fournir nos clients”, dit-il, avant d’ajouter que la situation est réévaluée chaque semaine.
N’empêche que le géant forestier demande au gouvernement canadien d’agir pour régler le litige avec les Américains. “S’ils n’arrivent pas à régler le problème, on demande que le gouvernement mette en place divers mécanismes comme il l’a fait pour l’industrie de l’acier”, note M. Julien.
Neuf milliards de dollars gelés à la frontière
À l’heure actuelle, près de neuf milliards de dollars sont gelés à la frontière à cause des différents droits de douanes et les industriels aimeraient pouvoir accéder à ces liquidités. Québec a mis sur place le programme FRONTIÈRE pour faciliter l’accès aux liquidité et Domtar voudrait qu’Ottawa lance un programme similaire.
Par exemple, il aimerait qu’Ottawa mette en place un programme qui permette d’accéder à une partie des fonds gelés à la frontière à cause du conflit.
Québec baisse ses redevances de 26 %
Pour prendre en compte la nouvelle réalité des droits cumulés, le gouvernement du Québec a abaissé ses redevances de 26 %. Ainsi, le prix moyen du bois par mètre cube passe de 14,99 dollars à 11,12 dollars.
Cette baisse sera rétroactive au 1er avril 2025, car la hausse des droits compensatoires sera également rétroactive.
“Un ajustement sera effectué dans le cadre de l’indexation trimestrielle des taux s’il advenait que le taux effectif soit différent du taux prévu”, précise le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.
Fait à noter, le prix des redevances exigées par Québec avait doublé entre 2018-2019 et 2022-2023, passant de 10 à plus de 20 dollars par mètre cube en moyenne.
“Ça donne de l’oxygène, mais le coût du bois rond livré à l’usine est encore plus cher au Québec qu’en Ontario, soit 13,50 dollars du mètre cube de plus”, remarque Pierre Cormier.
Ce dernier aimerait que Québec mette en place une structure d’affaire similaire à celle de l’Ontario avec une grille tarifaire plus simple et du financement pour les chemins forestiers.
“Le taux minimum est plus faible en Ontario et il monte plus vite quand le prix du bois monte, dit-il. Le prix devient même plus élevé qu’au Québec, mais il n’y a pas de problème à payer plus quand tu fais de l’argent.”